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Citations sur Odeur du temps (12)

Parce que Molière est un génie de tous les temps, il faut imaginer Tartuffe, de nos jours, en train de se dissimuler non plus, bien entendu, derrière les valeurs traditionnelles, mais derrière le sacré d'aujourd'hui : la pieuse démagogie, l'égalitarisme cagot, l'affectation hypocrite d'une passion pour les droits de l'homme.
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Le livre est irremplaçable. On le dit menacé par l'image et par l'ordinateur. J'espère pourtant – et je crois – que le rôle du livre est loin d'être terminé. Plus que la machine, évidemment, et plus aussi que l'image, si forte, mais peut-être justement trop forte, c'est le livre qui permet le mieux les jeux féconds du souvenir, du rêve, de l'imagination.
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Préface (extrait)
J'ai beaucoup aimé travailler. J'ai aussi beaucoup aimé ne rien faire.
J'ai surtout aimé partir, aller ailleurs, me promener, le nez en l'air et
les mains dans les poches, à travers le vaste monde. La mise en garde de Chateaubriand — ‹< L'homme n'a pas besoin de voyager pour s'agrandir » — ne m'a jamais empêché de partir, le coeur battant, pour le Mexique ou pour l'Inde. Et toujours je revenais à Rome, à Venise, à la Toscane, à l'Italie, à la Grèce, à notre Méditerranée et à ces îles dévorées de soleil où j'ai tant rêvé de m'installer, loin du vacarme des grandes villes. On trouvera dans ces pages l'écho un peu mélancolique de ce silence brûlant des îles, à peine troublé par le bruit de la mer.
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Qu'est-ce qu'ils nous apprennent, Aragon, et Yourcenar, et Borges, et Cioran, et les autres ? Que, selon la belle formule de Pessoa, « la vie ne suffit pas » et que la littérature est là pour nous élever un peu au-dessus de nous-mêmes.
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Je dois beaucoup à un petit nombre de maîtres et d'amis — des vivants et des morts — qui m'ont fait ce que je suis. Les uns, parce qu'ils m'ont encouragé, aidé, soutenu : les autres, parce que je les ai lus. À beaucoup d'égards imparfait, bâti de bric et de broc, encombré de répétitions inhérentes à son genre, et parfois de contradictions, ce livre est très loin d'être un de ces livres d'amertume que dicte parfois le grand âge que j'atteins à mon tour. C'est un livre de gratitude et d'admiration. L'admiration, de nos jours, n'est pas un sentiment à la mode. Odeur du temps est un exercice d'admiration et de fidélité. Voilà plus de trois quarts de siècle que ce monde où j'ai été jeté par le hasard ou par la Providence n'a jamais cessé de m'éblouir. C'est un peu de cet éblouissement que voudraient transmettre ces pages déjà peut-être, mais à peine, jaunies par le temps.
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Jorge Luis Borges écrit toujours la même chose. Il est à la recherche de la formule unique qui résumera tout l'univers.
Odeur du temps. Jean d’Ormesson. Page 152 édition poche
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Benjamin Constant assis entre Germaine de Staël et Juliette Récamier grande vedette du muet, beauté éclatante qui ne disait jamais rien, bredouilla un peu platement "Ah me voici entre l'esprit et la beauté" "Monsieur répliqua Mme de Staël avec une vivacité qui démentait ses paroles, c'est la première fois que je m'entends dire que je suis belle".
Page 189 édition Pocket.

Ceci me rappelle un peu cette histoire:
Chéri, tu préfères une femme intelligente ou une jolie femme? Ni l'une ni l'autre répond le mari, tu sais bien que je n'aime que toi.

