L'Erebus - Vie, mort et résurrection d'un navire

Brisbane fut un officier de marine plein de ressources quoique malchanceux: il avait survécu à trois naufrages en construisant des chaloupes à partir des débris des épaves.

Ce fut le dernière fois qu'on vit le navire.

Depuis les années 1760, la Marine royale utilisait ce procédé pour tenter de prévenir les ravages des tarets, les "termites de la mer" qui creusaient leurs galeries dans les bois et les dévoraient de l'intérieur. Le doublage en cuivre annonçait un départ imminent.

Armée en 1823, le " navire de Sa Majesté " Erebus fut le dernier vaisseau de guerre de type bombarde. Utilisées d'abord par les Français, puis les Anglais à la fin de XVII siècle, les bombardes transportaient des mortiers capables d'expédier des obus dévastateurs par-dessus des défenses côtières, ce qui permettait d'éviter un débarquement risqué.

Il se dresse avec fierté, si près de la surface qu'à une époque ses deux plus haut mâts devaient percer les vagues. À l'exception de la partie arrière qui a été emboutie par une collision, sa coque est intacte. Des lianes de varech, une grande algue brune, tapissent les contours de la charpente comme des bandages trop lâches. Ses trois mâts ont été brisés, de même que le beaupré. Des morceaux reposent parmi les débris éparpillés autour de l'épave. On y trouve aussi, à moitié ensevelis dans le sable, deux de ses hélices, huit ancres et une partie du gouvernail. Un certains nombre de poutres maîtresses qui traversent la coque semblent toujours solides, bien que la plupart des planches au-dessus d'elles aient été arrachées, ce qui lui donne l'apparence, vu au-dessus, d'un poisson dont on n'aurait levé qu'un filet.

Après tout, nous venons de la mer et, comme le président Kennedy le dit un jour: " Nous n'avons du sel dans le sang, dans notre sueur, dans nos larmes. Nous sommes liés à l'océan. Et quand nous retournons à la mer..., nous retournons d'où nous venons."

Ce faisant, il effectua, le levé de la côte occidentale d'une péninsule située au sud, qu'il baptisa Boothia Felix et qui sera réduit, plus tard à Boothia. Cette péninsule n'en demeure pas moins la seule à avoir été baptisée en l'honneur d'une marque d'alcool.