AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations sur Une autre histoire de la littérature française, tome 9 : .. (10)

Cioran détestait les discours, les éloges, l'enthousiasme et les bons sentiments. Il ne comprenait pas comment " le risque d'avoir un biographe n'a jamais dissuadé personne d'avoir une vie. "

(...)

Né à Rasinari en Transylvanie, Emile Cioranescu était le fils d'un pope .Il jouait au football au cimetière avec les crânes des morts et lisait Dostoïevsky. Le chagrin de vivre, qui ne le lâchera plus, ne met pas très longtemps à passer sa geule de requin : à vingt-deux ans il publie ... un livre au titre très éloquant : Sur les Cimes du Désespoir.

Dans l'illustre lignée qui va de Job sur son fumier jusqu'à Beckett dans ses poubelles, en passant par Alceste et par Shopenhauer, par Kafka et par Chestov, il se situe quelque part entre l'Ecclésiaste et Vauvenargues.

(...)

Le noir prophète transylvain, le misanthrope des Carpates était, dans le privé, l'enjouement même, et la gaîeté... " Je suis, disait-il de lui-même, un sahara rongé de voluptés, un sarcophage de roses."

(...)

Rien de plus roboratif que la lecture de ce manuel des désespérés qu'est l'oeuvre de Cioran. Il devrait être remboursé par la Sécurité sociale. Revers de fortune ? Chagrin d'amour ? Malaise existentiel ? Quelques pages de Cioran sur la tristesse d'être né, sur l'inutilité de l'existence, sur l'échec sans appel de toute vie, et hop! vous vous sentez déjà mieux !

(pp.99-103)
Commenter  J’apprécie          221
De "Lettres à mon juge" à " La neige était sale" et aux "Anneaux de Bicêtre" ... Simenon publie près de cent romans, plus durs les uns que les autres. Il devient le plus lu, le plus traduit le plus célèbre de tous les écrivains. Marié trois fois, les chagrins ne lui sont pas épargnés au milieu de ces succès dont s'emparent, pour les grossir, cinéma et télévision : sa fille Marie-Jo se suicide.

(...)

Il est le romancier de la destruction des espaces de référence et des cadres traditionnels. Il est le romancier de l'éclosion de la culture de masse et de la déshumanisation des rapports sociaux. Il est le romancier du malaise de la petite classe moyenne... L'oeuvre de Simenon est une descente, une plongée dans les fissures d'un monde qui se défait.

(pp.38-39)
Commenter  J’apprécie          170
Le risque, pour Malraux, est de voir son oeuvre étouffée par sa vie tumultueuse. Le Panthéon est un triomphe , mais ce n'est pas au Panthéon, c'est dans le coeur et la mémoire que survivent les écrivains.

(p.10)
Commenter  J’apprécie          150
Qu'est-ce qui est au coeur de Marguerite Yourcenar ? Je dirais deux choses surtout. Commençons par la moins importante : le savoir, l'érudition, une connaissance approfondie de l'histoire de la culture.
(...)

L'essentiel de Yourcenar est pourtant encore ailleurs. Il est dans une exigence qui va à contre-courant des tendances de l'époque. Pour dire les choses d'un mot, elle se méfie du bonheur. Elle méprise le bonheur et elle lui oppose le service, qui est peut-être le mot clé de sa personne et de son oeuvre.

(...)

Ce n'est pas assez dire que l'art, aux yeux de Yourcenar, est une catégorie fondamentale de la réalité. C'est plutôt la réalité qui est une catégorie subalterne de l'art.


(pp.49,51,53)
Commenter  J’apprécie          140
Il (Camus) laisse l'image d'un homme intègre, sympathique et tragique. Son destin semble illustrer l'absurde dont il s'était fait le héraut. Il s'était acheté une maison à Lourmarin, dans le Luberon. Il devait se rendre Paris par le train. Mais un membre de la famille Gallimard et sa femme, avec qui il était lié, vinrent le prendre en voiture. A Villeblevin, pres de Montereau, pour une raison inconnue, l'auto sortit de la route. Camus fut tué sur le coup. On trouva dans la voiture le manuscrit inachevé de Premier Homme, auquel il travaillait avec peine. Et, dans sa poche, un billet de chemin de fer.

