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Citations sur Charles Dickens (20)

Aujourd’hui encore, Oliver Twist demeure le roman le plus connu et le plus lu de Dickens, illustré par de nombreux films, dessins animés, bandes dessinées, albums et versions abrégées pour la jeunesse. À certains égards, cette popularité est presque regrettable car elle éclipse, hors du monde anglo-saxon en tout cas, le reste de son œuvre. Or, le livre n'a ni le génie comique de Pickwick, ni la finesse psychologique de Copperfield ou des Grandes espérances, ni la profondeur des grands romans sociaux tels que La Maison d'Âpre-Vent ou La Petite Dorrit ; et le fait que son héros soit un petit garçon entretient le poncif selon lequel Dickens serait un écrivain "pour la jeunesse". Mais, pour la première fois, un auteur "sérieux" donnait à voir les aspects les plus crus et les plus sordides de la vie des classes défavorisées, jusque-là cantonnés aux pages des journaux à sensation[.]

Le premier Victorien
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En 1834, lord Melbourne venait de mener à bien une réforme profonde du système de l’assistance aux pauvres. Chaque municipalité avait désormais l'obligation de créer un hospice (workhouse), dans lequel les indigents, pour bénéficier de l'aide publique devaient résider. En vertu d'u principe hérité de Jeremy Bentham, le philosophe utilitariste, les conditions de vie désastreuses à l'intérieur des workhouses - famine organisée, travail obligatoire et harassant, hygiène déplorable, séparation des couples et des familles - étaient censées inciter les "bénéficiaires" à renoncer à leurs droits à l’assistance et à chercher du travail au-dehors...
Hélas, l'industrialisation sauvage n'était pas synonyme de plein emploi, loin s'en faut, et, dans la plupart des cs, les pauvres n'avaient d'autre choix que de finir leurs jours entre les murs des workhouses, décimés par la faim, les maladies et le désespoir.
Chose difficile à comprendre aujourd'hui - et véritable crève-cœur pour Dickens, homme "de gauche" -, cette loi aux conséquences sinistres avait été imaginée par les Whigs, les libéraux au pouvoir, des "philanthropes" disciples de Bentham pour la plupart... Progressistes e un ses, puisque militant pour l'élargissement du corps électoral et la création des syndicats, les benthamistes mettaient aussi en œuvre dans les workhouses un système inhumain de confinement et de surveillance. Avec Oliver Twist, Dickens jette donc un pavé dans la mare de sa propre famille politique. Plus que jamais, il est ce "radical sentimental" qui fait passer le souci de la souffrance individuelle avant les grandes théories générales, la charité et la sympathie instinctive avant la rationalisation des problèmes sociaux.

Le premier Victorien
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Par ailleurs, il faut noter que Chuzzlewit et Un chant de Noël traitent de l'argent au moment précis où Dickens connaît ses premières difficultés financières depuis le début de Pickwick. Ces aléas seraient bénins pour tout autre homme ; mais pour lui qui a souffert de la pauvreté, de la honte réservés aux débiteurs, ils sont tout bonnement insupportables... d'autant que John Dickens choisit ce moment précis pour refaire surface et exiger son retour à Londres. Le chantre de la famille régénérée autour de la traditionnelle dinde de Noël qualifie alors ses propres parents de "pétitionnaires avides de sang" ! Et le créateur du parricide Jonas Chuzzlewit confie à Thomas Mitton, son ami et homme de loi qui tente tant bien que mal de "gérer" en son nom l'ingérable John Dickens : "Je crois vraiment que je vais m'effondrer un de ces jours. Car rien de comparable à l'ombre atroce que mon fichu père étend sur mon visage, rien de tel n'a jamais existé en dehors d'un cauchemar..."

