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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Seh-Lynn, une coréenne du sud va écouter puis mettre en prose le récit de Jihyun Park, coréenne du nord qui a pu fuir son pays.
Ce témoignage est tragique, choquant et émouvant.
Fière de son pays, cerveau lavé par une propagande terriblement efficace, la jeune femme va vivre un enfer.
Il va être questions d'une prise de conscience, d'une famine qui décime un peuple entier et de dénonciations qui vont la contraindre à fuir.
Le chemin va être semé de violences, de viol, d'esclavage, de malnutrition, de lâcheté, de trahison et d'une grande solitude.
Le récit est pénible et bouleversant.
Pour une fuite, combien encore souffrent dans ce pays qui vit pratiquement en autarcie et qui a réussi à isoler sa population.
Une presque confession empreinte de colère et de culpabilité.
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Deux coréennes de Jihyun PARK et Seh-Lynn

Découvert par hasard, ce livre est bouleversant. Ecrit à deux mains et autobiographique, il decrit les conséquences de la fracture entre la Corée du nord et celle du sud. C'est une partie de l''Histoire encore peu connue par les occidentaux. Je le recommande vivement pour tous ceux et celles qui souhaitent découvrir une autre réalité de la Corée.

Une coréenne du nord et une coréenne du sud se rencontrent au cours d'un congrès sur les droits de l'homme. Malgré les préjugés et le conditionnement politique, ces deux femmes se prennent peu à peu d'amitié. Puis vient le moment où Jihyun, qui milite contre les conditions de vie atroces de la Corée du nord, souhaite que son histore soit racontée par cette auteure coréenne du sud.

On suit donc Jihyun de son enfance jusqu'à sa fuite hors de la Corée du nord. Déshumanisation, conditionnement, manque de tout sont le quotidien des habitants. Même la fuite devant la famine amène son lot d'épreuves et de souffrance. J'avoue avoir été déstabilisée et sidérée par ce récit qui semble d'un autre temps. La comparaison avec le regime communiste russe est évident.
C'est une lecture très éprouvante et littéralement irréelle. On ne peut croire que cela a pu et existe encore. A découvrir.
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Je n'ai qu'un regret : Ceux qui ont le plus besoin de lire ce beau et douloureux livre témoignage ne le liront bien entendu pas…

On a prêté - à tort - cette réaction à Einstein après l'expression de la première bombe atomique « Si j'avais su je me serais fait plombier ! »
Cette expression pourrait être celle de Karl Marx voyant la désastreuse utilisation pratique de son concept de « dictature du prolétariat » : S'il avait su, il aurait mieux fait de se faire plombier !
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Récit de Juhyun Park, coréenne du Nord vivant actuellement à Manchester, recueilli par Seh-Lynn, une coréenne du Sud vivant à Londres.

C'est lors d'un colloque d'Amnesty Internationale que les deux Coréennes se sont rencontrées, l'une en tant que témoin, l'autre en tant qu'interprète (elle remplaçait une de ses amies, elle est auteure de métier). Une amitié s'est nouée entre les deux et quand Juhyun Park a décidé d'écrire son histoire afin de témoigner et de militer pour les droits de l'homme en Corée du Nord, c'est tout naturellement vers Seh-Lynn qu'elle s'est tournée.

Nous suivons la vie quotidienne d'une famille ordinaire qui réside à Ranam, près de Chongjin, une ville industrielle située sur la côte est de la Corée du Nord. le père est chauffeur de tracteur excavateur et membre du parti, la mère est femme au foyer "ajumma" et les trois enfants, deux filles et un fils, vont à l'école et sont adhérents à l'Association des Jeunes Pionniers. Juhyun, née en 1968, est la deuxième de la fratrie. Même si son enfance est pauvre et si elle souffre souvent de la faim, elle est insouciante et fière de son pays grâce à la propagande totalitaire qui lave les cerveaux. "Les chants de solidarité, les efforts collectifs, les encouragements des camarades : c'était là l'univers de mon enfance où nous nous sentions indispensables et importants."

Jours de distribution des rations, travail à la ferme coopérative, concert de chorale lors des événements nationaux que sont les anniversaires de Kil Il-sung ou Kim Jong-il, portrait du dictateur dans chaque appartement, nettoyage du linge au ruisseau, apprentissage du maniement du pistolet ... tout cela fait partie du quotidien.