(pp.125-126)
Commenter  J’apprécie          130
Je ne l'ai jamais connu que sous les espèces d'une sorte de Bouddha qui aimait le bon vin et le foie gras. Il avait fondé une revue qui s'appelait Diogène, et il m'avait pris pour assistant. Il était bienveillant, ironique, déroutant, d'une intelligence aiguë, et plutôt mystérieux.

(...)

Dans l'extrême diversité des sujets, Caillois se propose de découvrir l'unité du monde.

(...)

Expression théorique de ses recherches éparses, Diogène était une revue de sciences diagonales. L'idéal, pour elle, était un psychanalyste qui parlait d'économie politique ou l'article d'un linguiste sur une découverte récente en archéologie classique. Dans un monde unique et fini, après tant de travaux menés chacun dans son coin, le temps d'un savoir reconcilié avec lui-même était enfin venu.

(pp.111-113)
Commenter  J’apprécie          130
Voilà où se situe la vraie grandeur de Sartre : il est le meilleur interprète de son époque. Il n'est pas - et il ne veut pas être - un sage, un mage, un découvreur, un aventurier. Il n'est pas un voyant, il n'est pas un prophète: il s'est beaucoup trompé. Lisez-le: si c'est un voyant, c'est un voyant aveugle; si c'est un prophète, c'est un prophète démenti. Il n'est même pas - et il ne veut pas être - un styliste. Il est, par excellence - comme Malraux, mais dans l'autre camp - un grand témoin de son époque.

(...)

Il s'est brouillé avec Camus comme il s'était brouillé avec Aron. Traité de "hyène stylographe" par l'Union des écrivains soviétiques, mais voyant dans le marxisme " l'horizon philosophique indépassable de notre temps" , allant jusqu'à affirmer que " tout anti-communiste est un chien" et persuadé de la victoire finale de l'Union Soviétique sur les Etats-Unis, il se rapproche, dans l'ambiguité, du parti communiste. Il finit par s'en éloigner pour devenir le totem pensant d'une fraction au moins du gauchisme.

(pp. 69-70)
Commenter  J’apprécie          130
La vie de Malraux, qui se termine à Verrières-le-Buisson, en compagnie de Louise de Vilmorin, à la conversation éblouissante, puis de sa nièce Sophie, aura été, plus que toute autre, à l'image de notre siècle. Elle commence par la dérision farfelue, elle se poursuit par le culte de la révolution et des " héros sans cause" à la recherche d'un sens à donner à la vie, elle s'achève dans l'élan vers le mythe rédempteur de l'art...

(pp.8-9)
Commenter  J’apprécie          110
Né, au lendemain de la guerre de 1870, dans une maison bourgeoise d'Auteuil, Marcel Proust appartient à cette famille magnifique et misérable des nerveux qui est le sel de la terre. Il était faible, rêveur, fragile, d'une sensibilité maladive et il souffrait du rhume des foins. Un jour, à l'âge de neuf ans, en rentrant du bois de Boulogne, il fut pris d'une crise d'asthme si violente que son père, qui avait voulu être prêtre mais qui était devenu médecin, crut qu'il allait mourir. Plus que son père, l'enfant aimait sa mère. Le comble de la misère pour lui était d'"être séparé de Maman".
Commenter  J’apprécie          20
C'est un extrait du volume consacré au roman au XXe siècle.
Jean d'O évoque tour à tour Gide, Proust, Colette, Céline, Giono, Mauriac, Morand, Montherlant...
Voici Proust :
Il est l'homme d'un seul livre. Il a renoncé à vivre pour édifier son oeuvre.
Dans le labyrinthe des passions, il a trouvé son fil d'Ariane : le temps.
Le temps qui fait durer les choses et qui les bouleverse, le temps qui
nous fait vivre et mourir, le temps qui nourrit l'amour et qui le détruit.
Il est le romancier de la mémoire, de la jalousie, de tout le malheur de
l'amour parce qu'il est le romancier du temps.
Commenter  J’apprécie          10




    Lecteurs (18) Voir plus



    Quiz Voir plus

    Jean d'Ormesson

    Dans quelle ville Jean d'Ormesson a-t-il vu le jour?

    Paris
    Rio de Janeiro
    Lyon
    Bucarest

    10 questions
    79 lecteurs ont répondu
    Thème : Jean d' OrmessonCréer un quiz sur ce livre

    {* *}