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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Une disparition d'un homme et une étrange chose sanguinolente dans un petit village au Ghana… C'est une enquête-là même qui commence pour la police ghanéenne. Mais ça ne donne pas grand-chose ooooo ! Alors c'est Kayo Odamtten, médecin légiste « dépêché » par le général Donkor qui va essayer de percer le mystère de Sonokrom.
Le mélange entre tradition et modernité est brillant. Yao Poku raconte avec la langue du pays la vie du village. L'alternance avec Kayo, jeune homme plein de lucidité qui ne manque pas de répartie est vraiment réussie. On rit un peu jaune en découvrant les habitudes des autorités policières, ils ne cherchent pas la vérité mais le panache. La langue est savoureuse et on apprécie la critique sociale à peine voilée. L'enquête de Kayo s'entremêle avec les histoires du village, la modernité avec les mystères des contes africains…. Quel plaisir de lecture paaaa !
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J'ai posé mes valises au Ghana pour résoudre cette enquête plutôt atypique. On suit deux personnages : Yao Poku, un vieux chasseur qui vit dans un petit village et Kayo Odamtten qui est médecin légiste et qui se retrouve "obliger" d'enquêter sur une étrange affaire dans ce petit village.

Dans une des cases on a retrouvé des restes humains et il doit résoudre l'enquête. Mais attention, ici, le chef de la police a été clair, il ne s'agit pas pour Kayo de découvrir la vérité mais bien de rédiger un rapport qui ressemble a la série les experts et cette affaire doit avoir des ramifications en dehors des frontières du pays. J'espère honnêtement que la police n'est pas comme cela au Ghana ou alors l'auteur n'a pas une très bonne image des forces de polices de son pays. En tout cas, cela fonctionne très bien et donne un excellent roman.

