La parole, c'est ce qui nous unit en tant que peuple, et c'est aussi ce qui fonde notre humanité. Les oppressions survivent car elles sont rendues possibles par tout un système de silence et de complicité. Nos récits nous émancipent, et raconter devient alors une nécessité. S'emparer des histoires des autres pour faire éclore la nôtre, c'est faire société et reconstituer ce qui fonde notre collectif. Je ne vous enjoins pas à confier tous vos secrets, ni même à partager chacune de vos pensées. Je vous dis juste que certains de vos secrets ont le pouvoir de changer le monde. Et qu'il faut maintenant que le monde vous offre l'espace nécessaire pour le réaliser.
« Pour entrer dans le secret des choses, il faut d’abord se donner à elles ».
Passer du mutisme à la parole, c'est un monde entier à détricoter.
Pour entrer dans le secret des choses, il faut d’abord se donner à elles.
Je me suis toujours dit que le mutisme était une prison qui démolissait des vies. Je me rends compte aujourd’hui qu’il peut y avoir une forme d’espoir dans le silence.
J’ai grandi en extérieur, dans le bruit, pour ne pas entendre les silences qui emplissaient ma maison. Maintenant que je tends l’oreille, ce silence me parait de plus en plus assourdissant.
Tomber dans le secret, c’est s’engager dans un labyrinthe sans fin, composé de tabous, de peurs, de non-dits, d’anxiété, de traumatismes.
J’ai toujours vu ma mère comme une bâtisse solide, qui ne plierait jamais sous le vent, et dans laquelle je pourrais me réfugier en laissant sur le pas de la porte mes inquiétudes et mes anxiétés. Elle est toujours venue me chercher quand je ne supportais
plus d’être loin d’elle. Elle a toujours été là. Si je pouvais me permettre de craquer,c’est parce que je savais qu’elle aurait la force de me relever. J’ai grandi la foi de son inaltérable puissance et invincibilité, et je crois que c’est un des premiers repères autour desquels je me suis construite.
S'emparer des histoires des autres pour faire éclore la nôtre, c'est faire société et reconstituer ce qui fonde notre collectif.
Rompez le silence comme vous manifesteriez. Parlez comme vous commettriez un coup d'État. Faites du bruit, révélez vos secrets comme vous mèneriez une révolution