Son Français préféré de tous les temps reste quand même Paul Bracq, le designer de sa Mercedes. Il a eu la chance de le rencontrer deux ou trois fois au prestigieux Pebble Beach Concours d'Elegance, qui réunit chaque année les plus belles voitures de collection au bord de l'océan Pacifique, Paul Bracq y tient le rôle de juge, et Marty a eu un jour, l'immense honneur de dîner à ses côtés, c'est une des choses qui l'étonne le plus dans cette existence, avoir pu côtoyer d'aussi près le grand Paul Bracq, avoir pu converser avec lui, il n'en parle jamais, mais Marty ne s'en est jamais tout à fait remis. Il est conscient que son immense respect pour ce designer automobile laisse son entourage indifférent, mais l'indifférence des autres est son refuge. Il aime cette incompréhension-là. L'incompréhension, sous toutes ses formes, lui a toujours paru délicate et suave. La solitude est l'origine de sa motricité. (P.241)
Les dernières années de sa vie, il pense qu’il les passera là-bas, à tenter de trouver la quiétude qui lui a échappé toute son existence, assis au bord du silence.
Tout au long de son existence, il a désiré vivre caché, ce serait l’unique condition, selon lui, pour accéder au bonheur.
Il se penche doucement sur Shirley, et il l'embrasse lentement, avec la même lenteur que la relecture d'un testament.
Les mouvements des rideaux dessinent un fragment de vent, ils se soulèvent puis s’épuisent, voilages capricieux dévoilant un morceau des cieux étoilés. Edwin et Jessie sont étalés sur le lit. Elle allonge ici ses vingt-trois ans impeccables et son petit air innocent, tandis qu’il se débat avec ses vingt-quatre ans, sa jeunesse entaillée par la guerre et sa gueule d’ange tombé brutalement du ciel à force de voler trop bas.
Il n’a jamais apprécié qu’on le prenne lui-même pour une fonction, pour un curseur qu’on monte et qu’on descend à volonté.
Il est tellement droit qu’il finit par en être tordu.
Il faut toujours aller plus vite, et travailler mal n’est plus un problème du moment qu’on parle bien de son propre travail.
Si nous sommes capables de nous rendre malades, alors nous sommes capables de nous guérir.
Ce jeune couple dîne sans se parler, sans même se regarder, un peu à la façon de ces vieux couples qui ne trouvent plus leur plaisir que dans la nourriture ou dans l’absence de l’autre.