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Citations sur La complainte des Ombres, tome 1 : Le maître horloger (9)

Avec des gestes fiévreux et malhabiles, il plongea sa main décharnée dans sa poche, son cœur battant à tout rompre dans sa poitrine. Il ne retrouva son calme qu’une fois qu’il eut senti entre ses doigts la fraîcheur réconfortante de sa vieille montre en argent. Pendant quelques minutes, son regard suivit avec appréhension la course infernale des aiguilles. Ce n’est qu’une fois que son cœur eut recouvré son rythme habituel qu’il se permit de caresser du bout des doigts le cadran en verre de la montre. L’espace d’une seconde, il ferma les yeux et se laissa porter par le tic-tac régulier de la trotteuse.
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(...) ce voyageur, trop heureux de réaliser qu’il n’était plus seul, gravirait quatre par quatre les marches effondrées du beffroi, jusqu’à parvenir au sommet, à bout de souffle. Là, il ouvrirait une lourde porte de fer, et l’espace d’un instant, il serait aveuglé par la faible luminosité ambiante. Puis il observerait la pièce et n’y verrait qu’un cimetière pour horloges et montres brisées. Écrasant de ses bottes couvertes de neige des milliers de cadrans, d’aiguilles et d’engrenages, il avancerait vers la lueur et vers ce vieillard qui lui tournerait ostensiblement le dos, assis dans un fauteuil défoncé. Il le dévisagerait un moment, s’attardant sur son regard absent, ainsi que sur son épaisse barbe blanche et ses longs cheveux argentés, puis il comprendrait enfin que ce mystérieux inconnu ne pouvait ni le voir ni l’entendre.
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Depuis des millénaires, le monde n’était plus que noirceur. La lumière avait été peu à peu avalée par la nuit et, en son absence, les couleurs s’étaient ternies jusqu’à perdre tout leur éclat. Dans cet univers de ténèbres infinies, la chaleur était devenue un mythe. Les plaines, les montagnes et les océans d’autrefois n’étaient plus qu’une interminable étendue de roche et de glace. Les terres gelées, qui avaient jadis grouillé de vie, n’étaient désormais plus qu’un immense cimetière où reposaient encore par endroits les squelettes pétrifiés des derniers hommes.
Tout n’était plus que mort. Ou presque.
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Loin dans les régions désolées, au cœur de ce qui avait un jour été le grand royaume de Thenmer, subsistait une lueur chancelante. Quelqu’un qui serait passé par hasard dans les rues de l’ancienne cité de Vilelune aurait pu voir scintiller au sommet de l’antique beffroi la dernière flamme du monde. Cependant, personne ne passait plus à Vilelune. Personne ne passait plus nulle part.
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Ce garçon, auquel avait été donné le nom d’Elvin, était obnubilé par les montres et les pendules qui encombraient la demeure de ses parents. Ainsi passa-t-il de longues heures allongé dans son berceau à suivre du regard le mouvement de balancier de la vieille horloge du salon. De même, sa mère constata rapidement qu’il ne pouvait s’endormir que s’il entendait le cliquetis régulier d’une montre. Cette attitude inhabituelle devint un motif de plaisanterie pour son père, qui décréta sans tarder que son fils reprendrait son affaire d’horlogerie.
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Au jour même de sa naissance, ses parents avaient compris qu’il était différent. Il n’avait pas poussé le moindre cri en quittant le ventre douillet de sa mère et, dès ses premières heures, son regard étrangement fixe et vif avait témoigné d’une intelligence insolite. Son père, Émeric Rivière, l’avait accueilli comme le miracle qu’il n’espérait plus à cinquante ans passés. Cependant, s’il avait eu l’occasion d’assister à bon nombre de phénomènes étonnants au cours de sa vie, il devait bien admettre que rien ne lui avait jamais semblé plus mystérieux que cet enfant.
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Soudain, un soubresaut agita son corps et, d’un mouvement si lent et si lourd qu’il en paraissait irréel, le vieillard se retourna pour essayer de voir l’heure sur l’une de ses innombrables horloges. Or, elles étaient toutes brisées, leurs cadrans éventrés, leurs aiguilles tordues comme des membres malformés, et leurs engrenages rouillés. Il se souvint alors que là où il se trouvait, nulle montre et nulle horloge ne pouvaient plus lui indiquer combien d’heures il avait passées à attendre.

À l’exception d’une.
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Il poserait alors sa main sur le bras inerte de ce vieil homme étrange et lui murmurerait quelques paroles de réconfort. Mais, n’obtenant nulle réponse, il le saisirait subitement par les épaules et le secouerait violemment en hurlant comme un dément afin de le tirer de sa transe. En vain. Il observerait alors le dernier des vivants pendant de longues minutes, son cœur s’emballant à chaque fois qu’il le verrait ciller, puis il finirait par soupirer et reprendrait sa route sans se retourner.
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(...) cet hypothétique voyageur du froid, survivant parmi les morts, ombre parmi les ombres, pourrait voir, par-delà la fenêtre de cette tour, le faciès d’un homme sans âge. Mais cet inconnu, assis face à ce désert de glace, ne le verrait pas, le regard perdu dans un tourbillon confus de souvenirs immémoriaux. Peut-être poserait-il ses yeux voilés sur ce voyageur ; toutefois, il ne lui accorderait aucune attention, car dans ce monde moribond où il se savait être le dernier des vivants, tout autre que lui ne pourrait être qu’un fantôme anonyme échappé des tréfonds de sa mémoire.
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