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Citations sur Manifeste hédoniste (10)

Les hommes ignorent leur place dans l’univers. S’ils la connaissaient, ils prendraient mesure de la démesure du cosmos et de l’insignifiance de leur existence. Nous faisons un événement considérable de notre vie qui importe aussi peu que l’être d’une feuille dans un arbre. Les glissements de l’éphémère sur le miroir d’une mare d’eau croupie résument le destin de chacun qui se croit monde à lui tout seul
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L'autorisation est très importante. J'ai commencé à prendre du plaisir au piano quand je me suis donné l'autorisation de créer. Je dois à mes parents de considérer que dans la vie, en général, "j'ai le droit". J'ai un sens moral très développé, je sais ce qui est bien et qui est mal et, à condition que ce ne soit pas d'aller casser la gueule à mon voisin, je me sens autorisée à faire ce que je veux. Alors, quand j'arrive devant ma prof de piano, pose ma partition et lui dis "voilà ce que j'ai écrit cette semaine", elle ne me dit pas que je n'en ai pas le droit - ce qu'aurait peut-être fait la vieille demoiselle qui a été ma première prof. J'ai le droit d'écrire du faux Chopin et, comme c'est un droit que je prends, je n'en tire que du bénéfice. Et j'ai en face de moi quelqu'un qui ne me dit pas non. De ce point de vue, je suis moi-même assez pousse-au-crime. Chaque fois que l'on me demande mon avis, après les concerts ou au hasard des rencontres, je dis toujours la même chose : allez-y, écrivez, faites de la musique, personne ne peut vous en empêcher ! On ne devrait pas enseigner l'art à l'école, mais pousser les enfants vers la pratique : voici des pinceaux, voici un piano, voici des crayons, voici du papier, essaye !"
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L'érotisme est à la sexualité ce que la gastronomie est à la nourriture : un supplément d'âme.
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Avec un socialisme libertaire actionné selon la mécanique des résistances concrètes, on voit alors le féminisme sur le papier, l'antiraciste sous les calicots, l'écologistes des banderoles, l'antifasciste au mégaphone, le révolutionnaire au slogan, tenus d'être féministes dans leurs relations amoureuses, antiracistes au quotidien, écologistes dans leurs habitudes, leurs comportements, leurs faits et gestes, antifascistes dans leurs relations intersubjectives - avec leurs enfants, leurs proches, leurs familles, leurs voisins de table, de transport en commun, leurs congénères dans la rue et toute autre situation concrète.

Michel Onfray Manifeste hédoniste (Edit. J'ai lu ; p63)
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La philosophie hédoniste est une proposition psychologique, psychagogique, éthique, érotique, esthétique, bioéthique, politique… Elle propose de la même façon qu’Epicure et les épicuriens, mais également et surtout de Lucrèce, un discours sur la nature des choses afin que tout un chacun puisse trouver sa place dans une nature, un monde, un cosmos dans la perspective d’une vie réussie – la vie réussie se définissant comme celle qu’on aimerait revivre s’il nous était possible d’en vivre une à nouveau. Sachant cela, voulons ici et maintenant ce que nous voudrions voir se répéter dans l’hypothèse d’un éternel retour.

Nous sommes un matériau brut qui doit être informé. Ce que nous sommes, nous le devenons. Si nous ne devenons rien, nous ne serons rien, sinon un fragment aveugle de la nécessité du cosmos. L’éthique est une affaire de sculpture de soi.
L’impératif catégorique de l’éthique hédoniste a été justement formulé par Chamfort dans un aphorisme définitif : « Jouis et fais jouir, sans faire de mal ni à toi ni à personne, voilà toute morale ».

Portrait de Michel Onfray par son ami Jean-Paul ENTHOVEN :
« Mon antipode »

6- Michel me fait penser à un étang inscrit depuis toujours dans son paysage. Me voit-il comme un estuaire où convergent des fleuves sans mémoire ? Je change souvent d’opinion. Les siennes sont immuables. Ces deux énergies, une fois mises en présence, auraient pu provoquer des courts-circuits. On aurait même pu trouver, dans leur antagonisme esthétique ou moral, la matrice d’innombrables combats mortels. Mais rien n’advint entre nous. Serait-ce parce que chacun, en la circonstance, eut toujours la nostalgie de ce qui constituait l’autre ?

8- Le plus singulier : cet hédoniste vit comme un moine. Cet athée a le goût de l’absolu. Ce matérialiste argumenté croit à l’idéal. Ce non-freudien est souvent dupé par ses propres actes manqués. Ce nietzschéen est compatissant. Cet anti-platonicien chérit sa caverne. Ce théoricien de l’érotique libertine voue un véritable culte à la fidélité amoureuse. Ce gastrosophe est janséniste. A croire que, chez Michel, chaque certitude se ménage une réserve de certitudes inverses. Cette disposition mentale a-t-elle facilité, entre lui et moi, l’alliance de ce que nous sommes ? Tout l’indique.

