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Dans ce court texte, L'oiseau, écrit par Jung-Hi Oh, autrice coréenne, la narratrice est Umi, une petite fille qui raconte son histoire, à commencer par la mort de la mère.
Nous sommes en Corée du Sud, au moment où le pays tente de se relever de ses blessures passées, un pays en pleine reconstruction. Umi a onze ans et son petit frère Uil, neuf ans. Privés de leur mère, ils sont ballotés ici et là dans la famille maternelle, tandis que le père travaille au loin sur des chantiers.
Un jour, le père daigne les récupérer. Il revient les chercher en compagnie d'une jeune femme qui se voit endosser un peu malgré elle le rôle de mère. Ils vont habiter dans l'appartement d'un grand immeuble. Sans doute une lueur d'espoir naît alors dans le coeur de ces deux petits : celui de faire partie enfin d'une vraie famille... Mais le bonheur est de courte durée. Sous les coups du père, la nouvelle compagne s'en va... Et le père doit repartir vers les chantiers au loin qui l'appellent...
Alors, voilà les deux enfants seuls, presque livrés à eux-mêmes, et notre toute jeune narratrice se retrouve investie du rôle de grande soeur, de mère, de maîtresse d'école auprès de son jeune frère...
C'est une histoire presque ordinaire dans la manière de la raconter, à travers la chronique douce-amère qui nous vient ici comme la mélancolie d'un chant triste.
Dans l'univers de cet immeuble qui évoque parfois l'ambiance d'un huis-clos, formant le voisinage misérable, nous découvrons quelques personnages insolites qui apportent leur fantaisie mais aussi leurs fragilités au décor sombre et triste des pages. Cette petite communauté ressemble à une société brisée, sans illusions...
La nuit, bien calé contre le mur, si l'on y colle l'oreille, parfois on entend des larmes venir du tréfonds des étages.
Et puis il y a cet oiseau en cage dans l'appartement de Monsieur Yi, le voisin veuf, et qui fascine la petite Umi... Dans la cage il y a un petit miroir pour tenir compagnie à l'oiseau seul, qui lui aussi tient compagnie à Monsieur Yi, désormais seul...
Parfois les rêves de la petite Umi font du bruit, font surgir de l'enchantement, des visions oniriques d'un monde qui n'est plus ou ne sera jamais... Les rêves, c'est l'univers où l'âme peut vagabonder, le seul endroit où elle peut enfin déployer ses ailes, comme un oiseau épris de liberté, découvrir un monde meilleur...
Parfois elle est légèrement inquiète quand elle se réveille aux premières lueurs du matin, mais le jour la happe alors dans son élan frénétique et tout devient différent... Car il faut survivre. Il n'y a pas de place alors pour la peur...
C'est le portrait d'un monde désenchanté, dépeint à hauteur d'enfant, l'image d'une enfance enfermée dans une dure réalité comme celle d'un oiseau en cage...
Sous les regards compatissants, tantôt aveugles, tantôt impuissants, d'un voisinage misérable, nous cheminons avec Umi qui grandit trop vite, qui a déjà compris comment survivre avec les autres, même si elle ne sait pas trop bien s'y prendre avec son petit frère qui fait les quatre cents coups...
L'écriture de ce texte est de toute beauté.
Le ton, le propos du récit m'ont fait penser à La Tombe des Lucioles, de Akiyuki Nosaka, qui nous laissait voir le destin douloureux de deux enfants dans les décombres du Japon dévasté par la seconde guerre mondiale. C'est une chronique intime qui évoque la résilience de deux enfants et dont la teneur donne une puissance universelle au texte.
Mais il m'a manqué cependant un soupçon d'émotion, quelque chose qui m'aurait chaviré pour être en totale empathie avec ces deux enfants, mais en voudrais-je à cette enfant, la narratrice, qui tient le monde à distance pour mieux se protéger du malheur en embuscade ?
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Beaucoup de poésie dans ce roman pourtant dur. La situation de Umi 11 ans et de son petit frère Uil 9 ans est extrêmement difficile et cruelle. Leur mère est morte, leur père absent. Ces 2 enfants sont ballottés chez les tantes puis sont menés à eux seuls, mais à aucun moment ce roman ne tire les larmes des yeux. La distance que met Umi à son histoire, leur histoire est telle que nous sommes nous aussi, lecteurs, prit dans cette mise à distance. Cela n'empêche cependant nullement pas d'être en empathie avec ces deux enfants.
