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Citations sur L'oiseau (21)

Clarinette ? J'ai répété ce mot que je n'avais jamais entendu ; c'était comme si une petite chaîne d'argent tintinnabulait quelque part au fond de ma gorge.
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Uil tressaute violemment. Il doit encore rêver qu'il vole. Son visage est tendu, ses lèvres serrées. Les mouvements rapides de ses yeux font frémir les minces paupières. Je soulève doucement son corps. Je voudrais bien voler moi aussi dans le ciel sombre de cette nuit. Je me déshabille et je me colle à lui pour entendre les battements de son coeur, sentir son haleine et le mouvement de ses intestins qui gargouillent dans le silence. Je suis rassurée. C'est bon de s'assoupir dans le calme et la nuit. J'entends un train. Une rumeur venant d'un lointain passé, en route pour un lointain avenir que je ne connais pas.
L'eau coule en venant de très loin. Elle est soyeuse et chaude. Elle recouvre mes chevilles, mes mollets, mes genoux. Elle monte en immergeant les sinistres murmures et les sanglots étouffés de l'autre côté du mur.
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Une personne qui marche solitaire sur un chemin désert a toujours l'air d'être plongée dans de profondes pensées. Elle semble toujours vouloir dissimuler un cœur qu'elle n'a pas envie de dévoiler aux autres.
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Vivre, c'est comme jouer à la dînette. Quand on s'est bien amusé après avoir étalé plein de trucs par terre, c'est bientôt le coucher du soleil. Alors, chacun laisse ses jouets et rentre chez soi. La vie, c'est exactement ça.
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Moi ce que je voulais, c'était devenir adulte le plus rapidement possible. Bien sûr les adultes que je voyais autour de moi avaient tous l'air de l'être devenus malgré eux, et pas particulièrement heureux du résultat ; bien sûr la vieille propriétaire et notre grand-mère maternelle allaient répétant qu'elles espéraient mourir vite pour quitter ce monde de misère ; mais malgré cela il m'arrivait d'avoir peur d'avoir onze ans toute ma vie.
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J'ai emmené Uil dans le grand immeuble pour prendre l'ascenseur. On a monté et descendu plusieurs fois les quatorze étages, mais il ne voulait pas s'en aller. Il a appuyé sur tous les boutons et a couru dans l'escalier pour faire la course avec l'ascenseur. Je craignais de tomber sur l'assistante sociale.
- Je me demandais pourquoi il mettait si long- temps à venir, mais c'était vous, les enfants! Vous n'êtes pas d'ici, hein ? Faut pas venir faire les quatre cents coups chez les autres ! Je me demandais toujours qui est-ce qui pissait, crachait et faisait des graffiti sur les murs, c'était vous ! Qu'est-ce qu'il faut vous faire pour que vous compreniez ? a grondé une dame très fâchée qui était montée au rez-de-chaussée.
En descendant au sixième, elle nous a toisés et nous a dit de déguerpir.
- J'ai envie de faire pipi, grande sœur.
Uil se contorsionnait en grimaçant.
- T'as qu'à pisser là.
À ces mots, il a baissé son pantalon et a uriné dans l'ascenseur.
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— Quand on n'a pas eu de bon parents, c'est fatal. On peut faire ce qu'on veut, on n'échappe pas à son destin.
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De petits oiseaux s'envolaient dans le ciel qui sombrait. Saisie par l'impression d'avoir oublié quelque chose, je me suis arrêtée, j'ai regardé le sol à mes pieds, puis mes mains vides que j'ai levées devant mon visage. Où ai-je mis la cage ? Où est l'oiseau ? ai-je dit à haute voix en regardant autour de moi. Je n'arrivais pas à me souvenir. Il faisait plus sombre à chaque pas. Mon père avait dit que si l'on suivait la voie ferrée, on pouvait aller n'importe où dans le monde. C'est par là qu'il avait dû partir. Le mari de madame Yônsuk aussi était parti par là en abandonnant sa femme.
"Uil, Umi !" J'ai cru entendre quelqu'un appeler et je me suis retournée. Un appel mêlé au bruissement des herbes sèches qui se caressaient dans le vent le long de la voie ferrée, au murmure de l'eau du ruisseau invisible dans la pénombre.
Madame Yônsuk disait que ce qui naît ici-bas ne disparaît jamais ; tout comme on voit maintenant la lumière d'une étoile qui déjà n'existe plus, tout ce qui a été laisse une empreinte qui se matérialise à nouveau, même longtemps après, devant qui attend.
Un jour, quelqu'un avait imaginé deux prénoms : Umi pour celle qui devait être la plus belle fille du cosmos, Uil pour celui qui serait l'homme le plus formidable du cosmos, et une voix les avait murmurés. Sans doute cet appel me disait-il toute l'espérance qui avait habité cette voix.
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Je faisais des dessins rouges et bleus sur le visage d'Uil endormi quand grand-mère, affolée, m'a donné un grand coup sur la tête :
- Espèce de garce ! Si tu dessines sur le visage de quelqu'un qui dort, pendant que son âme est sortie du corps, elle ne le reconnaît plus et elle erre pour toujours. Tu ne sais donc pas ça ?
C'est ce qui est arrivé à maman ? Elle est partie à la recherche de son âme errante ?
Le rêve, c'est le chemin, l'univers où l'âme vagabonde, disait grand-mère.
Lorsque maman était partie, notre père nous avait emmenés loin, chez notre grand-mère maternelle. Nous avions voyagé longtemps, en bus puis en train. Quand le train avait traversé le grand pont, l'eau bleue du fleuve avait jailli pour le poursuivre et le secouer.
Une fois chez grand-mère, notre père était reparti en nous laissant sur le seuil. Nous avons vécu longtemps dans cette maison avec elle.

(incipit)
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Quand la télévision marchait, on éteignait la lumière. Quand on mangeait en regardant la télévision, venait un moment où nos têtes se heurtaient et nos cuillers aussi. Cela voulait dire que nous avions fini tous le riz qui était dans la casserole.
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