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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
« Les pères et les fils peuvent essayer de se cramponner les uns aux autres, ils resteront à jamais des étrangers… »

C'est dans l'espoir de faire mentir cette maxime que Tadek quitte un beau matin Jérusalem et sa vie bousculée, pour Varsovie, sur les traces de son passé et de son père qu'il n'a pas revu depuis des années. Qu'attend-il ? Il n'en sait trop rien. Que risque-t-il ? Pas grand-chose… En Israël, sa femme vient de le quitter avec son fils déjà distant ; ses relations avec sa mère sont orageuses et superficielles ; et son métier d'écrivain végète dans l'attente de pages qu'il ne parvient pas à écrire.

Tadek débarque donc à Varsovie que sa mère leur fit autrefois quitter pour échapper à ce mari et père violent, volage et alcoolisé. Un père qu'il retrouve dans un hospice d'État, devenu vieillard proche de la fin de vie, abruti par la vodka mais avec l'esprit toujours fougueux et révolté. Remontant le fil de leur passé qui les conduira jusqu'au village-berceau de leur famille, Tadek et son père Stefan vont se renifler, se jauger, se confronter, se détester. Mais surtout se parler, beaucoup. Et se comprendre, un peu mieux…

Le passé de Stefan durant la guerre, ses blessures, emprisonnements, tortures et humiliations dévoilent à Tadek toute une facette de son père jusque-là cachée. Mais est-ce suffisant pour pardonner la violence physique et morale reproduite ensuite envers sa propre famille ?

Dans Voyou, Itamar Orlev écrit une énième version du « Je t'aime, moi non plus » qui régit souvent les relations père-fils, mais trouve dans le contexte historique (le destin des partisans polonais durant la Seconde Guerre mondiale) et la verve enlevée de son écriture, deux leviers pour rendre son approche originale et creusée. L'intérêt pour ce combat de boxe émotionnel que se livrent Tadek et Stefan, monte progressivement en puissance, sans temps mort durant 500 pages. Une belle découverte donc de cette sélection 2020 du Prix du Meilleur Roman Points.
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Merci à Babelio et aux éditions du Seuil pour ce magnifique roman.
Deux personnages, un père, son fils.
Un père violent, un fils qui rate sa vie (sa femme le quitte, il ne partage rien avec son propre enfant).
Un fils qui décide de quitter son pays d'adoption (Israël) pour aller revoir son père enfermé dans un mouroir à Varsovie. On est dans les années 80.
Le père fut partisan pendant la guerre, a tué de multiples fois. Un père violent, alcoolique que la mère finira par fuir avec ses enfants en Israël.
Un fils qui cherche des explications et espère en trouver avec ce voyage vers son pays natal, vers son père.


Un roman prenant, envoûtant, dur, que j'ai eu du mal à lâcher.
Une histoire qui laisse peu de répit, un style du même acabit.
Un texte que je vous conseille, un texte qui me restera en mémoire. Une belle découverte. Un premier roman qui sort du lot.
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Il est très rare que j'attrape un peu par hasard un livre sur une table de librairie sans rien en connaître; celui-ci devait avoir un magnétisme particulier qui correspondait au mien, car il m'a vraiment plu, dans la mesure où il m'a à la fois touchée et intéressée.
Touchée par la quête impossible du narrateur, looser trentenaire qui décide de retourner après vingt ans d'absence en Pologne retrouver son père, cette force de la nature brutale et égocentrique qui a ruiné son enfance. La relation des deux est subtile, douloureuse, la reconnaissance et le pardon de l'un par l'autre à la fois évidents et impossibles.
Intéressée, vivement même, par l'autre volet du roman, qui évoque le vécu des partisans polonais pendant la guerre face à l'occupant nazi, raconté par le père polonais qui dans son langage truculent se remémore sa guerre, et mis en mots par un auteur (et narrateur) juif qui parle de la Pologne en guerre autrement que par le prisme de la Shoah. Une réalité dans laquelle rien n'est blanc ou noir, où la violence est partout et la barbarie subie détruit les hommes et les pousse à détruire à leur tour.
Dans la dernière ligne du roman, le narrateur éclate en sanglots. On le comprend, et on n'est pas loin de faire de même.
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Après une séparation et silence complet de vingt années, confrontation et tentative de réconciliation chaotique entre un père et son fils,
un paternel , salopard et soulard, qui dégainait torgnoles et crachait son venin à tout-venant, dans la sinistre Pologne des années 80
et Talek, l'enfant meurtri, devenu père à contre-coeur, divorcé, romancier raté, qui traîne son mal-être en bandoulière.
Amour-haine, dans une atmosphère faite de grossièretés éructées, de cruelles vérités dévoilées, de mises à nu nécessaires pour pouvoir peut-être enfin pardonner.
Peut-on vraiment accorder des circonstances atténuantes à l'ancien partisan qui a connu la torture en prison et maintes souffrances au camp de Majdanek ( confessions glaçantes et bouleversantes) mais qui témoigne peu de considération et profonde affection pour ce fils désemparé venu de loin (Israël) le visiter ?

