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sur 783 notes
sorte de journal contemporain d'une enfant juive russe autour de son arrivée en France, alors qu'à ses yeux rester en russie était possible. Son combat administratif de pouvoir récupérer son prénom original qui a été francisé est le fil rouge de son récit de migrante et de sa famille éclatée. C'est un livre très intéressant dont le style ne permet pas toujours de traduire l'intensité de cette histoire
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C'est donc de langue qu'il est question. La langue que l'on parle et celle dans laquelle on pense (qui ne sont pas toujours les mêmes), celle qui nous permet -ou pas- de communiquer avec les autres.
Mais la langue est en quelque sorte l'arbre qui cache la forêt. Etendard avec lequel on se présente au monde, elle focalise l'attention, suscite le jugement, éveille préjugés et fantasmes. Elle est en réalité la manifestation de ce qui à la fois l'englobe et la dépasse -ce qui fait un individu- ; elle témoigne d'où l'on vient.

L'auteure est encore une jeune enfant lorsqu'elle émigre en France avec ses parents juste après la chute de l'URSS. La famille s'installe à Saint-Etienne, demande sa naturalisation. Polina devient Pauline. Arrivée à l'âge adulte, désireuse de reprendre son prénom de naissance, elle se voit opposer un refus par le tribunal administratif.

Cette expérience initie une réflexion sur ce que révèle la décision de la justice française, qui considère le prénom français comme un gage facilitateur d'intégration. Elle la nourrit par une succession de souvenirs, épisodes relatant les difficultés à l'arrivée en France, et les étapes d'un parcours compliqué par la confrontation aussi bien intime que sociale entre culture du pays d'origine et culture du pays où l'on vit, qui se concrétise avec les allers-retours entre Saint-Etienne et la Russie où, lors des vacances, elle retourne voir ses grands-parents qui ont quitté l'appartement communautaire où vivait toute la famille pour une datcha à la campagne.

L'expérience traumatisante de l'entrée à l'école laisse déjà entrevoir ce qu'il lui faudra souvent affronter par la suite : les certitudes et les symboles que l'on projette sur elle du fait de ses origines, la manière dont on la réduit à l'histoire de son pays natal. Elle comprend assez vite la nécessité d'occulter une part de ce qu'elle est, pour se protéger des dangers de l'intolérance.

Elle devient Russe à l'intérieur et française à l'extérieur, Polina dedans et Pauline dehors.

Elle s'acculture peu à peu à sa nouvelle patrie, en partie grâce à la télévision et ses publicités, et surtout elle se collette avec cette langue qui n'est pas la sienne, en somatise -et c'est bien sûr l'organe de la parole qui fait alors des siennes-, puis l'apprivoise finalement d'autant mieux qu'elle lui demande un effort. Elle la triture, l'altère, l'investit jusque dans ses significations fluctuantes et dans ses ellipses.

