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C'est l'histoire de Neka, un vieux nègre, qui a donné ses terres et ses deux enfants, comme soldats aux Blancs. Il a tout perdu, aussi pour le remercier et le récompenser le Chef (le haut Commissaire) lui offre une médaille et lui promet qu'il sera traité comme un Blanc (promesse d'une grande amitié). Neka y croit mais il va très vite se rendre compte que ce n'était que des illusions. Neka va ainsi se révolter...
Anaëlle, 2A
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Le vieux nègre. Ce vieux Méka. Retraité militaire de la première guerre mondiale. Nous rions de lui, au début. Nous rions de lui et de ses congénères. Au début. Tous ces pauvres hères que l'annonce d'une récompense “médaillante” faite à Méka, met en ébullition.
Méka. Homme entre deux âges que les colons catho ont transformés en "bon" chrétien, tout acquis à la cause religieuse. le vieux ne se sent plus de joie quand l'administration coloniale lui annonce sa prochaine décoration par "le chef des blanc".

Il avait eu la grâce insigne d'être le propriétaire d'une terre qui, un beau matin, plut au bon Dieu. Ce fut un père blanc qui lui révéla sa divine destinée. Comment pouvait-on aller contre la volonté de Celui-qui-donne ? Méka qui, entre-temps, avait été recréé par le baptême, s'effaça devant l'huissier du Tout-Puissant.

Dans la première partie de ce « Vieux nègre et la médaille » de Ferdinand OYONO, nous avons le portrait caustique des habitants de Doum, ainsi que leurs voisins, dont la naïveté de nègres colonisés montant en épingle la "reconnaissance de l'ami blanc" nous tire des sourires condescendants.
Nous sourions, nous, lecteurs avachis dans nos moelleux conforts de lettrés occidental – ou assimilés –, à des année-lumières de ces réalités. Nous sourions, en imaginant cette société ancienne qui marie Kélara à Méka avec une décontraction qui révulse

"Voilà ta femme, lui avait-il dit. Tu pourras venir la chercher quand elle sera à point"

Nous sourions, imaginant Engamba, le beau-frère, ainsi que son épouse Malia, marcher nuit et jour vers Doum afin de participer à la gloire du médaillé

- Et toi, ici, intervint Mbogsi, s'il t'arrive quoi que ce soit, il te suffira de dire au commandant que tu es le beau-frère de celui qu'est venu décorer le Chef des Blancs
- ça, c'est la vérité, ponctua l'étranger. Ta famille, tes amis, les amis de tes amis seront désormais des privilégiés. Il leur suffira de dire : "je suis l'ami de l'ami du beau-frère de Méka" pour que toutes les portes leur soient ouvertes. Moi-même qui vous parle, je me sens un peu décoré...

Nous sourions, en imaginant Méka dans sa veste trop grande, taillé "à la mode de Paris" par Ela ventru et grossier, auto-proclamé maitre-couturier.

Nous sourions. Jaune. Agacement et grimace devant cette seconde partie du livre qui nous met mal à l'aise, mal dans nos baskets de noirs à la culture mondialisé, devant ces africains trainés dans la boue par la froide administration coloniale.

(Suite sur http://loumeto.com/ecrire/?exec=articles&id_article=353)
Lien : http://loumeto.com/ecrire/?e..
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Le Vieux nègre et la médaille" est un roman de l 'écrivain camerounais Ferdinand Oyono ( 1929-2010 ) .Ce dernier a fait des études à Paris , a étudié le droit et fait Sciences-Po .
le roman relate l 'histoire de Méka , un Africain modeste et humble .Dans une langue chaleureuse et truculente ,l 'auteur brosse son portrait et on apprend que l 'administration coloniale a décidé de le récompenser pour le service rendu à la Patrie ( la France ) .Il a tout donné à ce pays où deux de ses fils sont morts au champ de bataille pour la France et a offert une partie de ses terres à l 'église catholique ."Le Vieux Nègre et la médaille"est un livre dont on se délecte tant est fluide l 'écriture .Un peu moins de 200 pages qui se lisent facilement d 'une traite où on s 'amuse des mésaventures de Meka qui subit et voit ce qu 'il advient lors qu 'on se frotte aux Blancs .
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Un tout petit moins de 200 pages qui se lisent très facilement, d'une traite où on s'amuse des mésaventures de ce pauvre Meka qui subit et voit ce qu'il advient lorsqu'on se frotte aux Blancs. Mais la description de la vie indigène juste avant l'indépendance est un régal qui prête à rire et à sourire sous couvert d'une critique plutôt légère du système colonial. On palabre beaucoup, du moins entre les hommes car les femmes sont au marigot à travailler. On s'invite chez des parents dont le linéage se perd pour manger du singe ou de la vipère sans oublier ses prières à Jesous Cristous. Et on se rappelle l'époque bénie où l'homme blanc (homme fantôme) n'existait pas, où on était respecté de tous entouré d'une multitude de femmes prévenant le moindre de vos désirs, et où les catéchistes n'étaient pas là pour diriger votre vie …
Ce n'est vraiment pas un livre manifeste ni revendicateur … mais le contraste blanc-noir est amené de manière si désinvolte qu'à la fin, je ne saurai dire qui est le plus ridicule ou hilarant …
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le vieux nègre et la médaille » est ce genre de livre dont on se délecte tant est fluide l'écriture, omniprésente l'humour et éclairante la compréhension que l'on a, in finé, des vies coloniales. C'est un livre qui nous remet au coeur de l'injuste de ces années dont la banalité quotidienne, violente, se perd déjà dans le brouillard du temps. Retour ligne manuel
Une grande oeuvre, dont le propos n'a pas vieilli – ce qui participe peut-être au malaise du lecteur – et qui constitue un de ces ciment du souvenir dont les hommes ont besoin que jamais l'histoire ne se répète. Voeux pieu.