Une histoire qui interroge, qui interpelle, qui remue tripes et cervelle, qui met mal à l'aise, surtout lorsqu'elle vous est un peu familière, peut-être un peu trop insistante sur la personnalité écrasante de la figure paternelle.
Un premier roman percutant !
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Tadek est un jeune homme d'origine polonaise qui a migré en Israël au milieu des années 60, quand il avait treize ans, avec sa mère et ses trois frères et soeurs.

En 1988, à la trentaine et à l'occasion d'une rupture, il se penche sur son passé et décide de retrouver son père, resté en Pologne, dont il n'a plus de nouvelles.

Ses retrouvailles vont lui faire revivre toute son enfance et lui permettre de comprendre pourquoi son père n'a pas migré avec eux. Un père alcoolique au caractère emporté, qui n'est plus que l'ombre de lui-même et vit dans un hospice à Varsovie.

De souvenirs en anecdotes, Tadek va revivre toute la vie de son père : son côté fêtard, séducteur et insouciant, la rencontre avec sa mère pendant la guerre, les atrocités qu'il a vécu pendant cette période en tant que victime et bourreau, les cicatrices que cela a laissé, son alcoolisme, ses bordées d'injures qui ponctuent toutes ses phrases, les coups qu'il distribuait à sa famille et dans la rue, la pauvreté et la mère laissée seule pour travailler dans des fermes communautaires et essayer d'élever ses quatre enfants.

Un voyage initiatique sur les traces d'un passé où la pauvreté, la faim et la violence paternelle étaient le quotidien.

L'amour paternel et filial peut-il naître et vivre dans ce cauchemar ?

Un livre rude (un peu trop pour moi). Les injures et les coups pleuvent avec, en filigrane, la détresse d'un fils et la possible ou impossible réparation.
Lien : http://lesfanasdelivres.cana..
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Que fait Tadek, quand sa femme le plaque, emmenant leur fils et que sa vie s'effondre ? Il part retrouver ce père resté en Pologne, qui l'a élevé dans l'alcool et la violence, ce réputé héros de la résistance déporté à Majdanek, ce monstre égocentrique, devenu ce vieillard qui s'étiole en maison de retraite et qui a bien des révélations à faire.

Curieuses retrouvailles que cette recherche désespérée d'un filiation qui a pourtant bien existé, entre haine et réconciliation, entre rancoeur et pitié pour un livre bien décidé à ne répondre à aucune question, mais à montrer comme la réalité est complexe, les sentiments ambivalents, combien le coeur est déraisonnable.

Ce voyage est l'occasion d'un retour aux sources dans une Pologne misérable, rustre, violente, arrosée de vodka. Il montre comme l'histoire y a été d'une cruauté invraisemblable, mortifère pour plusieurs générations. Mais il ne s'aventure jamais dans les explications simplistes ou les raccourcis psychologiques, il reconnaît le caractère indéchiffrable du mystère des individus ballottés dans les méandres de leurs contradictions. 

L'auteur ne cherche pas à faire un roman psychologiquement cohérent, il propose un confrontation pathétique, faite de heurts, de poses, de détours et d'apaisements, sans glisser une seconde vers l'attendrissement, il parle du malheur des hommes, de leur prédestination et de leur destin, de la souffrance et des incertitudes qu'ils sont condamnés à traîner perpétuellement avec eux.


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Tout d abord merci à Babelio et aux éditions du Seuil pour cette belle découverte.
Quand Tadek se retrouve seul, face à lui même, après le départ de sa femme et de son fils, fatigués de son inertie, son passé ressurgit. D'où vient il? quelle est la part de ce passé dans cette page blanche auquel fait face cet écrivain qui n'écrit plus rien depuis longtemps. Il décide de partir à la recherche de ce père violent qu'il a fuit avec sa mère, son frère et ses soeurs. Ce livre retrace ce retour aux sources. Un retour aux sources dans la Pologne communiste, pas simple, choquante pour ce trentenaire arrivé enfant en Israël.
Tadek redécouvre en Stefan, son père, immobilisé au fond d'une maison de retraite pour héros de guerre, un être à la fois héroïque et détestable, ancien partisan non communiste évadé du camp de Maïdanek.
Son père, un alcoolique toujours aussi violent, est ému et plein d'amour pour cet enfant devenu adulte, ce qui est nouveau pour l'enfant qu'il fut comme pour le vieillard.
Il entame en sa compagnie un road trip sur les traces de son passé.
Le long de ce voyage, il revoit des personnages de son enfance, tous ont un ressenti mitigé sur cet homme : admiré par certains et détesté par tous..
Le dialogue, verbal ou non, père/fils est le fil conducteur de ce livre. Un drôle de couple en quête de reconnaissance mutuelle et d'amour.
J'ai beaucoup apprécié ce livre, cette recherche de reconstruction, de reconnaissance et d'amour. L'auteur ne tombe pas dans le pathos, les sentiments, la violence, l'amour y sont retranscrits avec pudeur.
Itamar Orlev est pour moi un des nouveaux grands auteurs israéliens, dans la lignée de David Grossman.
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1988 : Jérusalem. Tadek, la quarantaine pas épanouie, sa femme le quitte et emporte son jeune fils Michel, déserte et vide la maison, le laissant au bord du vide, vide physique et vide émotionnel, rien pour se rattraper, pas une branche familiale ; en effet sa mère semble se désintéresser de ses ennuis, vit sa vie de façon personnelle et originale, ses frère et soeurs ont émigré de nouveau.. vers les États Unis !
De nouveau, car toute cette famille a déjà fui son pays d'origine, la Pologne, une bonne vingtaine d'années auparavant quand la mère n'a eu d'autre choix pour sauver sa famille des griffes du père !
Père que Tadek va aller retrouver à Varsovie , dans sa maison de retraite.

