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Critique de harfang


Une biographie du général Joukov ? Mais qui donc est le général Joukov… ?

Même sans être spécialiste de la seconde guerre mondiale, tout le monde connait les généraux Eisenhower, Montgomery ou Patton côté Alliés, Rommel, Guderian, Manstein ou von Rundstedt côté allemand. Mais qui connait le nom d'un général de l'armée soviétique ?
Et bien Joukov est tout simplement le plus grand général de l'armée rouge, celui qui a arrêté les allemands devant Moscou, puis contribué à toutes les opérations qui ont mené les soviétiques jusqu'à Berlin.

Mobilisé en 1915 dans la cavalerie de la Russie tsariste, il fera ses premières armes sur le front Ukrainien contre les Autrichiens, avant de prendre part, dans les rangs bolcheviques, à l'immense conflit de la guerre civile russe. Porté au sommet de l'armée rouge par ses qualités, mais aussi par l' « appel d'air » créé par les grandes purges de l'armée en 37/38, Joukov a été de toutes les batailles de la seconde guerre mondiale : désastres de 1941, contre-attaque de Moscou, Front de Leningrad, Bataille de Mars et de Stalingrad, Koursk, Opération Bagration et bien sûr bataille de Berlin. Il était un peu le « pompier » de l'armée rouge, et Staline, qui avait toute confiance en lui (Incroyable, pour un paranoïaque maladif comme lui) l'envoyait sur tous les points chauds de front de l'est.

A travers le parcours de ce général, l'auteur nous entraîne dans un demi-siècle d'histoire et de pensée militaire soviétique. Il nous explique les théories de l'art opératif des penseurs soviétiques des années 30, nous explique les insuffisances de l'armée rouge du début de la guerre, le pourquoi des grandes décisions de Staline et les véritables objectifs de chaque opération. C'est passionnant !

On finit même par s'attacher à ce grand général, bien qu'il ait toujours été bolchevique, fidèle à Staline, brutal avec ses subordonnés, et peu regardant sur l'importance des pertes humaines. Son énorme courage physique, sa force de travail colossale, son niveau d'exigence très élevé (dans une armée gangrenée par le laxisme), sa volonté de redonner la prééminence aux militaires sur les commissaires politiques, sa sobriété (!) forcent l'admiration. Il était également le seul à ne pas avoir peur de dire la vérité à Staline, ce qui en dit long sur son courage !
Son parcours après la guerre ne fait pas non plus tâche sur son CV : il s'efforce de réhabiliter les militaires déchus pendant la grande purge de 37 (du moins ceux qui sont toujours en vie…), se préoccupe de la condition des vétérans, participe à la déstalinisation aux côtés de Krouchtchev, avant d'être disgracié par le même M.K., qui avait finit par le trouver dangereux : trop populaire...

Par ailleurs, le livre est bien écrit et se lit facilement, presque comme un roman. La vie privée du personnage ne prend pas trop de place, et les différentes époques sont traitées de façon équilibrée. On pourra cependant déplorer certaines longueurs dans la démonstration des failles et incohérences de la biographie de Joukov, ainsi que le peu de place accordée à Stalingrad et à l'opération Bagration. Mais le propos de l'auteur n'était pas de réécrire l'histoire de ces batailles, par ailleurs bien connues. Pour plus de détails, on pourra se référer à « Stalingrad » d'Anthony Beevor ou à « Opération Bagration » du même Jean Lopez.

Un très bon livre donc pour tous ceux qui s'intéressent au conflit germano-soviétique et à l'histoire militaire soviétique. Même les plus calés approfondiront leurs connaissances !
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