AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de JeanPierreV


Madame Bâ femme malienne de 56 ans souhaite rejoindre son petit-fils Michel en France pour le faire revenir au pays. Michel est passionné par le foot et a été repéré en Afrique par des recruteurs...Madame Bâ complète le formulaire d'immigration temporaire 13-0021 qu'elle souhaite transmettre au Président de la République et surtout commente avec l'aide de son avocat chacune des rubriques du formulaire;
Rubriques qui constituent les chapitres du livre.
Madame Bâ raconte ainsi toute sa vie, depuis son enfance, en passant par son mariage, ses enfants, ses métiers...une très longue lettre de 480 pages, très, trop détaillée parfois, pour nous faire partager également la vie de ces autres femmes africaines, les usages et coutumes de l'Afrique, excision, sexualité, mariage, enfants, marabouts, palabres, relations hommes-femmes, place des femmes..., la vie de son pays, une vie tournée autour du fleuve.
Une femme qui eut huit enfants en dix ans, des enfants dont elle ne parle que très peu, abandonnée par son mari chauffeur de locomotive, qui lui préféra des femmes blanches. Une femme courageuse et travailleuse qui eut la chance de naître au sein d'une famille dans laquelle l'éducation et la culture était importante : le papa ancien forgeron est devenu gardien d'un barrage hydraulique. Il offrait toujours à ses enfants des cadeaux susceptibles de faire naître en chacun d'eux une vocation scientifique.
Un regard également sur l'Afrique, sur les tares de cette Afrique pauvre, trafics, corruption, crédits qui disparaissent, prévarication, justice qui fraude, magouilles en tout genre, lenteurs et imprécisions du travail....Une Afrique qui considère que tout ce qui vient de l'étranger est bien meilleur et bien bien plus beau que ce qui est africain.... Misère et tradition se heurtant à une volonté de progrès. Mais aussi une Afrique et des africains qui combattirent pour la France, y laissèrent la vie, sur le chemin des Dames par exemple..et un pays qui acquiert l'indépendance, mais dont les habitants ne pensent qu'à émigrer.
Un regard critique aussi sur ces français à l'attitude toujours un peu condescendante, toujours un peu colonisatrice en Afrique, mais se protégeant de l'immigration
Madame Bâ sait de quoi elle parle : elle travaillera sur des projets de co-développement, deviendra institutrice, inspectrice...
Une écriture souvent pleine d'humour, et qui confirme l'importance du travail de recherche d'Erik Orsenna, et surtout du fait de son passé une bonne connaissance de l'Afrique
Mais une écriture qui parfois m'a dérangé et troublé, du fait de certaines longueurs mais aussi du fait des scènes décrites et des idées développées Certes l'attitude de la France et de ses représentants en Afrique, est pointée du doigt. Elle n'est pas étrangère, loin de là, à la situation de Madame Bâ, des africains et de l'Afrique, mais j'aurais préféré que ce plaidoyer, qui peut parfois apparaître moqueur, plutôt taquin, que ce regard parfois critique sur les africains et africaines, sur les conditions de vie en Afrique, sur les magouilles, soit écrit par un auteur africain, soit une auto-critique, une auto-analyse.
La lettre de Madame Bâ lui permettra-t-elle de rejoindre son petit-fils...?
Je reparlerai d'Erik Orsenna

Lien : https://mesbelleslectures.co..
Commenter  J’apprécie          170



Ont apprécié cette critique (14)voir plus




{* *}