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Citations sur 188 mètres sous Berlin (21)

La voix en provenance de la radio annonçait ce que j'avais pressenti d'instinct en entendant mes parents se disputer, ou lorsque les élèves de mon ancienne classe, à Berlin-Est, se divisaient en deux camps : les uns qui avaient peur, mais croyaient que les choses allaient s'arranger d'une manière ou d'une autre, et ceux qui, le lendemain ou le surlendemain, s'enfuiraient là-bas. LÀ-BAS. C'est-à-dire ici, là où je me trouvais désormais. Quelque part de l'autre côté d'un mur qui allait s'ériger sans trop tarder.
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Est-ce à ce moment précis qu'elle a réalisé que la ville où l'on parlait la même langue et où on respirait le même air était coupée en deux.
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On peut frapper avec une matraque, on peut tuer avec une matraque sans même s'en rendre compte, car la matraque détruit les muscles, mais ne laisse pas de traces. A moins de frapper au visage. Voilà pourquoi, dans le chaos général qui régnait en bas, l'étudiant gisant dans une mare de sang et que Gerhard s'obstinait avec tant d'acharnement à photographiait, attirait l'attention. La police avait déjà établi un cordon autour de lui. Au milieu des uniformes, on voyait un groupe d'étudiants avec des brassards blancs. Ils tentaient en vain de repousser le mur policier. J'ai senti combien tout cela était grotesque. Sans doute Gerhard pensa-t-il la même chose, car quelques secondes plus tard, il reposa son appareil et j'ai entendu son murmure étouffé :
- Scheisse! Mais où est-ce qu'on est ?
C'est exactement ce qu'il a dit : "Scheisse! Mais où est-ce qu'on est ?".
De loin nous parvenait les hurlements des sirènes. C'est à cause d'elles, peut-être, que la police s'est écartée ? Les manifestants couraient vers le garçon blessé, tandis que Gerhard prenait des photos. Je me suis dit alors qu'il était un photographe, et rien d'autre. Et peu importe les circonstances, il se ferait tuer pour une photo !
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- C'est mon oncle, ça ? demandai-je pour me rassurer.
- Oui, mon petit.
- L'oncle Henryk ?
- Mais je viens de te le dire, oui, Henryk, fit maman en fronçant les sourcils.
J'ai passé l'album à Filip. Il me fixa, se gratta la tête et dit :
- C'est toi tout craché.
Dans sa voix, il n'y avait aucune ironie, juste de l'étonnement.
- Non, c'est toi !
Je le disais moi aussi sans le moindre sarcasme. Filip ressemblait vraiment à l'oncle Henryk. Cela me redonnait de l'espoir.
- Il ressemble à Henryk, je l'ai toujours dit, déclara maman.
- Qui ressemble à Henryk ? avons-nous demandé en même temps.
- Montre ! fit papa en reposant la bouteille.
- C'est tout Peter ! s'exclama papa.
- C'est tout Filip ! s'exclama maman.
- Fait voir, dit l'oncle en s'approchant de nous. Mais oui, en effet ! On voit tout de suite que c'est mon sang !
- Dieu nous en préserve ! murmura mon père, mais j'avais peut-être mal entendu.
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Elle ne savait prier qu'en polonais, ce qui n'a rien d'étonnant, au fond. Aujourd'hui, les allemands eux-mêmes prient en polonais, parce qu'à Berlin, dans les églises catholiques, on ne trouve plus que des prêtres polonais.
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Nous ne pouvions faire confiance qu’à nous-mêmes. Il s’agissait de la vie de plusieurs personnes. Creuser si près du but, ouvrir une brèche dans une cave, cela exigeait des nerfs d’acier.
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On nous a vite sorti de la tête nos sympathies pour l’Est, mais cela s’est fait avec un certain savoir-vivre. Ils nous ont donc laissé le petit bonhomme vert, orange et rouge aux passages cloutés. Il a finalement été adopté par toute la ville de Berlin -par Berlin-Ouest aussi. Le bon petit bonhomme des feux de signalisation routière.
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J’ai eu aussi comme élève une autre gamine, Dagmara qu’elle s’appelait. Elle n’arrêtait pas de me narguer avec Copernic. « C’est un Polonais, un Polonais ! » répétait-elle. Petite merdeuse ! Qu’est-ce qu’elle a pu me taper sur les nerfs : Copernic, c’est un Polonais, Chopin, c’est un Polonais…
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Tous ces noms finissent par se mélanger. Normal ! Comment ne pas les confondre ? L’essentiel, ce n’est pas tant de se les rappeler, car il ne s’agit pas ici des noms, au fond, mais d’avoir de quoi alimenter sa mémoire. Demain, d’autres noms encore lui viendraient sans doute à l’esprit. Il a connu tant de gens dans sa vie. Il a eu tellement de classes…
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Pour en revenir à Nadia, si vous aviez vu sa mère ! Elle se pointait aux réunions parents professeurs avec des jupes étonnamment courtes. La mère, je veux dire. Elle avait les yeux d’un bleu intense. Les paupières aussi. De gros seins qui ballottaient à chacun de ses mouvements. J’avais du mal à me concentrer. Pour finir, ma collègue Elwira m’a demandé comment je me sentirais, moi, si elle fixait sans cesse la braguette des hommes qui venaient aux réunions. J’ai donc essayé de regarder plus discrètement. Un jour, je l’ai même abordée, la mère de Nadia, mais elle ne comprenait pas bien l’allemand et esquissait un sourire mystérieux. J’ai définitivement laissé tomber le jour où j’ai vu son mari. Un type drôlement costaud. Une véritable armoire à glace russe !
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