1988 : Varsovie. Voyage douloureux, souvenirs cuisants encore, physiques et mentaux des coups et terreurs infligés par cet homme, vieillard délabré maintenant , mais d'une force et d'une résistance sortant de l'ordinaire auparavant. Cauchemars toujours présents, pas lourds traînants et alcoolisés reviennent à la surface, vodka bon marché à gogo, relents nazis et rouges russes, assassinats, bagarres, coups, jurons, grossièretés et trahisons, alcool encore, famille retrouvée, rancunes toujours vivantes, couvre feu, pauvreté de fin de règne communiste…
Mais quel beau livre ! Impossible de le quitter malgré la dureté et l'épaisseur de la douleur et du ressenti. Quel travail sur soi, car comme le dit le préambule «  toute ressemblance avec des événements et des noms réels, des personnes mortes ou vivantes n'est pas pure coïncidence ».
C'est donc une autobiographie romancée, oeuvre personnelle s'il en est, les sentiments sont vrais et profonds, le désarroi, la colère, les atermoiements, la haine et la pitié.. Toutes les émotions se mêlent, s'entrelacent pour finir par une apothéose…
Lisez le, pleurez de rage, comme l'auteur, ou comme vous le sentez : la langue est belle, malgré les jurons , la poésie est présente à chaque page, la traduction remarquable ! Un chef d'oeuvre à mon goût.
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Un livre dur et émouvant sur les relations père / fils (il faudrait y ajouter la relation mère / fils).
Une histoire banale au départ (un homme part revoir son père 20 ans plus tard). Tout bascule dans l'horreur quand les fils du passé se dénouent et que l'antisémitisme, l'alcoolisme et la pauvreté servent de toile de fond.
Mon père qui a vécu les 15 premières années de sa vie en Pologne (avant de venir en France) en avait gardé une haine indicible pour ses compatriotes.
Il était présent avec moi tant j'ai pensé à lui et à ce qu'il avait du vivre (avant la seconde guerre mondiale) là-bas
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Premier roman, j'aime la surprise d'un écrivain inconnu.

Cependant ce n'est pas un livre aimable : pendant une centaine de pages j'ai cru que j'allais l'abandonner. le narrateur, un écrivain raté, se fait larguer par sa femme qui a emporté leur fils. Il fait rien pour la retenir et va pleurnicher chez sa mère qui  ne l'écoute pas. Dans sa solitude nouvelle, il décide d'aller voir son père dans une maison de retraite à Varsovie. Héros assez antipathiques qui ne m'attire guère, aussi bien Tadek, l'écrivain, que sa mère ou que ce qu'on apprend du père.

Ce père est rejeté par toute sa famille : sa mère a émigré en Israël avec ses enfants pour lui échapper. Frères et soeurs lui déconseillent le voyage. Pourquoi ce rejet? le père est le Voyou du titre ,  un soiffard qui ruinait sa famille, battait sa femme et abandonnait le foyer pour des absences aussi longues qu'inexpliquées.

Nous suivons Tadek en Pologne qui retrouve les images de son enfance, l"odeur de son père" qui se trouve être celle de la vodka. Des pages et des pages autour de la soûlographie et les bagarres. Je me demande pourquoi je continue à lire cela! "Saoul comme un polonais" expression familière et vaguement raciste que je déteste, me vient constamment à l'esprit (je m'en veux).

Au bout de 150 pages, je persiste dans cette lecture peu attrayante et me laisse entraîner. Stéfan, le père, le voyou cumule les mauvais comportements. C'est un vieillard mal embouché qui crache, râle, insulte tout le monde.  Il a bu le salaire de sa femme, son héritage, a entretenu une deuxième famille, prétendu que ses deux "familles" étaient mortes...

Ému par la visite de son fils, il lui raconte sa vie, sa guerre avec les partisans dans la forêt, son évasion de Majdanek où il était interné comme partisan. C'est passionnant!

Puis le fils et le père traversent la Pologne en train pour aller voir le village natal du père où Tadek a passé les vacances de son enfance.  On découvre une Pologne rurale.

Finalement, je suis conquise par cette équipée, cette intimité du fils qui transporte son père sur son dos comme Enée et Anchise. Les retrouvailles avec les maîtresses femmes au village.

Un très beau livre sur les rapports père/fils.


Lien : http://miriampanigel.blog.le..
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