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Critique de oiseaulire


Cette conférence d'Amos Oz bénéficie d'une belle préface de Delphine Horvilleur, pour laquelle j'ai une immense estime.

Amos Oz nous livre une méditation sur Judas et la façon dont l'imaginaire occidental a cristallisé sur sa figure la haine du juif en tant que traître.

Il propose une autre interprétation du personnage de Judas, aussi redoutable à mon sens : celle du fanatique qui aurait voulu que le royaume des cieux se réalisât sur terre et aurait poussé Jésus vers son supplice.

Supplice qui aurait révélé que Jésus n'était qu'un homme. Ce qui n'est pas gênant, puisque, dans le christianisme, la divinité du Christ peut être interprétée dans sens allégorique. Est-il d'ailleurs imaginable et même utile qu'il en soit autrement ?

Amos Oz, ardent défenseur d'une cohabitation pacifique entre juifs et Palestiniens, ne peut qu'être sensible à ces deux thèmes : le fanatisme qui empêche la réconciliation ; la trahison, lui qui fut considéré comme traitre à leur cause par les juifs conservateurs.

Cette approche est intéressante. Pourtant je ne suis pas convaincue par l'idée que la figure de Judas soit à elle seule la cause de l'antisémitisme. Elle s'est trouvée là pour la focaliser, c'est vrai.

Mais considérant que Jésus et les apôtres étaient juifs et que la dénomination "chrétiens" ne leur a été apposée qu'à postériori pour qualifier une nouvelle approche religieuse et administrative en Occident, je demeure perplexe.

Je suspens toutefois mon jugement car Amos Oz a consacré sa vie à cette question, et je le crédite de meilleures connaissances que moi, théoriques et sur le terrain.

Un bon livre, donc, qui gagne à avoir été accompagné par une présentation de Delphine Horvilleur, elle aussi en but à l'accusation de trahison par une grande partie de la communauté juive. Car encore aujourd'hui, à peine si c'est concevable, les trois monothéismes excluent très majoritairement les femmes des fonctions de représentation officielle et de prêtrise.

Juifs et femmes, les traîtres éternels...

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