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Critique de Colchik


On sent qu'il y a chez Mona Ozouf une dette à l'égard de George Eliot dont la lecture lui avait été recommandée, alors qu'elle était encore une toute jeune fille, par son professeur de français, Renée Guilloux, la femme de l'écrivain du Sang noir.
Sait-on ce que va nous apporter une lecture – a fortiori un auteur – avant de nous être confrontés à la vie ? Lorsque nous découvrons un roman à l'adolescence, nous en aimons l'intrigue, les personnages. le temps passant, nous comprenons qu'il ne s'agit pas seulement de personnages mais de situations plus ou moins transposables à celles que nous croisons au fil de l'existence. Puis, sans doute s'opère-t-il une sorte d'alchimie entre l'auteur et le lecteur et, qu'au-delà du destin de la Maggie Tulliver du Moulin sur la Floss, ou de la Dorothea de Middlemarch, ou encore de la Gwendolen de Daniel Deronda, nous apparaît l'empreinte qu'a laissée le premier sur le second. Non pas que nos actes aient été gouvernés par la vision du monde d'un écrivain mais que, nous arrêtant un moment, nous nous soyons dit qu'il ou elle avait exactement compris ce que l'on pouvait ressentir face à certaines situations. Alors nous pouvons parler de « dette » au sens où l'on est redevable à un autre de nous avoir aidés à comprendre quelques fragments du monde qui nous entoure.
L'autre George est donc né de ce moment où l'on s'arrête, où l'on gratte de l'ongle un coin de la mémoire pour y trouver la trace laissée par une femme, cette Marian Evans devenue George Eliot. le talent de Mona Ozouf n'est pas tant dans l'analyse des oeuvres de l'écrivain – elle a sans doute plus tendance à raconter qu'à révéler ce qui en fait la richesse – que dans ce qu'elle dit de sa vie, de son érudition, de la place faite aux femmes dans l'Angleterre victorienne. J'ai aussi trouvé très intéressant le parallèle que Mona Ozouf fait entre les deux George, George Sand et George Eliot, se gardant d'enfermer chacune dans des stéréotypes.
Dans son introduction, Mona Ozouf évoque un libraire de Saint-Brieuc, Monsieur Basquin, chez qui sa mère et elle commandaient des livres. Juste hommage rendu à cet homme et à sa librairie qui habitent la mémoire des Briochins ou de ceux qui ont suivi leurs études secondaires dans cette ville, ce qui fut mon cas. Il n'y a pas d'amour des livres sans passeurs. Merci Mona de le rappeler.
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