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Citations sur Une enquête de Mario Conde : Les brumes du passé (115)

Malgré quelques aménagements récents, le vieux quartier chinois de la Havane était toujours un endroit sordide et oppressant où pendant des décennies s'étaient entassés les Asiatiques arrivés dans l'île avec le vain espoir d'une vie meilleure et même le rêve, vite assassiné, de s'enrichir. Même si au cours des dernières années les anciennes sociétés chinoises, de plus en plus obsolètes, avaient retardé leur prévisible mort naturelle en se transformant en restaurants - leurs plats gras étaient à des prix de moins en moins modiques - qui avaient donné une vie et une ambiance au quartier, la géographie de la zone continuait à exhiber, presque avec cynisme, une furieuse détérioration...Ces vieux édifices du début du XXe siècle, dont beaucoup transformés en solares où s'entassaient plusieurs familles, avaient oublié depuis longtemps l'éventuel charme qu'ils avaient sans doute eu un jour et, dans leur décadence irréversible, ils offraient un panorama de pauvreté compacte, Noirs, Blancs, Chinois et métis de tout sang et de toute croyance cohabitaient là dans une misère qui ne faisait aucune distinction entre les nuances de couleur et les origines géographiques, les rendant tous égaux et les poussant à une lutte pour la survie qui les rendait généralement agressifs et cyniques, comme des êtres désormais étrangers à toute forme d'espoir.
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L'évaluation des livres prit une demi-heure, pendant laquelle ils burent deux cafés et, grâce à l'opiniâtreté de Condé, ils se mirent d'accord sur un chiffre qui leur sembla satisfaisant pour tout le monde. Quand le Conde prit place sur le canapé, Yoyi le Palomo préféra rester près de l'une des fenêtres aux verres de couleur, comme le boxeur qui attend dans le coin neutre la fin définitive du comptage ou le signal de la reprise du combat. Le frère et la soeur Ferrero s'installèrent dans les fauteuils et le Conde trouva pathétique la nervosité évidente de leurs gestes ; il pensa que la faim et les principes, la misère et la dignité, les privations et l'orgueil étaient des couples difficiles à marier.
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page 85
[...] La Havane, c’était de la folie : je crois que c'était la ville la plus vivante du monde. Paris ou New York, de la merde, oui ! Beaucoup trop froides ... Pour la vie nocturne, il n'y avait pas mieux qu'ici. C'est vrai qu'il y avait des putes, la drogue, la mafia, mais les gens s'amusaient et la nuit commençait à six heures du soir et ne finissait pas. Tu t'imagines, dans une même nuit tu pouvais prendre une bière à huit heures en écoutant les Anacaonas aux Aires Libres sur le Prado, dîner à neuf heures avec la musique et les chansons de Bola de Nieve, puis t'asseoir au Saint-John pour écouter Elena Burke, ensuite aller dans un cabaret pour danser avec Benny Moré, ou avec les groupes Aragon, Casino de Playa, Sonora Matancera, te reposer un moment en savourant les boléros d'Olga Guillot, de Vicentico Valdés, de Nico Membiela ... ou aller écouter les jeunes du feeling, José Antonio Méndez avec sa voix rauque, César Portillo et, pour finir la nuit, à deux heures du matin tu pouvais faire un saut à la plage de Mariano pour assister au spectacle du Chori frappant sur ses timbales, et toi, là, comme si de rien n'était, assis entre Marlon Brando et Cab Calloway, à côté d'Errol Flynn et de Joséphine Baker. Et après, si tu n'étais pas complètement mort, tu pouvais descendre à La Gruta, là sur la Rampa, pour te retrouver au lever du jour, emporté par le jazz de Cachao, Tata Güines, Barreto, Bebo Valdès, le Noir Vivar et Frank Emilio qui faisaient un bœuf avec tous ces fous qui étaient les meilleurs musiciens que Cuba ait jamais eus ! Ils étaient des milliers, la musique était l'atmosphère et elle était à couper au couteau, il fallait l'écarter pour pouvoir passer ... Et Violeta del Rio faisait partie de ce monde ... [...]