L'écriture de Nii Ayikwei Parkes m'a bien plu. "Kayo quittait souvent la maison à l'aube pour aider père et équipage à tirer les filets. Il se souvenait des chants des hommes ; du soleil lent à paraître, comme s'il avait été pris à l'autre extrémité du filet que les pêcheurs tiraient, puis qui émergeait enfin, illuminant l'océan d'une étincelante nuée rose orangé. Tout le long du rivage miroitait la lumière, qui se reflétait sur les grandes bassines d'aluminium des marchandes de poisson, en pâles éclats scintillants, comme autant de clins d'oeil de l'horizon. "
Il oscille entre le parlé de Kayo qui est distingué, puisqu'il a fait des études en Angleterre et vient de la ville et le parlé des villageois qui m'a sourire parfois. En lisant leur propos, je pouvais clairement les entendre. "Eï, les choses étonnantes ne cesseront jamais. Les gens disent qu'il n'y a rien d'autre que ce qu'on voit, mais il est vrai aussi qu'il n'y a rien d'autre que ce qu'on ne voit pas."
Comme dans beaucoup de récit africains, les traditions et les légendes sont très présentes pour les plus grand plaisir du lecteur. C'est un dépaysement totale. "Les ancêtres disent que la vérité est courte mais, sɛbi, si l'histoire est mauvaise, alors même la vérité va s'étaler comme un crapaud écrasé par une voiture sur une de ces routes qu'ils sont en train de construire."
C'est donc une très bonne découverte et un excellente lecture que je vous recommande chaudement.
Lien : http://missmolko1.blogspot.i..
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"C'est mon grand-père Opoku, celui dont les mains n'étaient jamais vides, qui m'a appris que ce que l'homme blanc anglais nomme Histoire, c'est avant tout des mensonges écrits à l'encre fine. Mon histoire n'en est pas. Il est dit que le malicieux tisserands des toiles du monde, Ananse, ne faisait pas commerce de parole, alors moi je vais parler. Je vais te raconter cette histoire". C'est ainsi que Yao Poku, un vieux chasseur du village ghanéen de Sonokrom nous invite dans ce roman. Ce qu'il a vu : une jeune femme poursuivant un oiseau bleu, son chauffeur aux trousses jusqu'à ce que tous deux déboulent devant une case, intrigués par l'odeur répugnante qui en émane. S'ensuit un hurlement et la fuite vers la voiture. Manque de chance pour le village, la fille qui "portait une façon de jupe petit petit là" est la maitresse d'un ministre à qui elle va rapporter ce qu'elle a vu. L'événement va déclencher une enquête et un grand remue-ménage en plus haut lieu à Accra avec toutes les manigances politiciennes inévitables.
Dès le premier chapitre, qui fait entendre la voie de Yao Poku, j'ai su que ce roman allait être un coup de coeur pour moi. le travail de la traductrice sur la langue du vieux chasseur est admirable, c'est poétique et en même temps plein d'humour. On ressent cette grande sagesse de celui qui sait, rien n'est grave, tout en dans l'ordre des choses, car les événements qui surviennent devaient survenir. Je n'en dis pas plus, le résumé de l'éditeur le fait très bien. Ce roman m'a réconcilié avec mes lectures africaines que j'avais délaissées car, bien qu'admirables, elles étaient plombantes. Ici, on plonge dans la réalité du Ghana avec ses petits villages où le mode de vie ancestral subsiste et sa capitale Accra où les traditions s'oublient dans la course à la modernité. Les travers de cette société sont pointés du doigt mais traités avec beaucoup d'humour et sans jamais tomber dans la caricature. Voilà, un coup de coeur que je recommande vivement.
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Le narrateur est un vieux chasseur amateur de vin de palme et qui adore l'ironie, Yao Poku est aussi un conteur de légendes, et j'adore son humour décalé. Cette plongée dans l'Afrique contemporaine fût pour moi un régal, j'ai l'habitude, pendant mon tour du monde littéraire, de me focaliser sur l'Histoire et peu sur ce qui se passe en ce moment, ce roman est donc tombé pile au bon moment. le rapport sous-jacent des personnages propose au lecteur une vision complexe des rapports humains, on a le texte brut, l'intrigue policière et le sous-texte, et je dois dire que j'adore ces différents niveaux de lecture car l'auteur donne de la consistance à son roman, et il donne une conscience profonde à ses personnages.
Pour reprendre les mots de L'express, Nii Ayikwei Parkes jongle parfaitement avec les codes du polar à l'anglo-saxonne et du conte traditionnel, c'est ce que j'ai le plus apprécié, il arrive à mélanger deux genres qui ne se ressemble pas pour en faire une histoire originale. J'ai adoré l'imagination de l'auteur, la langue qu'il utilise est vivante (et la traduction au top), elle évolue au fil de l'intrigue mêlant patois local et mots modernes. On sent par cette écriture toute la richesse du Ghana, toute sa diversité et le message fort qu'envoi l'auteur qui mélange passé et présent passe à merveille.
J'ai été tout de suite transporté dans le récit, et le monde singulier que l'auteur dépeint m'a plu, c'est un roman résolument moderne et accessible, qui se lit d'une traite. Encore une très belle découverte.
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Amis cartésiens changez de livre celui-ci n'est pas pour vous par contre si l'on est prêt à accepter légendes et magie d'une autre culture ce roman est une grande réussite.

L'auteur articule "deux" Afriques, la moderne au travers de la grande ville, de la corruption et du jeune héros formé en Angleterre à la médecine légiste, l'autre faite de pagnes, de vin de palme, de proverbes, d'esprits et de palabres.

C'est au travers d'une enquête sur des restes humains dans un petit village que ces deux mondes vont se croiser pour offrir au lecteur un bien joli texte .

Pour ma part, ce texte m'a envoutée, maraboutée , j'ai tout écouté, senti, ressenti, bercée par une langue chaude et puissante et cette lecture fut un vrai moment de bonheur et de dépaysement
Lien : http://theetlivres.eklablog...
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Une enquête au milieu d'un Ghana moderne, avec sa grande ville, la corruption qui empêche les rêves des jeunes, le vin de palme et la gastronomie, la faune et la flore, et puis le village traditionnel organisé autour du chef, de l'Ancien et du féticheur.
Une enquête et un conte foisonnant, de ces fables africaines qu'on s'imagine écouter à l'ombre du baobab, avec des personnages hauts en couleurs : la rationalité du scientifique occidentalisé face au vieux chasseur raconteur d'histoires.
De l'humour et de la tragédie, du grinçant et du tendre.
Et puis le délice d'une écriture qui fait entendre les voix africaines, mélange de langues (celle du colonisateur - ici l'anglais - des études, et les dialectes d'ethnies), sans expliquer tous les termes, avec un phrasé qui emmène ailleurs et donne une oralité "naturelle". Ça peut être déstabilisant mais pour moi, c'est une merveille !
Mention spéciale pour la traductrice qui fait penser que l'auteur est francophone et qui m'a donné - chose très rare - l'envie d'en apprendre plus sur elle ! Pour les curieux et curieuses, je laisse ce lien : https://www.actualitte.com/article/monde-edition/sika-fakambi-une-prouesse-de-traduction-et-un-geste-politique/49848
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Polar à l'africaine ! Ce roman a quelque chose de magique. Je ne connais pas l'Afrique mais j'y ai cru. Nii Ayikwei Parkes livre la critique d'une société en mutation, entre croyances populaires et corruption. La fin est surprenante et on a plaisir à y arriver.

