« Le silence parfois est plus porteur au plaisir et au respect,qu’un flot de paroles sans intérêt ».
La veuve se consola vite et devint la maîtresse de docteur. Elle ne sortait plus de sa propriété et Duval, un soir, lui avait fait découvrir ce fameux tunnel. Elle était excitée de penser que le roi Louis XV devait utiliser ce passage pour rendre visite à ses maîtresses. Un soir de solitude, la comtesse décida d’emprunter ce unnel pour rejoindre son amant. Quand elle entra en silence dans la petite maison, pensant faire une surprise à Duval, elle fut frappée de stupeur. Son amant était en pleins ébats amoureux, avec deux prostituées.
Elle avait, au fil des semaines, réussi à entrer dans sa vie intime et savait que sa femme n’était pas portée sur le sexe. Elle voulait en tirer le meilleur parti et avait réussi à tripler son salaire en quelques mois, mais ne voulait pas en rester là. Son patron était riche et c’était pour elle la poule aux œufs d’or qu’il fallait plumer. Mais elle avait quand même l’impression qu’il ne lui disait pas tout. Elle était à présent sûre qu’il avait une activité parallèle. Bien souvent elle se mettait à écouter ses conversations privées. Il parlait souvent de marchandise avec Fred et avec un commissaire. Elle était persuadée que cette marchandise n’avait rien de commun avec la société et surtout après la conversation de ce matin entre son patron et ce René Lafage.
Ça ne sert à rien de crier, personne ne peut t’entendre. Au fait, j’ai menti à mes amis, je vais te faire du mal, avant de te tuer.
Le cerveau du docteur Duval ne réagissait plus en être humain, il avait basculé dans la folie, assoiffé de vengeance.
Depuis des années, elle se battait seule, sans pouvoir se confier, vivant ses propres cauchemars dans un monde parfois cruel. Ils restèrent immobiles un bon moment, sans rien dire. Le temps s’était arrêté pour eux, jouissant de la douceur de cette matinée du mois d’août.
Il n’aimait pas faire la permanence avec un stagiaire qui sortait tout juste de l’ENSP. Il pensait que dans deux ou trois mois, elle serait promue commissaire en titre. Il ne pouvait s’imaginer être sous ses ordres. Âgé de 57 ans, sa retraite l’attendait dans quelques semaines et il comptait bien en profiter.
— Vous savez, Isabelle, quand vous aurez comme moi trente ans de service, l’expérience du terrain n’est pas comparable à la théorie apprise à l’école de police. Il vous faut acquérir des réflexes. Mettre en arrestation des délinquants est toute une technique, notamment au niveau des interrogatoires. Il faut également avoir le sens de l’observation, mais tout cela, Isabelle, s’acquiert au fil des années. Aujourd’hui, je suis au top de mon expérience et vous pouvez pouvez faire confiance à mon intuition. Regardez-moi travailler.
Isabelle resta songeuse devant ces paroles. Ce qu’elle pensait en fait, si l’égocentrisme du brigadier pouvait se mesurer en kilomètres, il pourrait en atteindre la lune.