Le premier questionnement de Juhyun sur le bienfait du Parti se fait quand elle n'obtient pas l'université qu'elle souhaite en raison de la classe sociale inférieure de sa mère. Juhyun parvient cependant, grâce au marché noir de sa mère, à devenir enseignante, ce qu'elle souhaitait. En 1990, la voilà donc en poste quand une gigantesque famine décime les coréens. Les ennemis (Occident et Corée du Sud) sont accusés d'avoir livré de l'engrais empoisonné ce qui aurait détruit les rizières et d'avoir des espions qui manipulent l'économie. Les distributions de rations sont interrompus, les enfants et adultes meurent de faim.

C'est à ce moment là que le petit frère de Juhyun, parti trois ans auparavant faire son service (qui dure dix ans) refait surface en ayant déserté.

Une seule solution s'offre alors à la famille : fuir en Chine.

S'en suit la description glaçante des conditions de vie des femmes nord-coréennes vendues à des hommes chinois. Sans papier, coincée dans sa "belle-famille", esclave sans nom, séparée de sa famille, Juhyun va montrer une grande force de caractère pour arriver à s'en sortir.

Tout est décrit calmement, les faits avant les émotions, d'une voix sensible. C'est un récit très fluide et facile à lire même si certains passages font froid dans le dos.

Des chapitres entrecoupent le récit, ceux des rencontres entre les deux co-auteures du livre. ce qui nous permet de souffler.

Un témoignage très intéressant sur la vie quotidienne en Corée du Nord mais aussi une belle leçon de vie et de volonté portée par une écriture toute en retenue.
Lien : http://lesfanasdelivres.cana..
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Terrible, juste et tragique
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Je voudrais tout d'abord commencer par remercier la Masse Critique Babelio ainsi que les éditions Libretto pour l'envoi de ce livre.

Concernant la couverture, je la trouve relativement parlante. J'imagine qu'il s'agit du dictateur au pouvoir (Kim Il-sung ou Kim Jung-il), entouré d'élèves de l'Association des Jeunes Pionniers, comme l'attestent les foulards rouges. le fait que la couleur soit ne soit centrée presque que sur lui résume à elle-même une grande partie du livre.

Concernant la plume, je l'ai trouvé fluide et agréable. Seh-Lynn arrive parfaitement à retranscrire les émotions de Jihyun, son évolution, sa prise de conscience devant les horreurs qui se passent dans son pays, comme en Chine. J'ai beaucoup aimé le fait qu'il y ait des mots et des discussions en coréen, avec leur traduction française derrière.

J'étais vraiment curieuse de lire ce livre. On entend tellement de choses sur le régime dictatorial de la Corée du Nord, que j'avais envie de démêler le faux du vrai. Et bien, pour vous dire, ce qu'on raconte est encore en deçà de la vérité. C'est ce qui est encore plus terrifiant et révoltant.

L'histoire est faite en deux temps, par alternance. D'un côté, Seh-Lynn raconte comment elle en est venue à rencontrer Jihyun puis à écrire ce livre, certaines de leur entrevues, également. de l'autre, elle retranscrit via sa plume les souvenirs de celle qui est devenue son amie.

Jihyun est élevée par des parents relativement aimants avec sa soeur aînée et son petit frère. Là où le bas blesse, c'est avec le contexte qui, pour moi, m'a fait penser à une secte à très grande échelle, à l'échelle d'un pays.

Chaque famille possède une photo encadrée du dirigeant, qu'il faut absolument nettoyer tous les jours. Il faut tout connaître de sa vie, de son histoire, de sa famille. Par coeur. Et savoir le réciter sans erreur. Il écrit un poème ? Il faut l'apprendre par coeur. Il faut lui être fidèle à tous niveaux. Plus qu'à sa propre famille. L'aimer plus que sa propre famille.

Le pays fonctionne aussi avec un système de caste les "pour la famille Kim" qui ont des privilèges et ceux qui ont un jour fait quelque chose ayant causé du tort au pays (calomnies, révolte, fuite...). Ceux là sont très mal vus, "maudits" sur trois générations et seront pénalisés sur beaucoup de choses. Les habitants se nourrissent via des tickets de rationnement qui dépendent de leur âge, de leur travail (ou non) ainsi que de leur caste.

Le système en cours est aussi celui de la délation. À raison d'une ou deux fois par semaine, à l'école, dans l'immeuble où l'on réside, au travail, il faut dénoncer : qui est arrivé en retard, qui a mal appris sa leçon et eu des mauvaises notes, qui a mal fait son travail, qui a été absent... Les familles vivent en constante peur d'être dénoncée pour n'importe quoi.

