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Citations sur Le Quinconce, tome 2 : Les Faubourgs de l'enfer (10)

A mesure que nous approchions, les rues devenaient de plus en plus miséreuses, et notre accablement de plus en plus prononcé. Une odeur prenante, nauséabonde, provenant d'une brasserie proche, envahissait tout le quartier. A chaque coin de rue je voyais un cabaret, et, dans les caniveaux, des hordes d'enfants demi-nus tendaient la main pour nous demander l'aumône sitôt qu'ils voyaient nos atours, de humbles hardes à la vérité, qui dans ce canton pouilleux attiraient l'attention. Ce qui me frappait, ce n'était pas tant les guenilles sur le dos des passants, que leurs visages livides, cireux, leur peau horriblement grêlée, et leur regard, qui chez beaucoup semblait vide, comme si ces êtres étaient frappés de stupeur. Je voyais bon nombre de nez boursouflés, d'yeux caves, et souvent nous croisions des gens à la poitrine creuse, aux épaules affaissées, aux jambes arquées.
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Vers la fin de l'après-midi, souvent, ma mère sortait pour se mettre en quête d'un emploi. Alors un livre entre les mains, je regardais les oiseaux sautiller sur l'avancée des toits, entre les pots des cheminées, tels de minuscules béquillards, avant de déployer leurs ailes pour prendre leur envol et s'effacer de mon champ de vision. Comme je les enviais !
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Cheminant dans la rue bordée de hautes maisons cossues au coin de laquelle nous nous tenons, l'allumeur de réverbères souffle dans ses mains afin de les réchauffer, puis reprend son échelle pour se porter vers le lampadaire suivant. Et tout au long de la rue naissent ainsi de minces pointes de lumière qui s'embrasent fugacement, en un brusque éclair, pour s'apaiser dans l'instant et ne plus répandre qu'une douce lueur.
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Le coche, qui sur la grand-route avançait à tire-d'aile, donnait l'impression, maintenant qu'il roulait dans les rues de la capitale, de n'être plus qu'un monstre disgracieux et lourdaud. Constamment, nous devions nous arrêter, immobilisés par d'autres véhicules, essuyant les quolibets des cochers. Parfois, aussi, aux croisements, nous manquions de peu un piéton qui pour traverser se précipitait devant nous. La voiture me faisait songer aux canards qui nageaient avec tant de grâce sur la mare de notre village, et se dandinaient si maladroitement dès qu'ils regagnaient la berge.
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 Je n'ai pas loisir de conter ici toutes les aventures que j'ai vécues, ni les étranges et multiples rencontres que je fis sur la grand-route : colporteurs et mendiants, besace à l'épaule, honnêtes travailleurs itinérants, soldats regagnant leurs foyers, marins mutilés, marchands forains en marche vers la foire annuelle de quelque grosse bourgade. Toute une demi-journée, je cheminai en compagnie d'un montreur d'ours.
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Elle ne cessait de se lamenter, de répéter que la fortune nous était contraire, et ces propos m'irritaient au plus haut point, car en mon for intérieur je pensais que nous avions fait preuve d'une folle légèreté en nous fiant à la première personne venue.
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 - Nous sommes en effet dans la circonscription de Westminster et Saint-Giles, reprit-il, le plus radical de tous les sièges.
- Pardi, fit Mr Pentecost, puisque tout le monde a le droit de vote, même les pauvres et les gredins !
- Ce qui est absurde, déclara Miss Quilliam.
Mr Silverlight tourna sa grosse tête pour la fixer d'un oeil désolé.
- Je suis navré de constater que vous désapprouvez le suffrage universel, dit-il.
- Je ne crois pas qu'on puisse confier le gouvernement de la nation à une populace qui n'est même pas capable de se gouverner elle-même, rétorqua-t-elle.
Cette façon de voir les choses amena Mr Silverlight à hocher tristement la tête, mais Mr Pentecost prit la parole :
- Il est sans importance d'avoir le droit de vote, déclara-t-il, puisque le pouvoir sera toujours entre les mains de ceux qui possèdent la richesse. Et par nécessité les intérêts de ces gens-là sont opposés à ceux de la masse. 
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 Orchard Street, où nous nous trouvions à présent, était l'une des principales artères de cet infortuné canton, et bien que ces maisons eussent été fort belles du temps où elles avaient été bâ ties, depuis des années elles servaient d'abri aux plus misérables des gueux. Les fenêtres étaient brisées, couvertes de papier ou colmatées de paille, les portes d'entrée avaient disparu, des gouttières, des tuyaux d'évacuation destinés aux eaux usées pendaient au petit bonheur sur les façades des édifices, des touffes d'herbe poussaient sous les auvents, et les toits avaient perdu leurs ardoises par pans entiers. Nous étions maintenant au coeur de l'après-midi et la rue affichait cet air maussade et grincheux des noceurs qui ont passé une nuit blanche à boire plus que de raison. 
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- Bon, une supposition que pendant quelques jours j'aie besoin d'un commis dégourdi pour porter mes messages et s'occuper du cheval. Une faveur que je vous ferais, quoi. Disons que pendant ce temps-là vous n'auriez pas de loyer à payer. Un prêté pour un rendu, quoi? Ca vous irait ?
J'acceptai d'un signe de tête.
- Cet homme-là, c'est la bonté même, me dit sa femme. Je l'ai vu renoncer à une journée de travail pour donner un coup de main à son frère, et tout ça pour des prunes. Tu sais, je crois que moi aussi je pourrais te trouver quelque chose à faire. Tu pourrais aller me chercher mon ouvrage et me l'apporter ici. La gamine est trop empotée pour rien faire de bon de ses dix doigts. 
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 Le sieur Espenshade se précipita vers moi mais je pus lui faire faux bond et m'élancer dans l'escalier. Il en dévalait pesamment les degrés que déjà je franchissais d'un saut la porte d'entrée ; une fois dehors, à toutes jambes je tournai le premier coin de rue, puis le suivant. Ma course éperdue me mena à un carrefour où, d'un coup d'oeil en arrière, je m'aperçus que j'avais toujours mon poursuivant sur les talons et que je ne pourrais le tenir à distance pendant bien longtemps ; aussi m'engouffrais-je dans une venelle noyée d'ombre, plaqué à plat dos contre la muraille et le coeur battant à tout rompre. A mon grand soulagement, le sieur Espenshade dans son fol élan n'eut pas le loisir de jeter un regard dans le renfoncement, qu'avec mille précautions je quittais au plus vite, n'ayant qu'une idée en tête, retrouver ma mère et lui barrer sans tarder le chemin du retour.
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