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Critique de mylena


Cela fait un moment que je repoussais le moment de lire ce roman. Il m'avait attirée dans un premier temps, mais un premier coup d'oeil aux critiques m'avait un peu refroidie. du coup je commence par parler de quelques points qui lui sont assez souvent reprochés :
*l'invraisemblance : pour beaucoup le fait que Kya, tardivement alphabétisée, écrivent des livres à succès en est une. Sauf que ces livres ne demandent guère de qualités littéraires, puisqu'il s'agit de ses peintures d'animaux accompagnées d'une notice. Ce sont des ouvrages de naturaliste, à la limite les notices ne contiennent guère de phrases, sont toutes construites sur le même modèle, ce sont des compte-rendus d'observation. Rien à voir avec un roman, un essai ou une thèse universitaire ! Par contre qu'une enfant de 7 ans arrive à cuisiner à partir de ce qu'elle a vu faire par sa mère me paraît franchement plus difficile à croire, sauf si pendant la période où il y a encore Jodie, celui-ci l'aide à apprendre, mais ce n'est pas franchement ce que le récit met en avant.
*une intrigue faible : effectivement pour un roman policier, c'est faible, mais est-ce vraiment un roman policier ?
* une histoire d'amour convenue : oui, ce n'est pas que c'est mièvre, c'est ordinaire, prévisible, limite cliché. Avec Tate, c'est plus une histoire d'amitié enfantine, un roman d'apprentissage, donc ça passe. Mais avec Chase, on tombe dans la caricature, pas tant dans la personnalité de Kya, mais dans le personnage de Chase, et surtout, surtout, dans tous les personnages qui l'entourent. Cela manque de finesse, en fait nous avons surtout la vision de la narratrice et non pas la vision de Kya qui aurait pu être autrement plus intéressante (la preuve, c'est qu'à la fin Kya réalise comment est la mère de Chase alors que pour nous elle est exactement telle qu'attendue).
Personnellement je n'ai pas été sensible du tout aux poèmes qui émaillent le récit. Faute aux traductions ?
Maintenant passons à ce que j'ai vraiment apprécié :
La structure du récit avec ces deux lignes temporelles, l'une partant de 1952 qui nous raconte la vie de Kya à partir du jour du départ de sa mère, l'autre partant de 1969 à partir du jour de la découverte du corps d'un jeune homme mort. C'est bien vu, bien mené et ça fonctionne.
C'est un bel hymne à la nature, au marais, refuge pour Kya, écosystème qu'elle doit découvrir, comprendre pour pouvoir y survivre. Progressivement nous comprenons qu'elle n'est pas partie de zéro, d'abord Jodie lui a appris beaucoup de choses les derniers mois avant de partir, et puis, bien qu'elle reste marquée par les abandons successifs, psychologiquement, on sent qu'elle a une base sécure : on le réalise quand on découvre avec elle les livres de sa mère, où elle retrouve les poésies entendues autrefois. Son goût pour la peinture et pour l'observation naturaliste lui vient aussi de sa mère. du coup rien d'étonnant à ce qu'elle se tourne vers ce monde sauvage qui « l'avait nourrie, instruite et protégée quand personne n'était là pour le faire ».
Les pages sur le marais et les animaux et plantes qui le peuplent sont superbes. le regard de Kya sur le monde des autres est bien vu quand il s'agit des autres enfants mais hélas trop souvent remplacé par le point de vue du narrateur quand il s'agit des adultes. Je m'aperçois que j'ai oublié de parler du personnage de Jumping qui est remarquable et attachant.
C'est un très beau roman sur la xénophobie et aussi un beau roman d'apprentissage. Pour un premier roman, c'est une belle réussite.
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