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Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Le vieux nègre. Ce vieux Méka. Retraité militaire de la première guerre mondiale. Nous rions de lui, au début. Nous rions de lui et de ses congénères. Au début. Tous ces pauvres hères que l'annonce d'une récompense “médaillante” faite à Méka, met en ébullition.
Méka. Homme entre deux âges que les colons catho ont transformés en "bon" chrétien, tout acquis à la cause religieuse. le vieux ne se sent plus de joie quand l'administration coloniale lui annonce sa prochaine décoration par "le chef des blanc".

Il avait eu la grâce insigne d'être le propriétaire d'une terre qui, un beau matin, plut au bon Dieu. Ce fut un père blanc qui lui révéla sa divine destinée. Comment pouvait-on aller contre la volonté de Celui-qui-donne ? Méka qui, entre-temps, avait été recréé par le baptême, s'effaça devant l'huissier du Tout-Puissant.

Dans la première partie de ce « Vieux nègre et la médaille » de Ferdinand OYONO, nous avons le portrait caustique des habitants de Doum, ainsi que leurs voisins, dont la naïveté de nègres colonisés montant en épingle la "reconnaissance de l'ami blanc" nous tire des sourires condescendants.
Nous sourions, nous, lecteurs avachis dans nos moelleux conforts de lettrés occidental – ou assimilés –, à des année-lumières de ces réalités. Nous sourions, en imaginant cette société ancienne qui marie Kélara à Méka avec une décontraction qui révulse

"Voilà ta femme, lui avait-il dit. Tu pourras venir la chercher quand elle sera à point"

Nous sourions, imaginant Engamba, le beau-frère, ainsi que son épouse Malia, marcher nuit et jour vers Doum afin de participer à la gloire du médaillé

- Et toi, ici, intervint Mbogsi, s'il t'arrive quoi que ce soit, il te suffira de dire au commandant que tu es le beau-frère de celui qu'est venu décorer le Chef des Blancs
- ça, c'est la vérité, ponctua l'étranger. Ta famille, tes amis, les amis de tes amis seront désormais des privilégiés. Il leur suffira de dire : "je suis l'ami de l'ami du beau-frère de Méka" pour que toutes les portes leur soient ouvertes. Moi-même qui vous parle, je me sens un peu décoré...

Nous sourions, en imaginant Méka dans sa veste trop grande, taillé "à la mode de Paris" par Ela ventru et grossier, auto-proclamé maitre-couturier.

Nous sourions. Jaune. Agacement et grimace devant cette seconde partie du livre qui nous met mal à l'aise, mal dans nos baskets de noirs à la culture mondialisé, devant ces africains trainés dans la boue par la froide administration coloniale.

(Suite sur http://loumeto.com/ecrire/?exec=articles&id_article=353)
Lien : http://loumeto.com/ecrire/?e..
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le vieux nègre et la médaille » est ce genre de livre dont on se délecte tant est fluide l'écriture, omniprésente l'humour et éclairante la compréhension que l'on a, in finé, des vies coloniales. C'est un livre qui nous remet au coeur de l'injuste de ces années dont la banalité quotidienne, violente, se perd déjà dans le brouillard du temps. Retour ligne manuel
Une grande oeuvre, dont le propos n'a pas vieilli – ce qui participe peut-être au malaise du lecteur – et qui constitue un de ces ciment du souvenir dont les hommes ont besoin que jamais l'histoire ne se répète. Voeux pieu.

http://www.agoravox.fr
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Meka est converti au christianisme par des missionnaires du "pays des Blancs" a.k.a. la France. Oyono dépeint un homme aliéné dans sa chair et dans son esprit. Il a tout perdu. Et pourtant l'insipide consolation que lui accordent les français en l'appelant "ami", qui n'est que piètre récompense aux yeux du lecteur, est source d'admiration de la part des badauds...

Ce court récit rend compte de la réalité de l'ère coloniale. L'Indirect Rule, la désorganisation des sociétés africaines (transformation des institutions politiques traditionnelles au profit de chefs de cantons souvent roturiers ou anciens esclaves, opposition à la passation héréditaire du pouvoir et destruction du caractère sacro-saint du pouvoir traditionnel)...
L'auteur nous propose une comédie quasi burlesque.

Une autodérision intelligente et une critique évidente de l'occupant.
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Roman plaisant.
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Après avoir terminé le vieux nègre et la médaille, j'ai relu la présentation qui en est faite et je me suis demandé si j'avais lu le même livre.
"l'homme bafoué et meurtri apprend comment on passe du ressentiment et de la colère à la lutte pour la justice". Je n'ai vu aucune lutte pour la justice. Contraste noir-blanc d'accord, "vigueur sympathique et un sourire intelligemment désinvolte" encore d'accord car le récit est bien vivant et nous fait souvent sourire, mais le livre ne se moque pas que des Blancs : il y a pas mal de piques dirigées contre les Noirs également. Contre ceux qui veulent profiter de la gloire de Meka, du rassemblement au village pour picoler du vin de palme malgré les mésaventures de Meka.
En fait ce livre m'a plus jusqu'à la cérémonie de remise de la médaille, car le récit est une très bonne description de la vie au village et des relations entre les habitants. Ensuite je n'ai pas aimé.
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