On comprend que l'enfance a dû faire place à une maturité bien trop précoce, l'écriture est poétique et la façon dont l'auteur raconte cette histoire est inattendue. Paradoxalement, cette mise à distance m'a beaucoup touchée et c'est ce qui fait la force de ce roman. Je ne crois pas avoir déjà lu cet auteur mais je vais m'y intéresser de plus près. Ce roman a peu de critiques sur babelio mais cela ne reflète en rien sa qualité.
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Contrairement à Diablotino qui m'a conseillé ce roman je n'y ai pas été réceptive. Il est vrai que j'y ai trouvé de la poésie mêlée à une réalité très crue et violente. Cependant l'histoire de ces deux enfants, abandonnés à leur triste sort après avoir perdu leur mère et été témoins de la violence de leur père sur sa nouvelle femme, est désespérante. L'émotion n'est jamais exprimée mais j'ai ressenti une Chape de plomb tout au long de ma lecture. D'un certain point de vue j'ai pensé au Tombeau des lucioles d'A. Nosaka par son réalisme,sa noirceur et la répétition de drames. La solitude du frère et de la soeur pour affronter un monde hostile est aussi un point commun. Pourtant, dans ce roman la maturité prématurée de la petite fille se traduit par de la dureté, par la construction d'une carapace qui empêche toute tendresse contrairement à la relation hyper émouvante des deux enfants de Nosaka. Avec l'oiseau il n'y a aucun rayon de lumière même fugitif,l'envol est impossible !
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La narratrice, Umi, est une fille de onze ans dont la mère est morte. Elle et son petit frère de neuf ans, Uil, sont d'abord hébergés pendant quelques temps dans la famille ascendante de leur mère. Puis leur père, Pak Mansik, qui n'a manifestement guère le temps et l'attention pour ses enfants, trouve un logement d'un confort pour le moins très limité. Très vite, il ramène à la maison une jeune femme, qu'il a rachetée au pavé. La belle s'ennuie, est d'humeur lunatique, parfois gentille et rieuse, plus souvent geignarde et ne voulant pas endosser un rôle de maman de substitution. A la suite de la pendaison de crémaillère arrosée, le voisin Monsieur Yi, un veuf, devine son premier « métier » et fait des allusions devant Pak…qui va dans la nuit battre sa partenaire. Les enfants, réveillés et témoins, ne sont guère surpris. La belle finira par partir. Dès lors, le père travaille au loin sur des chantiers de construction ne reviendra qu'épisodiquement, et les enfants sont de plus en plus livrés à eux-mêmes avec pour seules compagnies la télé et ses dessins animés et un voisinage assez âgé plus ou moins cassé par la vie (il y a ce Monsieur Yi, un veuf qui vit avec une femelle oiseau veuve comme il dit, des homosexuelles, un criminel, un médecin aveugle…). Umi va devoir prendre la responsabilité de sa vie et protéger son frère. Elle le fait avec courage, mais le ras-le-bol surgit de plus en plus fréquemment. Son frère, qui est un peu déficient mentalement, lui tape souvent sur le système, il sèche l'école, fugue, fait des bêtises avec un groupe de son âge. Elle s'entend réutiliser les expressions d'agacement de cette pseudo-mère éphémère. Quand une assistante sociale lui est désignée, elle s'arrange pour la mener en bateau, ne pas l'introduire dans le logement. Elle commence à battre son frère. Quand le père revient, il est aviné, et se met à tripoter sa fille. Un jour, Uil est mordu par la chienne du médecin. Les enfants ont faim...Elle va exiger de manger la chienne, qui attend pourtant des petits. Uil ne rêve que de s'envoler, son état se détériore, il délire, parle tout seul, tout le temps, et nous livre leur terrible passé, avec ce père indigne, un homme violent qui battait déjà leur mère…Dans le voisinage, les situations se dénouent aussi, pendant que l'oiseau de Monsieur Yi s'exprime de plus en plus, comme s'il voulait parler à tous ces gens…Peut-être pour exprimer cette détresse collective ?