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― Mais qu’est-ce que tu fais ici ? demanda-t-il quand il essaya de trouver le second oreiller qui se mit à remuer. Qui t’a invité à dormir dans ce lit ?
Pour toute réponse, Poubelle souleva une patte, exigeant une main pour gratter son ventre encore arrondi par la nouvelle ration de restes offerte par son maître. (p.127)
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La conviction que le monde pouvait être un champ de bataille mais qu'une bibliothèque était un terrain inviolablement neutre et collectif s'était enraciné dans son esprit comme un des apports les plus beaux de sa vie.
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... Tu sais bien qu’on vit dans la jungle. Dès que tu sors de ta coquille, tu es entouré de vautours, de gens décidés à te baiser, à te piquer ton fric, à sauter ta nana, à te dénoncer et à te voir te fracasser la gueule pour gagner des points et grimper un peu... Y a un paquet de gens sur le point de se barrer, pour ne plus se compliquer la vie, et la majorité veulent se tirer, prendre le large, même si c’est pour Madagascar. Et les autres, qu’ils aillent se faire foutre... sans trop attendre de la vie.
― Ça ne ressemble pas beaucoup à ce que disent les journaux, remarqua le Conde pour l’asticoter et le faire réagir, mais Yoyi fut plus rapide.
― Quels journaux ? Une fois j’en ai acheté un pour me torcher le cul et il me l’a laissé tout dégueulasse, je te jure... (p.83)
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Le jour s'est levé sous la pluie. C'est une pluie douce mais persistante, comme si le ciel pleurait et, dans sa douleur, n'avait aucune intention de s'arrêter. (p. 89)
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Les premières heures de la matinée et les dernières de l'après-midi étaient généralement les plus fertiles pour les vendeurs de livres anciens (...)
Cette foule confuse-fonctionnaires, petits commerçants, retraités, économes, vieux militants désormais sans militantisme mais obstinés à voir de leurs propres yeux l'ultime bastion du socialisme le plus pur, mélangés aux fantoches de tout acabit, convaincus par d'habiles voyagistes que Cuba était un paradis bon marché- avait tendance à s'adonner à d'autres passions plus élémentaires, sensuelles, climatiques et parfois même idéologiques, bien différentes de la bibliophilie. (Métailié, collection Suites, 2009, p. 73)
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Cette Chevrolet construite en 1956, modèle Bel Air, à quatre portes, avec des vitres sans montants, était considérée par les experts comme un des véhicules les plus « machos » qui roulaient dans les rues dévastées de la Havane. La conduire, enclencher avec douceur le levier de vitesse horizontal et entendre le mariage harmonieux de sa vitesse et de sa puissance, la sentir glisser, lourde, sûre, orgueilleuse, recevoir les bouffées d’air qui entraient par ses larges fenêtres comme des sourires de bonheur était pour Yoyi el Palomo la sensation la plus proche de son expérience du paroxysme érotique. (p.80)
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- Et pourquoi il y a tant de gamins maintenant qui veulent être rastafaris, rockers, rappeurs et même musulmans, qui s'habillent comme des clowns, se maltraitent en s'accrochant plein d'anneaux et en se couvrant de tatouages jusqu'aux yeux ? Pourquoi ils sont si nombreux à se shooter aux drogues les plus dures, à devenir putes, souteneurs, travestis, et à utiliser des crucifix et des colliers de santeria alors qu'ils ne croient même pas au con de leur mère ?
Pourquoi il y a tant de cyniques qui jurent une chose mais croient à une autre, et autant qui calculent ce qu'ils peuvent voler pour se procurer de l'argent sans trop travailler?
Pourquoi ils sont si nombreux à vouloir quitter le pays ?
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