Fantômes
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Si l’écriture permet à Charles de surmonter le deuil de Mary, ses longues randonnées à pied à cheval lui sont indispensables pour évacuer la tension de l’activité créatrice, le trop-plein de son énergie prodigieuse.
« Energie » est le mot qui définit Dickens. Il mène de front deux romans, plus son travail de rédacteur en chef, auquel il faut ajouter des besognes de commande : pièces de théâtre, une biographie.
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Pour L'Ami commun, il renoue avec le format des vingt livraisons mensuelles et plante pour la dernière fois son décor à Londres. Sa vision de la ville a bien changé depuis Pickwick, et même depuis Copperfield. L'activité inlassable dont les économistes s’enorgueillissent, modèle d'un monde moderne où industrie et capitalisme triomphent de toutes parts, s'y voit résumée à deux formes de "récupération" : celle des cadavres qui flottent sur la Tamise, et celle des détritus.

"Le rêve que nous rêvons tous"
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Mais le meilleur dérivatif à ses angoisses, son principal recours contre les spectres coalisés de l'inaction et du trop-plein d'énergie reste le travail. À peine Pickwick terminé, tandis qu'Oliver Twist n'a pas encore vécu la moité de ses aventures, il s'est déjà investi dans le projet d'un troisième roman, qu'en bonne logique il aurait dû réserver à Bentley, mais qu'il destine pourtant à Chapman et Hall. Un nouveau scandale, celui des "écoles du Yorkshire", défraie la chronique : il s'agit d’institutions louches où des enfants indésirables - issus de familles aisées pour la plupart - sont placés, pour ne pas dire incarcérés, et où l'on pratique plus fréquemment les châtiments corporels que la grammaire latine. Dès janvier 1838, Dickens s'est rendu sur les lieux avec le dessinateur Hablot Browne, le fidèle "Phiz", préféré à Cruikshank en l’occurrence. La manière dont Dickens organise et mène l'expédition rappelle son ancienne profession de journaliste. Installé dans une auberge des environs de Bowes, où se situe la plus tristement célèbre de ces "écoles", il adopte un faux nom - Hablot Browne... - pour enquêter incognito et recueille de nombreux témoignages tandis que le vrai Browne accumule les esquisses.

Un bourreau de travail
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Trahi par sa famille, brimé par la société, frustré par la politique et blessé par la femme qu'il aime, il va se tourner avec une ferveur, une rage croissante, vers le seul expédient qui lui permettra de conjurer cette perte : la littérature.
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Toute sa vie, Dickens gardera secrets ces épisodes de la fabrique de cirage et de la prison pour dettes. Si nous pouvons aujourd’hui les reconstituer, c’est en 1846, sans doute bouleversé par le travail nécessaire de mémoire à l’élaboration de David Copperfield, il envoya à son ami et biographe John Forster un fragment autobiographique. Il est plus que probable que « sa femme et ses enfants bien-aimés » n’aient appris la vérité qu’en 1872, après sa mort, quand parut le livre de Forster.
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Le sentiment ambivalent que Dickens éprouva pour Londres constitue l’une des pierres angulaires de son œuvre : d’un côté, il y voyait un lieu de perdition, de déréliction où toutes les misères humaines s’étalaient au grand jour, et il ne cessait de magnifier, par contraste, les vertus morales et le charme de la campagne. Mais de l’autre, il se rendait bien compte ― surtout quand il s’en éloignait ― que l’agitation parfois malsaine de la mégalopole, sa fièvre, son grouillement, ses bruits et ses fureurs lui étaient indispensable pour écrire.
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Pour la première fois, un auteur « sérieux » donnait à voir les aspects les plus crus et les plus sordides de la vie des classes défavorisées, jusque-là cantonnés aux pages des journaux à sensation : il campait avec courage une prostituée au grand cœur, Nancy, et Bill Sikes, un assassin abruti par l’alcool et par la misère. Il mettait en scène clairement, quoique de manière pudique, le meurtre de l’une par l’autre. Ces éléments mélodramatiques, qui peuvent irriter le lecteur d’aujourd’hui, subjuguèrent ceux de l’époque en mettant le doigt sur les plaies les plus infectées du corps social britannique.
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