10- Ce que je redoute chez lui : son intransigeance ; sa raideur quand il est malheureux ; son obstination à douter de l’amour qu’on lui porte ; son affinité avec la solitude ; son antipathie pour les romans ; le peu d’égards qu’il témoigne à sa santé ; son refus, trop fréquent, de faire la part des choses et des petitesses humaines.

11- Ce que j’aime en lui : sa sensibilité de fleur-bleue ; son étonnement quand il s’avise qu’on l’admire ; sa volonté de vérité ; sa puissance de travail ; son talent d’écrivain ; sa gratitude sans faille pour qui, ne fût-ce qu’une seule fois, l’a aidé à traverser une épreuve.

12- Michel écrit beaucoup. Sans cesse. Un seul long distance flight lui suffit pour bâtir un manuscrit solide. Il peut concevoir une histoire de l’Antiquité en un week-end ; Rédiger douze articles et trois conférences dans le Paris-Argentan. Cette frénésie, toujours renouvelée, m’intrigue et m’inquiète : devrais-je l’indexer sur le pressentiment d’une malédiction ? Sur cet infarctus qui, lui rendant une visite trop précoce, l’a convaincu qu’il n’y avait pas de temps à perdre ? Serait-ce, une fois encore, le syndrome Mozart-Radiguet – tout accomplir, sans tarder, puisque la mort guette – qui hante mon ami ? Je rêve d’un jour où ce forçat n’entreprendra rien. Où il se contentera de flâner au fil d’heures vides. Où il apprendra à regarder le monde tel qu’il est, imparfait et beau, en négligeant la forge dans laquelle il veut l’améliorer. Ce jour-là, Michel sera réconcilié avec lui-même. Avec sa mère. Avec Paris. Avec la vie. Mais sera-t-il encore celui qu’il est ?


Ingrid ASTIER (spécialiste de Cioran) : « Jamais sans mon corps. Eloge de l’appétit »

La lecture de Michel Onfray m’a toujours confortée dans cette assise du corps. Je crois au corps, à son langage franc, par le biais du désir et des pulsions. Le sensualisme a sa rectitude.
Face aux sables mouvants de la vérité, à la statuaire pompeuse des illusions, le corps veut, le corps réclame, le corps exige. Il décrète le souverain bon. Bien souvent, le corps précède le langage et sa formulation. Que l’on songe aux joues empourprées qui annoncent l’aveu ou au tombé des paupières – rien de plus franc que le sommeil. Toutefois, il importe de distinguer plaisir et bonheur : l’art de vivre ne rejoint pas toujours celui d’être heureux. Ils peuvent se confondre par accident, non par essence.

Sans culture des sens, sans esthétisation du plaisir, nul hédonisme. Notre époque n’est pas sans spectre : l’hédonisme combat le rachitisme des sentiments, l’avarice des gestes et l’étiolement des appétits. Encouragée par la peur, rôde la tendance des plaisirs minuscules. Contre le rationnement du plaisir et le désir pusillanime, l’hédonisme encourage l’expansion, le baroque, l’exigence et l’audace. Dans cette écoute de soi, des autres et du monde, on est loin de l’élitisme. Et si l’hédonisme tournait autour de cet axe majeur, familier de l’éthique : le respect ? Car il y a urgence à faire usage de son corps. L’hédonisme serait caduc sans la conception que sur cette terre, seule la mort est certaine.
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Si les églises se sont vidées, les esprits restent pleins de l'enseignement chrétien : dépréciation des corps, des sensations, des émotions, de la chair, des passions, des pulsions, des femmes, du plaisir, de la jubilation, surestimation de l'ascétisme, du dolorisme, du renoncement, d'où misogynie et phallocratie...
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Car Dieu existe, certes, mais comme une fiction, un personnage de roman, une créature utile au déni séculaire de la mort, une béquille nécessaire à la gestion du néant qui nous attend.
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L'art sert trop de signature sociale, il crée des tribus désireuses de distinction sociale et de séparation d'avec le grand public.
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Cette éthique théorique suppose donc une morale pratique dont les vertus sont simples : vertueux ce qui augmente un plaisir et diminue une souffrance ; vicieux ce qui augmente les souffrances, les entretient ou ne lutte pas contre.
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Le cerveau constitue l'identité de l'être. Nous sommes notre cerveau.
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