![]() |
J'aime assez découvrir une littérature de genre un peu transversale, soit oubliée soit peu mise en valeur, grâce aux éditions de L'Arbre vengeur. Passés les anciens mais magnifiques que sont Quinzinzinzili ou L'oeil du Purgatoire, ce coup-ci c'est un roman de Jean-Pierre Ohl datant de 2012 qui m'est arrivé entre les mains et je n'en suis pas déçu du tout. Redrum nous place dans un décor foncièrement écossais : à la suite de Stephen Gray, nous débarquons sur une île à l'occasion d'un colloque scientifique sur l'oeuvre cinéphile de Stanley Kubrick, dont il est un des spécialistes. On imagine déjà très bien l'ambiance avec cette arrivée pittoresque sur une bande de terre perdue sur la côte ouest des Highlands, décor qui sert le propos du début à la fin. le propriétaire des lieux et organisateur du colloque, Onésimos Némos, semble être un personnage fantasque qui s'est bâti une fortune sur un procédé révolutionnaire, la Sauvegarde. C'est un procédé étrange, un peu flou à justifier, mais extrêmement pratique, car il permet tout simplement de sauvegarder l'esprit d'une personne à un moment donné de sa vie afin de pouvoir la revisiter à un moment ultérieur. On comprend vite combien Redrum est un roman dickien. La réflexion sur la véritable réalité est très prégnante, car le héros fait ce voyage en parallèle d'un retour sur les lieux de son enfance. le choc est rude pour lui au fur et à mesure qu'il découvre ou redécouvre des événements qu'il pensait acquis. Tout cela est d'autant plus immersif que les références culturelles pullulent, nous plongeant bizarrement dans un roman qui frôle parfois le méta. Un lien avec l'Ubik de Philip K. Dick peut être décelé par le fonctionnement même de la Sauvegarde, puisque discuter avec les morts posent forcément des questions éthiques et des détournements possibles. À mi-chemin entre la science-fiction tout juste anticipatrice et le fantastique qui met très mal à l'aise, Redrum est une bonne surprise de lecture, car même s'il ne paye pas de mine, ce roman vaut le coup. + Lire la suite |