Concernant le très agréable environnement féminin de Benjamin Constant j'ai l'impression mais ce n'est que mon avis qu'il ne nous reste plus à ce jour entre autres comme repère médiatique que Zazie et Lara Fabian.
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Tant qu’il y aura des livres, des gens pour en écrire et des gens pour en lire, tout ne sera pas perdu dans ce monde qu’en dépit de ses tristesses et de ses horreurs nous avons tant aimé.
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Les éditeurs se plaignent, les libraires se plaignent, les auteurs se plaignent : les livres ne vont pas bien. Dites-moi ce qui va bien. Le monde est devenu difficile - ou plutôt il a toujours été et il reste difficile. Dans ce monde plein de risques, les livres ne font pas exception. Beaucoup annoncent leur fin. Je n'en crois rien. Lire un roman qui vous emporte, que vous ne pouvez pas lâcher, que vous essayez de faire durer comme un plaisir toujours reconduit reste un des grands bonheurs de notre vie de chaque jour.
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La femme de chambre de la baronne Putbus m'avait longtemps fait rêver. Tous les familiers de Marcel Proust ,et ils sont devenus légion, connaissent l'image de cette "grande fille blonde", "follement Giorgione", dont Robert de Saint-Loup révèle un jour les moeurs faciles au narrateur enfiévré. Ce qu'il y avait d'admirable dans la femme de chambre de la baronne Putbus, dont nous ne sauront jamais le nom, ce n'était pas seulement cette désignation un peu obscure où, comme dans toute l'oeuvre de Proust, se mêlent en parts égales la poésie, le mystère et le comique, c'était encore le fait capital que, telle l'Arlésienne de Bizet, la femme de chambre de la baronne Putbus n'apparaît pas une seule fois en chair et en os dans toute la Recherche du temps perdu. Elle représente, à l'intérieur du roman, un personnage romanesque au deuxième degré et un échelon de plus dans l'imaginaire :elle n'a pas d'autre existence que les fantasmes érotiques du narrateur qui rumine avec un mélange de fascination et de crainte les folles délices qu'il pourrait tirer de ses vices.
Dans cette longue méditation sur l'imagination et les signes qu'est en fin de compte la Recherche, la femme de chambre de la baronne Putbus est un des symboles du songe et des illusions de l'amour. (...)
Le déchiffrement d'innombrables brouillons a mené à une espère d'archéologie de la Recherche du temps perdu et à des découvertes de style presque policier qui ont bouleversé les proustiens.
Une de ces découvertes, qui remonte déjà à quelques années mais à laquelle les ouvrages récents de Philip Kolb et de Maurice Bardèche donnent une nouvelle actualité, jette précisément de nouvelles lueurs sur la femme de chambre de la baronne Putbus et nous donne enfin la clé de l'énigme. Dans les brouillons laissés de côté lors de la rédaction définitive et où la célèbre Albertine n'existait pas encore, le narrateur finissait par retrouver la femme de chambre de Mme Putbus. Elle jouait un rôle assez important, détournait le narrateur de sa grand-mère, le précipitait à Venise et à Padoue, lui valait successivement des remords, des révélations nouvelles et de nouvelles désillusions. Elle constituait en vérité un rouage essentiel dans ce premier état de l'oeuvre qui n'a jamais vu le jour. Ce qui en reste aujourd'hui, où le personnage d'Albertine s'est tellement développé au détriment des autres figures de femmes, fait penser à ces icebergs dont toute la masse secrète est cachée sous la mer.
Qui ne se réjouirait de travaux qui nous renseignent toujours un peu mieux sur les livres que nous aimons et sur leur préhistoire ? Mais au vrai bonheur de savoir se mêle un peu de mélancolie :il me semble que la "grande fille blonde ","follement Giorgione ", me faisait mieux rêver lorsqu'elle n'était que l'ombre d'une ombre, aux fugitives évocations. Nous savons désormais presque tout sur la belle fille qui, dans des ébauches abandonnées, devait se donner enfin au narrateur dans un hôtel de Padoue. Nous voilà bien savants. Tant mieux. Tant pis. Je continuerai à penser à la femme de chambre de la baronne Putbus comme à un songe d'un songe ---un rêve inassouvi dans le grand rêve de Marcel Proust.

Le Figaro, 7 octobre 1971
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