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Critique de Fandol


Quand je referme Poussière dans le vent, impressionnant roman de Leonardo Padura, je le fais avec regret même si la lecture en a été un peu longue.
Je termine ainsi de belles pages d'une aventure collant au plus près à la vie des Cubains, de Cuba et d'ailleurs. Sur les pas de Clara, Darío, Horacio, Bernardo, Irving, Walter, Joel qui formaient ce fameux Clan, l'auteur de L'Homme qui aimait les chiens, un précédent roman que j'avais adoré, retrace amour, amitié, haine, jalousie, drames, mais aussi vie sociale, misère, émigration, histoire d'un pays où une dictature a été renversée pour instaurer une révolution se voulant égalitaire sans pouvoir éviter la domination d'une caste privilégiés et les trafics en tous genres.
Il faut dire que la rupture avec le géant voisin tout puissant, dès 1960, n'a rien arrangé, Cuba se liant avec le monde soviétique, jusqu'à la chute du Mur de Berlin, en 1989.
Au travers des problèmes rencontrés par Clara et ses amis, Leonardo Padura m'a fait prendre conscience des souffrances endurées, de la misère, de la faim, alors qu'en même temps, la jeunesse poursuivait de brillantes études comme Ramsés et Marcos, les enfants de Clara et Darío le prouvent.
S'il découpe son récit en dix grandes parties, l'auteur alterne les époques, revient en arrière, explique, ménage le suspense jusqu'au bout. Ainsi, il permet de comprendre pourquoi de nombreux Cubains ont tenté de fuir leur île à laquelle ils sont profondément attachés. Où qu'ils aboutissent, cet amour-haine persiste toujours, même lorsque Barack Obama rétablit le contact entre les deux pays, embellie que son successeur s'empressera de gâcher, hélas.
L'essentiel du problème qui hante le livre de la première à la dernière ligne est concentré chez une certaine Loreta Fitzberg, mère d'Adela. Cette Loreta est une vétérinaire passionnée par les Cleveland Bay, une race chevaline unique, et elle est responsable d'un ranch, bien loin de Cuba, The Sea Breeze Farm, près de Tacoma (USA). Ringo, son cheval favori, âgé de 26 ans, est sur le point de mourir quand elle apprend que sa fille de 17 ans est amoureuse du jeune Marcos, un fan de base-ball, qui a réussi à fuir Cuba et vit en Floride, à Hialeah où la majorité des exilés cubains vivent comme à Cuba mais avec des supermarchés pleins !
Pourquoi Loreta est furieuse d'apprendre que sa fille fait l'amour avec un Cubain ? Il faut que Clara ouvre un compte Facebook, demande son fils, Marcos, comme ami, puis Darío, son père, Ramsés, son frère, et que Clara poste une photo de groupe prise à la maison familiale de Fontanar, à La Havane, pour que se déclenche une avalanche de révélations.
En effet, au premier plan, sur cette photo, une certaine Elisa, mariée à Bernardo qui vit maintenant avec Clara, est enceinte mais a disparu après cette fameuse photo prise en 1990.
À partir de là, Leonardo Padura dont j'avais aussi beaucoup aimé La transparence du temps et Retour à Ithaque, m'a fait vivre quantité d'aventures, de rebondissements, de tensions, de scènes d'amour torrides qu'elles soient hétéro, lesbiennes ou homo. Il m'a surtout plongé au coeur de la misère, des privations, des souffrances endurées par tout un peuple obligé de se débrouiller, d'espérer recevoir de l'argent des émigrés ayant réussi à gagner les États-Unis, le Mexique ou l'Espagne.
En même temps, une surveillance policière permanente basée sur le mouchardage, le système des indics, crée une atmosphère pesante dans les familles ou les groupes d'amis comme dans ce Clan formé autour de Clara.
Ainsi va la vie de ces personnages auxquels je m'attache de plus en plus, comme de la poussière dans le vent, Dust in the wind, fameuse chanson de Kansas, interprétée par Steve Walsh.
Avec les États-Unis, l'auteur m'emmène en Espagne, à Madrid, à Barcelone mais aussi en Italie, à Toulouse, s'appuyant toujours sur une documentation précise, jamais lassante, toujours très instructive.
Leonardo Padura m'a ramené à Cuba où il vit, une île où, hélas, je n'ai pas pu rester assez longtemps à cause du covid, un pays que je commençais à vraiment apprécier. Hélas, les confinements successifs dus à la pandémie dont nous ne sommes toujours pas débarrassés ont donné un coup terrible au tourisme qui permettait à beaucoup de Cubains de vivre et j'ai appris qu'ensuite, la faim, l'absence de nourriture en quantité suffisante causait à nouveau de gros problèmes.
Cela n'a pas empêché Cuba d'envoyer de nombreux médecins dans certains pays qui en manquaient grâce à l'excellence de la formation donnée sur l'île, formation que Leonardo Padura ne manque pas de souligner.
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