Citations sur Une enquête de Nicolas Le Floch : L'honneur de Sartine (55)
.../...
Elle sortit de sa manche deux objets.
- Vous trouverez dans ce rouleau, dit-elle, en parlant vite et butant sur les mots, un brevet de lieutenant au régiment des carabiniers de Monsieur, au nom de Louis de Ranreuil, page de la grande écurie, votre fils, et la finance qui en justifie l’acquittement.
- Madame, je...
- Non ! je n'y suis pour rien. C'est notre sœur qui a voulu cela. J'ai juste poussé un peu la chose auprès du roi.
.../...
Elle lui tendit un petit paquet carré, enveloppé de papier et qui lui sembla fort lourd quand il le reçut.
- Ceci est l’œuvre de cette sœur à votre personnelle attention. Elle avait demandé, enfin vous prie, de toujours le porter sur vous. Ne me posez pas de question, le carmel est lieu de silence les secrets du monde n'y ont plus place. Monsieur, le marquis, je prierai pour vous.
- Je suis aux ordres de son Altesse royale.
- Non, par pitié, non ! Sœur Thérèse de Saint-Augustin, seulement.
.../...
Elle rit, puis le regarda ému.
- Vous aimiez le roi, mon père ?
- Beaucoup, madame.
.../...
- Je sais votre attachement pour Monsieur de Sartine. Vous fûtes du Secret du feu roi, mon père. Il me revient que de dangereuses menaces risquent de le mettre à bas. Il faut l'aider, Monsieur. Tout ce qu'il a accompli pour le service du roi se retourne aujourd'hui contre lui.
- C'est une tâche déjà engagée.
Le jour où le peuple ne craint plus le pouvoir, ou ne l'entend plus, c'est qu'il en espère un autre.
- Oh la foule est un animal versatile que le moindre souffle retourne.
Informé, le roi s'exclama, en s'adressant à Sartine : il n'y a que moi, vous, Thierry et Ranreuil qui avons pu le laisser transpirer, autant dire les muets du sérail !
Rien n'est plus difficile que d'interroger un enfant...
- Vous avez eu un fils.
- Trop tard, vous le savez, pour avoir l'expérience des dédales du premier âge. Je ne peux me référer qu'à mes propres souvenirs.
Dans l'escalier, les scènes entrevues sur le marché lui rappelait que ce peuple pouvait être, delon sa réputation, le plus aimable de l'univers, ou alors le plus redoutable. Restait qu'on ne savait jamais, ou alors à contretemps, comment il allait se conduire. Versatile ? Ombrageux ? En pénétrer l'esprit était malaisé et le préjugé gâtait la tentative. Certains le méprisaient, lui supposant de l'imbécilité, d'autres fondaient d'utopiques espoirs sur sa transformation et lui réputaient, peut-être, trop de finesse. Il lui apparaissait que la vérité était dans l'entre-deux et que retentissait en chaque homme le débat de tout un peuple. Il avait un jour entendu le roi en parler d'une manière qui l'avait ému. Selon louis XVI, un souverain ne saurait rien faire de plus utile que d'inspirer à la nation une grande idée d'elle-même ; pour pallier ses divisions, il fallait que le peuple s'attachât d'orgueil à la patrie. (p.129)
Le jour où le peuple ne craint plus le pouvoir, ou ne l'entend plus, c'est qu'il en espère un autre.
Cela aussi c'est Paris, dit l'homme avec une sorte de fièvre. Il y a des spectacles qu'on n'imagine pas.
p. 211 Certes, il éprouvait un accès de bonheur, c'est-à-dire un bref instant vécu sans passé ni futur, un de ces moments fugitifs (...)