Ce livre court, 130 pages d'assez gros caractères, nous raconte le drame de ces enfants victimes des violences conjugales, qui subissent et se trouvent prédisposés à reproduire implacablement les mêmes travers. C'est aussi le drame de la discrimination, du déclassement, de la perte individuelle et collective des repères. Ce texte se lit d'un seul jet. La qualité et la fluidité du style nous entraînent vers un tourbillon, un abîme de noirceur. L'auteur ne joue pas la carte du pathos, pas d'atermoiements, que du factuel, le déroulé implacable des jours sans avenir. Une oeuvre triste, déchirante, et encore une belle découverte de cette littérature coréenne, assez (positivement) exigeante je trouve, qui perce peu à peu en France.
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La maman d'Uil et d'Umi est donc partie (morte ?) et les deux enfants sont ballotés d'un foyer à un autre, tantôt chez une grand-mère, tantôt chez un oncle. Leur père travaille au loin sur des chantiers de construction. Mais comment grandir sans figure maternelle ? Sans la chaleur d'une famille ?

Sans être maltraités, les enfants semblent être un poids pour ceux chez qui ils passent. Ils n'ont pas de foyer à eux et leurs affaires tiennent dans un sac. Et puis, un jour, leur père est venu les chercher sans prévenir. Ils partent dans la nuit. Un logement les attend : un petit appartement de location dans une cour. le lendemain, le père revient avec une femme. « C'est votre nouvelle mère. Appelez-là maman. » Selon lui, il vont enfin « être une famille et vivre heureux. » La femme, coquette, se plaint de la misère des lieux. On comprendra qu'elle sort d'un bordel, racheté par le père des enfants. Elle finira par partir, sans rien dire. le père qui rentrait le week-end ne rentre plus désormais. Abandonnés, les deux enfants sont dès lors livrés à eux-même.

Umi, du haut de ses 11 ans, nous raconte sa vie, son quotidien en compagnie de son petit frère de 9 ans, Uil. Leur univers se concentre autour de la vie de la cour et des voisins. Les appartements sont proches, imbriqués et la vie se fait en collectivité. Les logements n'ont pas l'eau courante et on se lave au robinet de la cour. On s'entraide, on cancane, on s'enferme. La galerie de personnages est pittoresque. Il y a ce couple dont on ne sait si le mari est un vraiment un homme. Il y a cet homme discret dont on ne sait que peu de choses. Plus loin, c'est une femme qui reste immobile depuis une chute depuis un toi. Il y a Monsieur Yi et ses exercices d'haltères. Et puis, surtout il y a son bel oiseau, enfermé dans une cage qui prend l'air chaque jour. Les deux enfants s'occupent. Umi joue parfois la mère pour Uil qui se blesse souvent dans ses pitreries. C'est que le petit garçon croit dur comme fer qu'il peut voler. Quand ils ne sont pas à l'école, ils regardent la télévision. Ils vont à la bédéthèque, se promènent dans les environs. le père ne revient toujours pas. le voisinage est compatissant à leur égard, une « mère-consultante » (assistante sociale) est dépêchée mais Umi continue de lui échapper, tandis que leur vie se dégrade.

Portrait poignant d'une enfance brisée, L'oiseau nous parle de l'intérieur de cet abandon parental. Sans comprendre, sans juger les actes de ces derniers, les deux enfants tentent de continuer à survivre. Affleure pourtant inconsciemment la question du pourquoi qui, malgré eux, les empêchent d'avancer. Tristesse et fatalisme fissure leur monde de l'enfance. Une enfance qui n'est plus mais une maturité qui tarde à venir.

Tel un oiseau dans sa cage, Umi et Uil ne peuvent s'envoler. Enfermés dans leur monde enfantin sans en posséder la clé, ils ne peuvent profiter de la naïveté de leur âge. Et peut-on devenir adulte prématurément lorsque l'on a pas eu d'enfance ? le monde des grands est-il si enviable ? Avec une poésie certaine, ce texte à la fois léger et lourd se révèle une critique acerbe du monde adulte, oscillant entre violence et déshumanisation.
Ce court roman déploie dans une prose sobre mais malgré tout vibrante toute l'âpreté d'une enfance à la dérive.
Un très beau roman, à n'en pas douter.
Lien : http://grenieralivres.fr/201..
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Umi, 11 ans, raconte...elle vit avec son petit frère Uil dont elle assume la responsabilité car sa maman est décédée et son père a quitté le domicile familial. Cette petite maman-soeur improvisée doit faire face, sans moyen financier, à la vie, à l'école, à l'éducation et à la violence. Ce livre dénonce avec plein de finesse le quotidien de cette fillette qui tente tant bien que mal de préserver une cellule familiale. Tout est entouré de mystères, le lecteur devine les événements au travers des rêves d'Umi. Un livre magnifique, tout en poésie sur le dureté de la vie dans certaines familles. Amateur de drames familiaux, ce livre est pour vous!
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Ce roman coréen raconte la violence d'une soeur sur son frère, après que sa mère est morte et son père parti. Elle va reproduire la violence qu'elle a elle même vécue et il vont vivre leur destin dans ce petit appartement urbain.
Ce petit roman, mon premier coréen, se lit bien, on entre dans cet univers un peu glauque et morbide mais qui est portant plein de vie. On s'attache à ces enfants, on essaye de les comprendre et on les suit tant bien que mal.
Un roman triste mais passionnant.
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Je n'avais jamais lu d'oeuvre de cet auteur coréen à succes et traduit dans beaucoup de langues. Même si ce n'est pas autobiographique, on sent une enfance meurtrie, faite de souffrance et de misère. Les mots sont cinglant, sans superflu inutile, l'atmosphère est lourde et pesante. La pauvreté et le désespoir de cette famille est touchant et surtout le "dérapage" de cette petite fille, une enfant déjà devenue grande avant l'heure... la fin est un peu bizarre, je ne suis pas certaine d'ailleurs de l'avoir comprise... j'ai bien aimé cependant ce récit.