L'aisance ainsi acquise transparait dans chaque page de son texte à l'écriture vive et drôle, par moments volontairement crue, Polina Panassenko jouant avec les sens cachés, les expressions qu'elle prend au pied de la lettre. Elle transforme la colère et les drames de sa vie en un matériau romanesque qu'elle parvient à rendre subtil et léger.
Lien : https://bookin-ingannmic.blo..
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Pauline, la Française, ne veut pas oublier Polina, l'enfant russe émigrée. Elle fait des démarches administratives afin de pouvoir utiliser ce prénom originel sur ses papiers officiels d'adulte Française. C'est l'occasion pour l'auteur de raconter le départ de Moscou, l'arrachement à la vie communautaire avec les grands parents maternels. L'histoire récurrente des changements de prénoms du côté de son père pour protéger, pour facilité l'intégration pour cacher la judéité.
En alternant passé et présent, Moscou et St Etienne, l'auteure parvient à dire la complexité de l'émigration, elle amuse et émeut en racontant son quotidien d'enfant et ses déboires de jeune femme. Les multiples réflexions sur la langue, l'origine et l'identité sont passionnantes, en particulier dans ces périodes de repli et d'exclusion que nous traversons.
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Ce roman est une merveille.
Ce roman est d'abord un bijou d'écriture. La plume de Polina Panassenko est directe, vibrante, perçante.
Ce roman est une magnifique ode aux racines, aux origines, à la famille.
Ce roman nous raconte comment une enfant immigrée se construit autour de deux cultures. de la complexité de conjuguer deux langues, deux modes de vie, deux attentes implicites.
Ce roman m'accompagnera longtemps, il mérite d'être lu et relu pour attraper tous les messages si émouvants.
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Ce titre malicieux, par les multiples sens que cet expression peut revêtir, est à l'image de ce court mais pétillant ouvrage. Il y a bien sûr ce thème du déracinement abordé par l'humour et la dérision ce qui aurait sans doute fait vibrer les moustaches du regretté Cavanna. Mais, ce témoignage est aussi et surtout un vibrant message d'amour à « ses » pays et à « ses » identités. Et l'identité, ça commence par un nom et un prénom. Alors, Pauline ou Polina, ce n'est pas du pareil au même, Germaine ! le plus surprenant dans ce récit est la maturité qui transparaît tant dans la clarté de son propos que dans sa construction littéraire. Répétons-le, ce livre est drôle. Pourtant, alors que nous sommes confortablement installés dans la gentille biographie décalée d'une jeune fille originaire de Russie qui découvre Saint-Etienne, ses « bosseignes » et ses « fouillas », voilà qu'un souvenir de deuil surgit et « l'opitalnor » fige notre sourire. Quelques lignes suivent, émouvantes, pudiques, puis le registre plus léger reprend force et vigueur. Ensuite, « Ne pleure pas Petrouchka » nous bouscule, l'ingrate Polina, égratigne la gentille maîtresse qui veut bien faire mais qui ne sait pas que Petrouchka, ça veut dire… Persil ! La même enseignante aurait sans doute chanté Nagawika à un petit péruvien ! C'est fou, tout de même, comme ces étrangers sont susceptibles voire grossiers même quand on est plein de bonne volonté. « Pauline, tout de même c'est mieux que Polina pour s'intégrer, non ? » Cette anecdote m'a rappelé ce que me disaient mes copains fils de harkis du Lodévois. Les autorités avaient francisé les prénoms des nouveaux nés. « Bruno, tout de même, c'est mieux que Mohamed pour s'intégrer, non ? » Certains ont conservé leur prénom français, d'autres ont entrepris une démarche pour récupérer le prénom dans lequel ils se sentaient le plus en harmonie avec leur identité ! En lisant ce livre, je me suis dit que décidément, dans notre Douce France, les leçons du passé ne sont pas toujours retenues ! Ou alors pas par tout le monde.
Bien malin celui qui peut affirmer si une grande écrivaine est née… La nature si particulière de l'autobiographie ne garantit pas que cet essai soit transformé (excusez cette image : je reste traumatisé par la mésaventure de Toto Ramos), mais, une sacrée grande dame et une impertinente et talentueuse artiste est née depuis un petit bout de temps, 1989, pour être précis.
Puisse-t-elle, longtemps, quelque soit le mode d'expression choisi, faire souffler un grand courant d'air revigorant sur la poussière grise de la bien-pensance ou les miasmes des aigreurs xénophobes.
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Bravo Polina, que mon correcteur d'orthographe veut absolument corriger en Pauline ! ! Si votre livre a su séduire un si large public c'est qu'il raconte avec une verve originale, le passage entre la culture russe et la culture française. La lectrice que je suis a été amusée car ce récit est plein d'humour, attendrie aussi par cette petite fille qui affronte la « maternelletchick » en France sans comprendre un seul mot de français, sauf « Sava » . Mais comment comprendre qu'avec le mot « hibou » on demande des nouvelles à quelqu'un ? (« sava » en russe veut dire hibou !) . J'ai été si triste lorsque Pauline a dû affronter le décès de sa maman et j'ai partagé son envie qu'elle retrouve son prénom russe Polina, car elle nous fait bien comprendre combien cette double appartenance est importante pour elle. Polina Panassenko nous fait découvrir la vie des ses grands parents très attachés à leur pays, le plaisir d'aller dans la datcha pour préparer les conserves pour l'hiver. Mais elle n'idéalise absolument pas leur vie, ils ont peur de tant de choses et, hélas ! tout s'achète à coups de pots de vin même la sortie de la morgue, la messe et l'enterrement.
Le passage d'une langue à l'autre est vraiment passionnant, la réalité russe se dit mal en français. Par exemple tant que son grand père est « mort » elle ne ressent rien mais lorsqu'il est « ymep » alors elle comprend qu'elle ne verra plus celui qu'elle a tant aimé.

Un superbe premier roman que beaucoup d'entre vous ont déjà lu. Je ne peux pas m'empêcher de me demander comment cette écrivaine vit aujourd'hui la guerre qui détruit l'Ukraine.
Lien : https://luocine.fr/?p=17192
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Un livre plaisant mais qui ne m'a pas transcendé. Je ne saurais dire vraiment pourquoi, il ne m'a pas plus embarqué...

La narratrice prend le prétexte d'une demande de changement de prénom pour nous raconter son arrivée en France de Russie. Son choc linguistique. La place de la langue maternelle versus la nouvelle langue.

Il y a de très beaux passages. Elle décrit très bien le choc entre ces langues, ce tiraillement entre 2 pays.