Il ne faut pas non plus oublier les entraînements d'urgence, en cas d'attaque ennemie. Oui, la Corée du Sud (les méchants !), le Japon et les États-Unis peuvent attaquer à tout moment !
N'oublions pas non plus que les enfants sont régulièrement envoyés, via leur classe, dans les champs pour des travaux agricoles harassants, non payés (bien entendu) et même pas nourris par ceux chez qui ils travaillent. Ce n'est ni plus ni moins de l'esclavagisme.

Vous croyez avoir tout entendu ? Et bien non ! le système aurait pu être encore potentiellement vivable (bien que privant les individus de tout individualisme, de toute personnalité...) si au début des années 1990, le pays n'avait pas connu une famine sans précédent. Plus de tickets de rationnement, de plus en plus d'enfants qui ne viennent plus à l'école (pour aller chaparder à manger... ou parce qu'ils sont morts de faim... comme leurs parents). Certaines familles sont obligées de vendre leur appartement pour acheter à manger, puis se retrouvent dans la rue...

La dernière solution reste la fuite vers la Chine, vers une vie que certains ne pensent que meilleure. Mais la traversée est chère, longue et dangereuse. Quitter le pays est, bien entendu, interdit. Jihyun aura vécu des horreurs dans son pays, fait des choix déchirants, ce qui lui aura ouvert les yeux, mais la fuite représente-t-elle la fin de ses souffrances, ou le commencement de nouvelles ?

J'ai vraiment été prise aux tripes par l'histoire de cette petite fille innocente et naïve, fière de son pays, qui devient une femme horrifiée par ce qu'on leur demande d'endurer, de supporter au nom de leur Leader bien aimé... Comment aimer quelqu'un qui laisse son peuple mourir de faim et qui lui interdit toute porte de sortie ? Comment laisser mourir de faim sa propre famille sans rien tenter pour la sauver ? Impossible pour Jihyun.

L'histoire de la Corée du Nord, bien qu'on entende certaines choses de nos jours, gagnerait à être connue. Je sais que ce n'est pas le seul pays sous un régime de dictature, mais traiter son peuple ainsi et exiger en retour tout leur amour et toute leur fidélité, au détriment de leur propre famille... Je suis désolée, mais non ! Surtout aujourd'hui ! Ce genre de chose, d'oppression, ne devrait plus exister !

En résumé, c'est un témoignage dont il est difficile de dire qu'on en a adoré la lecture de part les atrocités qu'il contient et pourtant... Il est plein d'émotions, de courage et de combattivité. Jihyun a vécu des choses horribles, mais son duo avec Seh-Lynn, alors qu'elles sont normalement élevées et conditionnées pour être ennemies, l'une coréenne du nord, l'autre coréenne du sud, est quelque chose de beau et de magique, qui montre que les frontières, les tabous et les préjugés peuvent être franchis et dépassés si on le veut vraiment.

P.S. : Juste une petite grogne contre le résumé qui dit que le frère de Jihyun est décédé. Si je ne me trompe pas, à la fin du livre, elle dit certes qu'elle n'a jamais eu de ses nouvelles, mais personne ne lui a annoncé sa mort.
Lien : http://booksfeedmemore.eklab..
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Il m'a fallu un peu de temps pour entrer dans le récit et me faire au style, mais plus j'avançais, et plus j'étais happé par cette histoire. C'est au final un très gros coup de coeur ! On a beau avoir une idée de ce que peut être la vie en Corée du nord, notamment pendant la terrible famine des années 1990, ce témoignage rend ces informations beaucoup plus impactantes. Endoctrinée dès le plus jeune âge, Jihyun Park commence à comprendre l'horreur et l'absurdité du système en voyant ses élèves mourir l'un après l'autre, tandis qu'elle doit continuer à faire les louanges de la famille Kim. Ce texte est un récit à deux voix, un échange entre deux femmes, l'une nord-coréenne, l'autre sud-coréenne, proches par bien des aspects, et pourtant si différentes. Ce regard croisé apporte beaucoup d'humanité, et éclaire le témoignage de Jihyun Park.
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Exceptionnel témoignage de la vie en Corée du Nord
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Une vraie découverte ! Je n avais aucune idée de la vie en Corée du Nord . Dans un style factuel et précis , Jihyun Park nous livre un témoignage poignant et glaçant de son quotidien en Corée du Nord mais aussi de sa fuite . On avance de sidération en sidération ... on comprend la manipulation des esprits, les conséquences de chacun de leurs actes.
Une gêne , une honte ... perdure après cette lecture ... c est troublant , mais c est une lecture nécessaire .
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