Citations sur Dieu, les affaires et nous. Chroniques d'un demi siècle (37)
L'homme est plus puissant que jamais Tout va mal : il l'est devenu beaucoup trop. Hier, il n'avait pas de moyens, mais il avait des espérances. Aujourd'hui, il a des moyens. Mais il n'a plus d'espérance.
Il n'a plus d'espérance parce que les grandes choses auxquelles il croyait se sont écroulées tour à tour. Les vieilles vertus d'autrefois - le respect pour les anciens, la tradition, la famille, l'exaltation du travail, la patrie - sont tombées au rang de sarcasmes, de matières à plaisanterie, de lubies malfaisantes. Compromises par leurs liens avec des causes impures ou vaincues, avec des intérêts camouflés, avec des idéologies rejetées, elles ont cessé de constituer ce qu'elles avaient été si longtemps : un moteur de l'histoire.
L'histoire n'en finit pas de se répéter et de se renouveler. Elle passe son temps à apporter du nouveau qui ressemble à l'ancien. Et elle tisse notre avenir avec les fils qu'elle ramasse et qu'elle noue.
Tout va bien : l'homme est plus puissant que jamais. Tout va mal : il l'est devenu beaucoup trop. Hier, il n'avait pas de moyens, mais il avait des espérances. Aujourd'hui, il a des moyens. Mais il n'a plus d'espérance.
Personne n'est plus capable de connaître la loi que personne pourtant n'est censé ignorer.
Le métier de prophète est très difficile, surtout quand il s'agit de l'avenir.
La confiance ne se décrète pas, elle s'obtient, elle se refuse, elle se conquiert, elle s'effrite.
La voie royale, la voie dorée, est un ticket pour l'enfer. Les socialistes refilent le pouvoir aux libéraux comme une pomme de terre brûlante, comme le mistigri des jeux de carte.
«Aucun homme n'est une île [...] ne demande jamais pour qui sonne le glas : il sonne pour toi » prend un sens et une force que le poète John Donne n'aurait jamais osé imaginer.
On a dit beaucoup de mal, peut-être ajuste titre, de la raison d'État. Quand elle se confond avec l'intérêt des plus déshérités, ne prend-elle pas un sens nouveau ? Tels sont les pièges de la démocratie.
C'est en ces termes, évidemment, que se pose le problème : chômeurs contre droits de l'homme. C'est un cruel dilemme. Je ne suis pas de ceux qui sont capables de balayer d'un revers de la main les arguments opposés des uns et des autres, et de trancher le débat avec un front serein.