Lien : http://bourgeoiseblog.canalb..
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Depuis que leur mère est partie, il y a longtemps déjà, Umi, onze ans, et son plus jeune frère Uil sont trimballés d'un foyer à l'autre. D'abord accueillis par leur grand-mère maternelle, ils ont ensuite été successivement hébergés chez deux de leurs oncles à la mort de celle-ci. Mais un jour leur père, qu'ils ne voyaient qu'à l'occasion de rares retours des chantiers lointains où il travaillait plusieurs mois durant, vient les chercher, ayant gagné suffisamment d'argent lors de sa dernière mission pour s'installer avec eux. Il amène par ailleurs dans leur nouveau foyer une femme, censée faire office de maman.
Les deux enfants ont jusqu'alors grandi sans affection, entourés d'adultes qui n'ont cessé de les considérer comme des indésirables, leur reprochant incessamment leur simple présence. Umi et Uil ont par la force des choses appris à être indépendants, chacun à sa manière, l'aînée en faisant preuve d'une maturité précoce et d'une attitude protectrice envers son frère, ce dernier, contemplatif et rêveur, ayant plutôt tendance à se réfugier dans des fantasmagories enfantines.

Et leur nouvelle maison n'est pas vraiment un havre de paix ou un foyer aimant. Les relations entre leur père et sa petite amie sont tendues, ainsi que le devine intuitivement Umi face au rire à répétition et aux reproches amers et sarcastiques de la femme, ou au regard fiévreux et hébété de son père, qui tantôt se montre prodigue et fanfaronne sur sa prochaine richesse, tantôt laisse éclater une violence habituellement latente.

Les enfants trouvent des motifs de distraction auprès des voisins qui les entourent, occupants de la maison divisée en appartements où leur père a élu domicile, parmi lesquels l'aimable fille de la propriétaire, constamment au lit car paralysée, dont l'allure efféminée du mari musicien suscite les commentaires moqueurs des voisins, le couple Mun qui travaille dans une fabrique de biscuits, Chông représentant de commerce, et surtout M. Yi le camionneur et son oiseau en cage qui fascine Uil.

Et puis un jour, les enfants se retrouvent seuls, livrés à eux-mêmes dans un appartement qui devient de plus en plus insalubre, survivant -à peine- grâce à la débrouillardise d'Umi, aguerrie à la cruauté d'un monde où ils n'ont pas vraiment de place.

C'est la voix de cette dernière qui porte le récit, et c'est ce qui donne au roman sa force, en installant une tension dramatique croissante, faisant du lecteur le témoin atterré de la manière dont la fillette, pour surmonter ses peurs d'enfant et assurer un quotidien précaire, s'endurcit, plonge peu à peu dans une brutalité que lui inspirent les adultes qui l'entourent, tapant, insultant ce frère qu'elle se désespère en même temps de voir dépérir à vue d'oeil et se laisser entraîner dans des jeux toxiques par des enfants plus grands.

"L'oiseau" est un texte âpre et triste, à la fois beau et tragique, sur la perte trop précoce de l'innocence et de ses rêves d'enfant, mais aussi sur l'amour fraternel et sur ces instants de grâce au cours desquels l'imaginaire enfantin, même fugacement, parvient à percer de sa lueur l'épaisseur des pires ténèbres.


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