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Critique de Krissie78


11 pages.

11 petites pages de rien du tout mais tout est dit.

"Matin brun" est une dystopie. Impossible de savoir où et quand cela se passe. Un dialogue entre deux amis. Un constat sur des changements dans la société. Ca commence avec une loi qui semble un peu bizarre mais qui n'affecte pas directement le narrateur alors pas de raison de s'inquiéter, de réagir. Puis une autre loi. Et encore une autre. Les libertés sont restreintes un peu plus chaque fois. Au début cela paraît anecdotique. Puis cela se rapproche. Alors là le narrateur commence à se sentir concerné, à douter, à avoir peur, à regretter de ne pas avoir réagi dès la première loi. Mais il est trop tard !

En 11 petites pages Franck Pavloff démontre avec brio et efficacité la mécanique insidieuse de l'instauration d'un Etat totalitaire. Il nous met face à nos petites lâchetés du quotidien, aux moments où nous avons fermé les yeux face à une décision politique ou lorsque nous ne sommes pas intervenus quand un élève était molesté dans la cour de récréation parce qu'il est plus simple de se laisser porter par le mouvement général, parce que nous ne sommes pas concernés par la discrimination, parce que les scientifiques cautionnent, parce que la censure ne concerne pas nos centres d'intérêt, etc. Un texte qui met l'accent sur notre naïveté parfois, notre paresse souvent, notre lâcheté quelques fois, notre sens du conformisme, notre égoïsme et, hélas, notre mauvaise foi.

Franck Pavloff a écrit ce texte à la fin des années 1990 lorsque à la l'occasion d'élections locales en France il a assisté, comme toute la France, à la montée des extrémistes, aux alliances locales entre des partis dits « traditionnels et républicains » et l'extrême droite pour gagner une mairie, une région. Un texte éminemment politique qui a connu un regain de succès en 2002. Et qu'il faudrait étudier dans tous les lycées.

Je n'ai pu m'empêcher de penser à « La vague » de Todd Strasser, mais aussi à ce poème de Martin Niemöller :

« Quand ils sont venus chercher les communistes, je n'ai rien dit, je n'étais pas communiste,
Quand ils sont venus chercher les syndicalistes, je n'ai rien dit, je n'étais pas syndicaliste,
Quand ils sont venus chercher les Juifs, je n'ai rien dit, je n'étais pas juif,
Quand ils sont venus chercher les catholiques, je n'ai rien dit, je n'étais pas catholique
Et puis ils sont venus me chercher
Et il ne restait plus personne pour protester »
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