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Citations sur L'iguane (15)

Ta bestialité, ton néant substantiel, m’ont soustrait à toutes les merveilles et à toutes les joies auxquelles j’étais voué de par ma naissance, beauté, génie, distinction. Je me suis perdu avec toi, qui ne possèdes rien.
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Ce n’était pas tant la peur du silence, de la nuit lointaine qui la dominait que cette peur de soi impossible à affronter.
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«Non… ce n’est pas de ça que tu dois avoir peur », poursuivit-il en plissant le front à cause du léger effort qu’il devait faire, de temps en temps, pour se rappeler, comme pour prendre acte de ces changements, et distinguer entre ces superpositions continues de réel et d’irréel, « pas de ça, Ilario, mais de ton esprit même, comme moi du mien. Il y a quelque chose que nous ignorons, que nous ne voulons pas savoir, il y a quelqu’un de caché, qui nous empêche de regarder… Il y a une tromperie au détriment de personnes faibles… Il y a, dans notre éducation, quelque erreur de base, qui coûte du tourment à beaucoup, et c’est ce que j’entends assainir. »
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Comme toutes nos journées, c’est-à-dire la vie, la sombre mer qui nous entoure change même de substance, dit-il, au point de se transformer, c’est le cas de le dire, en air trépidant. Et seulement parce que la pensée a entrevu la part manquante de soi, beauté ou monstre, n’importe. Oui, il y a du vrai dans ce que tu affirmais toi, il y a un instant, Daddo, sur l’inexistence d’une véritable ligne de démarcation entre réel et irréel. Chaque chose, fût-elle à peine pensée, est aussitôt réelle. Ce dont nous avons besoin, voilà ce qui est réel; et pour cela nous pouvons même mourir, ou permettre à d’autres de mourir. Notre mort, ou celle d’autrui, n’a plus d’importance.
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Libre ! Qu’est-ce à dire ? Une liberté peut-elle venir de l’extérieur ? Peut-elle n’être pas le fruit d’une violence exercée sur notre désir de vie confortable et sûre ? Peut-elle se concilier avec l’idéal d’une vie allégée de responsabilités, quand ces responsabilités furent par nous-mêmes librement assumées ?
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Réfléchis, pensif Lecteur, à l’étroitesse mentale particulière du jeune architecte, où cependant se niche une générosité que lui-même, avant de débarquer sur cette île douloureuse, ignorait. Ensuite, tourne ta tranquille raison, toi qui es sauf, vers l’effrayante vérité de l’âme, qui est ici, partout, et nulle part, et cela tandis qu’un jeune corps avance, prend une certaine direction, une autre, où le mènent les nouvelles questions de son esprit. Mais qu’est-ce qu’un corps devant ce qui le conduit et que ce corps, ces mains, ces yeux ont le simple devoir d’exprimer ? Et qu’est-ce que le temps, où de tels actes, de telles pensées se démêlent ? qu’est ce que l’espace, sinon une convention ingénue ? et une île, une ville, le monde même avec ses tumultueuses capitales, que sont-ils d’autre sinon le théâtre où le cœur, frappé de remords, pose ses ardentes énigmes ? Alors, ne t’étonne pas, Lecteur, si la maladie (ainsi pouvons-nous appeler la pensée), qui depuis longtemps menaçait notre comte, mort vivant dans sa classe, a explosé sous les formes terribles que tu vois, en révélant la souterraine mélancolie, la cruelle exigence du réel. C’est pourquoi, du pré et du bois, de la salle et du puits, de la tempête et du beau temps, des rapides nuages d’avril et de la clôture de novembre, qui ainsi se confondent à la fin de notre histoire, ne cherche pas la cause, et reconnais en eux, plutôt, le cheminement résolu, et seul vrai, de l’âme, d’entre les choses qui ont pris son apparence jusqu’ici, et pleines de trouble et de peur, l’imitent.
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En tout cas, il n’appartenait de décider ni à lui ni à Adelchi, et sans doute pas même aux critiques : dans l’état où ils étaient, absolument incompréhensibles, les deux poèmes semblaient faits exprès pour provoquer cette perplexité et cet ennui qui sont des garanties certaines de vente. (Telle était, cher Lecteur, comme tu vois, la mentalité de Daddo, qui des livres ne comprenait rien ou presque, comme le voulait le siècle, et il n’en allait donc pas entièrement de sa faute.)
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Dès avant que de rouvrir ses petits yeux, et de se rendre compte qu’elle s’est endormie la tête appuyée au mur, se remet en branle dans la fille du mal le cercle compliqué de sa terreur.
Ce dernier, ô Lecteur, comprend une série de cercles, auxquels tu peux aussi bien donner le nom de jours, de mois, ou disons d’années, composés d’un vide absolu. Mais le plus éloigné de ces cercles, bien blafard désormais, est un simple rayon de soleil d’octobre, où la tête angélique du marquis, alors presque un enfant, a la gravité et la bénignité d’un dieu, pour ne pas dire d’un homme. Là-bas, certains rayons qui partent de l’inépuisable azur de ses yeux disent à l’Iguanette qu’elle, l’Iguanette, est très chère au marquis, qu’elle est une partie de son âme, qu’elle appartient désormais à l’humaine famille, et qu’elle ne devra donc plus ramper et mourir. L’Iguanette, élevée de sa condition animale précisément par ce qu’en elle voit, ou croit voir, le marquis, n’est plus une Iguanette, un triste petit corps vert, mais une aimable et ravissante fillette de l’homme. Le marquis se promène avec elle sur la plage, en lui donnant le bras, exactement comme à une minuscule dame jolie, et approche la tête de son fin museau, l’appelant plusieurs fois « ma petite étoile ». L’Iguanette ne se sent plus d’orgueil et d’aise. Elle ne s’est jamais regardée dans un miroir, depuis qu’elle est née, mais peu importe : elle sait qu’elle est belle, maintenant, très belle, et, comme toute fille de l’homme, elle en est heureuse. Chaque chose qu’elle fait, chacun de ses pas, chacun de ses coups d’œil, le moindre de ses gestes inconscients, semble plus agréable au marquis que le printemps même ou qu’une couronne royale.
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À cette époque-là , le cœur de l’Iguanette est chaud et sombre, telle une graine cachée sous bonne terre. Elle sait que , dans peu de temps, il s’ouvrira en une belle fleur d’azur, et, qui plus est, éternelle, et ainsi n’est-elle pas pressée.
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Comme tu le sais, Lecteur, chaque année, quand le printemps est là, les Milanais s’en vont de par le monde en quête de terres à acheter. Pour y bâtir des maisons et des hôtels, naturellement, et peut-être même, plus tard, des maisons populaires ; mais c’est surtout après ces expressions de la « nature », restées encore intactes, qu’ils courent, après ce qu’ils entendent, eux, par nature : un mélange de liberté et de ferveur, avec une bonne dose de sensualité et un brin de folie, dont ils semblent assoiffés à cause de la raideur de la vie moderne à Milan. Des rencontres avec les indigènes et la ténébreuse noblesse de telle ou telle île, sont parmi les émotions les plus recherchées ; et s’il te vient à l’esprit que la recherche de l’émotion convient mal aux vastes possibilités de l’argent, réfléchis à l’étroite correspondance entre puissance économique et affaiblissement des sens, raison pour quoi, parvenu au sommet du pouvoir d’achat, on est pris de je ne sais quelle torpeur, quelle incapacité générale à discerner, à apprécier ; et celui qui, désormais, pourrait se repaître de tout n’a de goût que pour peu de chose, ou rien.
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