L'écriture est belle. Polina a une famille aimante mais frappée par de nombreux drames.

Bref c'est court, bien fait.



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"Tenir sa Langue" de Polina PANASSENKO est un court récit captivant qui explore les défis de la vie entre deux cultures et deux langues. L'auteure partage ses souvenirs d'une enfance à Moscou sous le régime communiste, empreinte de disette alimentaire et d'amour familial. Entre ses souvenirs, elle relate son intégration en France. le livre met en lumière les contradictions et les maladresses de l'administration française envers les immigrés, tout en questionnant ce que la France attend de ses ressortissants venus d'ailleurs. C'est une lecture à la fois drôle, touchante, insolente et grave qui offre un aperçu des complexités de l'identité et de l'intégration dans un monde de frontières et de langues.
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« Ce que je veux moi, c'est porter le prénom que j'ai reçu à la naissance. Sans le cacher, sans le maquiller, sans le modifier. Sans en avoir peur. »

Nous partons à la rencontre d'une famille russe ,qui choisit de venir vivre en France ,. L'objectif pour eux est de ce fondre dans la masse de cette nouvelle vie. Et ça commence par apprendre la langue, mais aussi avoir des papiers d'identité.
Lorsque les parents de Polina lui font faire des papiers , son prénom est francisé en Pauline.
Lorsque 20 ans plus tard Polina , souhaite utiliser son prénom d'origine , elle découvre que la loi française ne le permet pas. Elle est : « autorisée à » c'est une formule de politesse juridique, ça veut dire « obligée de » s'appeler Pauline et « interdit » de s'appeler Polina.
Elle est obligée d'engager un avocat et d'ouvrir une procédure en justice pour justifier son choix.
On découvre alors qu'elle porte le prénom de sa grand-mère paternelle , qui s'appelait Pessah ,était juive et qui dans un souci de protéger ses enfants dans les années de guerre , a fait changer son prénom en Polina. Un héritage magnifique, mais qui résonne encore à l'heure actuelle de façon toute contemporaine. La crainte d'être juif . D'être stigmatisé , d'être tué, enfermé..on connaît tous la suite .
Nous faisons des allers-retours entre la Russie et la France . Découvrant les coutumes , partageant le ressenti de ces personnes loin de leur patrie d'origine .

Tout dans ce roman a un rapport avec la langue . La langue maternelle. Tout ce qu'on pense et qu'on ne dit pas . Tout ce qu'on porte et qu'on ne peut partager . Tenir sa langue pour ne pas être découvert .
Un roman bouleversant et touchant qui a reçu a juste titre le Prix Femina 2022.
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Dans Tenir sa langue, l'auteure nous raconte ses états d'âme lors de sa recherche d'identité. Elle est arrivée toute petite fille lorsque ses parents ont quitté Moscou pour s'établir en France, mais tous les ans la famille retourne en Russie voir les grands-parents, en fait faire une espèce de pèlerinage aux sources.
Elle nous raconte sa découverte de la France, les petites anecdotes de l'école où elle ne comprend rien en arrivant, c'est parfois mignon, mais ça devient un peu répétitif.

A propos de se demande de changement de prénom, je cite ici deux extraits :
"Elle a peur que je lui mette ma langue dans la sienne et de ce que ça ferait. Elle a peur de ses propres enfants en fait. Franchement si on se léchait les langues, ça serait tellement mieux. Un bon baisodrome de langues ça détendrait tout le monde. Dans ma tête, il y a de la baise linguistique sur le banc de la salle d'audience du tribunal de Bobigny."

"Est-ce que c'est dans mon intérêt ? Est-ce que c'est dans mon intérêt ? P é t a s s e. Avec ta face de vieux hibou, là. Elle veut du Malraux au Panthéon ? Elle veut son appel du 18 juin ? Les Américains sur les chars qui entrent à Auschwitz. Bim ! Point Godwin ? Rien à foutre. Elle veut du Jean Moulin à Bobigny ? Je vais te les cuire moi tes carottes. Connasse."

Désolé mais je ne peux pas respecter quelqu'un qui s'exprime ainsi, non seulement c'est grossier mais ça ne veut pas dire grand-chose. "Les Américains sur les chars qui entrent à Auschwitz" est une phrase débile vu que c'est l'armée rouge justement qui a libéré le camp. En tant que Russe elle aurait pu au moins savoir ça. Et puis elle oublie que son prénom a été francisé lorsque son père a fait sa demande de naturalisation, c'était bien une démarche volontaire de sa part. Il aurait pu rester russe s'il tenait tant à ses origines.

Le livre est court, mais bien assez long car on s'en lasse avant la fin. Vous l'avez compris, je n'ai pas aimé et je ne conseille ce livre à personne.
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