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Critique de brigittelascombe


Mourir de dire la honte, titre Boris Cyrulnik.
Anna, l'héroïne de Sofi Oksannen(auteur finnoise qui a reçu le prix Fémina 2010 pour Purge), se meurt de ne rien dire.Elle est anorexique. Enfin, elle se plie aux contraintes ("Bien sûr je vais finir l'assiette maman") puis se fait vomir.Inexorablement.
"Tralalalalala"
"Padapampampa"
Toute puissance infantile.Besoin de tout maitriser.
Souffrances infligées au corps (qui évoquent le pavillon des enfants fous de Valérie Valère), qui vont crescendo au moment de la puberté et de l'émergence de la sexualité. Controle permanent des calories de celle qui a "été bonne à ça tout de suite", de celle qui "a les premiers seins de l'école" et n'est en rien fautive de sa soumission à Oskari et sa bande, de celle dont la honte inavouable devient peu à peu "inachevée,difforme,rachitique,quelque chose d'insaisissable" même.
Absence du père, dont les "yeux tournés vers la fenêtre" fuient lors des rares mises en présence.
Une grand-mère lointaine qui la gave.
Une meilleure amie Irène qui ne trahit pas et controle aussi ses calories.
Des petits amis de passage.
Et surtout une mère.Prèsente.Omniprésente.
Rapport ambivalent à la mère,même rationnement que l'Estonienne qui garde secret son passé,rejet aussi "Pourquoi les Estoniennes sont-elles toutes des putes?Est-ce que c'est dans leurss gènes?" de cette femme angoissée qui cache son ascendance et veut que sa fille soit Finlandaise,point.
Sofi Oskannen alterne les passages qui évoquent le passé de Katariina,qui quitte l'Estonie,devient conductrice de travaux, rencontre le Finlandais, apprend le Finnois,est enceinte, a honte de ses origines et a peur que son propre père condamné (l'Union Soviétique protège ses citoyens), elle ne puisse se marier et les passages de l'amaigrissement inexorable d'Anna.
Sur fond historique véridique (avec remontée comme psychanalytique des déportations antérieures), ce roman parle de la faille creusée par les silences de l'autre vécu comme persécuteur.
C'est la mère tue et rejetée, sa propre partie Estonienne perçue mauvaise, qu'Anna vomit. Un portrait psychologique fort, un état schizoïde fort bien rendu par l'emploi du je et du elle(Anna) et de la double écriture Anna et Katariina.
C'est fort et ..fort vrai, on dirait du vécu!
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