Il faut aussi féliciter la traductrice, qui a su retranscrire l'histoire en français, tout en conservant la saveur d'un parler populaire africain.
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Endiablé, drôle et poétique choc de l'ancien et du moderne, du respect et de la corruption, au Ghana contemporain.

Désormais sur mon blog : http://charybde2.wordpress.com/2014/06/21/note-de-lecture-notre-quelque-part-nii-ayikwei-parkes/
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Ce roman est une superbe découverte. Certes le premier chapitre n'est pas évident à appréhender au niveau du style où le langage utilisé par les personnages est un langage très africain avec des tournures de phrases particulières, des mots de patois… Mais ensuite le style devient moderne. Par moment, quand la situation le nécessite l'auteur retourne au langage local.
J'ai beaucoup aimé l'ambiance entre tradition et modernité.

L'histoire également.
Une chose étrange rouge, puante… est découverte dans une case au fin fonds de la brousse par une jeune femme. le policeman local est sur les lieux, mais n'y comprenant pas grand-chose il décide de faire appel à la police d'Accra, plus expérimentée. Mais, à sa tête se trouve Donkor, un homme qui ne pense qu'à sa carrière sans se préoccuper des autres. Son seul objectif : devenir chef de la police du Ghana. Pour ça il est prêt à tout : il veut faire de cette petite affaire locale, une affaire internationale !!!. Incapable de se débrouiller seul, il fait appel à Kayo, jeune médecin légiste de formation tout juste rentré d'Angleterre qui travaille dans un laboratoire d'analyse. Face à la droiture de Kayo, le chef de la police est contraint d'utiliser des subterfuges pas très légaux… Kayo est obligé d'accepter sinon il sera accusé de complot contre le gouvernement… Ce passage est abracadabrantesque et savoureux.
Kayo, finalement se révèlera être un très bon enquêteur, digne des « experts » comme le souhaite Donkor qui ne jure que par cette série télé.

Entre tradition, coutume et modernité : un petit bijoux.
A DECOUVRIR !!!!
Lien : http://vepug.blogspot.fr/201..
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Un roman qui joue malicieusement sur différentes oppositions: le jeune médecin-légiste diplômé, tout juste rentré d'Angleterre, se confronte aux vieux sages de la brousse, le chasseur, le guérisseur, le chef de village. Il se frotte à la corruption, à l'ambition mortifère, et aux vices des puissants, lui qui a une éthique impeccable. Et l'on découvre également Accra, la capitale bourdonnante, embouteillée, entreprenante, ses cadres dynamiques impeccablement costumés, alors que les campagnards se contentent de pagnes traditionnels, qui ne les couvrent qu'à moitié. Opposition encore entre les méthodes scientifiques, analytiques, du médecin, et les pratiques du guérisseur.

L'intrigue policière est assez basique ici, on comprend assez vite ce qui a pu se passer, elle n'est donc que prétexte à nous faire découvrir les moeurs et la culture de ce pays peu connu qu'est le Ghana. Mais elle résonne aussi de manière universelle, s'attaquant à la violence intra-familiale, à l'emprise d'un père sur sa fille. le dénouement est assez inattendu: on se demandait comment le légiste-enquêteur allait se tirer de ce guêpier, et il faut avouer que l'auteur invente une solution en forme de pirouette, mais qui ne manque pas de faire réfléchir sur ce que devrait être la "bonne" justice.

Le style est une autre force de ce roman traduit de l'anglais, on y retrouve des manières de s'exprimer et des expressions populaires en Afrique de l'ouest francophone. Dans un premier réflexe, on pourrait être tenté de qualifier ces parlers de dialectes, de les dévaloriser, mais on peut aussi penser qu'ils ont autant de pertinence que le français éduqué tel qu'on le parle dans les élites de l'hexagone.
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