http://www.agoravox.fr
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ceci est une oeuvre a lire absolument
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Une médaille pour Meka. Au nom de quoi ? Peu importe l'objet dans ce récit qui s'attache à narrer ce que cela représente (ou ce qu'il imagine) pour le récipiendaire. En effet, Meka est un vieil indigène qui reçoit ce geste de reconnaissance d'un colon, d'un Blanc.

Ainsi, il devient quelqu'un, un grand homme pour les siens, mais est-ce assez pour être perçu comme l'ami des Blancs, et se croire l'ami des Blancs ? Assez pour "trainer" dans le quartier de ces Blancs sans être inquiété, notamment par les gardes, jeunes et indigènes, comme lui ?

C'est l'enjeu principal de ce roman qui brosse le portrait biaisé de deux communautés qui se tiennent à distance. Ferdinand Oyono pointe également du doigt les travers de ces indigènes qui accordent une importance démesurée à cette " valorisation" du puissant du moment. Dommage que la description des manifestations y afférentes alourdisse le propos.
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Meka, homme d'âge mûr, vétéran de guerre, dont les deux fils ont perdu la vie en combattant pour la France, a été désigné pour recevoir une médaille que le grand Chef des blancs en personne viendra lui remettre lors des cérémonies du 14 juillet qui se dérouleront dans la ville la plus proche de Doum, son village. Une reconnaissance pour cet homme que les Blancs considèrent non seulement comme un ami grâce à son engagement dans l'armée française, mais aussi comme un bon chrétien, depuis qu'il a donné ses terres aux prêtres de la Mission catholique de Doum. Assistant par ailleurs à l'office chaque dimanche, il s'autorise malgré tout de régulières incursions chez Mami Titi pour y boire de l'alcool interdit par l'église, mais qui soulage tellement ses rhumatismes... et puis le curé lui-même, à confesse, a affirmé qu'il n'y a pas de mal à se faire du bien, tant qu'on ne verse pas dans l'excès...

Le bouche-à-oreille ayant fait son oeuvre, la rumeur de la gratification de Meka court de village en village, jusqu'à celui de son beau-frère Engamba, qui, pour assister à la cérémonie, prend aussitôt la route, à pieds, accompagné de sa femme et d'un bouc à offrir au futur médaillé. L'annonce a mis en émoi toute la zone alentour : côtoyer Meka, ne serait-ce qu'à titre de connaissance, sera désormais l'assurance de jouir de privilèges et d'un certain respect. La veille de la cérémonie, la case du vieil homme et de sa femme n'est pas assez grande pour accueillir les amis, parents et voisins, qui s'y sont invités à manger et dormir.

Après la remise de la médaille, dans des circonstances éprouvantes pour notre héros qui a dû supporter une longue attente sous le soleil, chaussé de mocassins inadaptés à ses pieds déformés et tiraillé par une envie pressante, son état d'esprit bascule... le mépris à peine dissimulé qu'il suscite chez certains blancs alors présents, l'hypocrisie et l'infantilisation qu'il est soudain conscient de subir, le plombent d'une amertume qu'exacerbe l'arrestation dont il est la victime suite à un malentendu. Il réalise alors l'injustice qui les touchent, lui et les siens, et le chemin qui a été parcouru depuis la génération qui les a précédés : lui, l'héritier d'une grande lignée, dont le père a combattu les blancs, est devenu non seulement leur larbin, mais s'est en plus montré prêt à recueillir dévotement les miettes d'une reconnaissance fondée sur sa soumission et son renoncement à sa culture, à ses valeurs, à son mode de vie.

D'une écriture limpide, en un enchaînement d'épisodes vivants, dépaysants et souvent truculents, mettant en scène des personnages haut en couleur, aussi prompts à rire qu'à se lamenter, Ferdinand Oyono donne à son récit des allures de conte, dont la morale, plutôt que d'être édictée, émane naturellement des faits qui sont relatés.

Publié en 1956, au début des événements menant à l'indépendance camerounaise que la République Française comme celle du Cameroun refusent de désigner par le terme de "guerre", malgré les milliers de morts qu'ils provoquèrent, "Le vieux nègre et la médaille" rencontra à sa sortie un succès bien mérité.
Lien : https://bookin-ingannmic.blo..
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Un vrai chef-d'oeuvre ce livre qui figure parmi les premiers qui ont ouvert la porte de la littérature africaine.
En pensant à niveau à le vieux nègre et la médaille de Ferdinand Oyono, je ne peux m'empêcher de penser à Les bouts de bois de Dieu ou le mandat de Ousmane Semene, Ville cruelle d'Eza Boto, L'étrange destin de Wangrin de Amadou Hampâté Bâ et bien d'autres...
Une belle écriture où l'humour reporté sur l'ignorance du nègre, un honneur se transforme en de grandes humiliations, ensuite progressivement on verra monter et s'enraciner l'esprit de révolte.
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no lu
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