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4,11

sur 1755 notes
Il est des livres importants.
Des livres à dire à nos enfants, comme il est des vers que nous devons leur faire entendre afin que leur matin ne devienne jamais brun :
"Quand ils sont venus
chercher les communistes
Je n'ai rien dit
Je n'étais pas communiste
Quand ils sont venus
chercher les syndicalistes
Je n'ai rien dit
Je n'étais pas syndicaliste
Quand ils sont venus
chercher les juifs
Je n'ai rien dit
Je n'étais pas juif
Quand ils sont venus
chercher les catholiques
Je n'ai rien dit
Je n'étais pas catholique
Puis ils sont venus me chercher
Et il ne restait plus personne
pour dire quelque chose."
Martin Niemöller - 1942



Astrid SHRIQUI GARAIN
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Un tout petit bouquin en fait ‘il un bon ?
La réponse est claire : oui indiscutablement.
« Matin brun » fait parti de ces petits miracles qui loin de discours rébarbatifs ou soporifiques, montre avec une impressionnante efficacité
Les dangers d'un état totalitaire. Cette couleur inquiète, d'autant plus que dans des périodes difficiles, ce discours funeste pose ces jalons dans l'ombre et trouve écho auprès de gens désemparés. Franck Pavloff rappelle à ceux qui croient que le salut passe par la lâcheté et la soumission est une tragique erreur et que le choix d'un état nationaliste est bien la pire des solutions.
Un texte fort, intemporel, à lire à tout âge
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Tous les chemins mènent au brun...

Aujourd'hui c'est décider, je m'attelle à la recherche du fameux « Matin brun » que tant de lecteurs m'ont incité lire depuis la découverte de la grande nouvelle « Inconnu à cette adresse ».

Direction la médiathèque et la lettre « P » dans la catégorie romans. Au trigramme « Pav », je fais choux blanc. Après un petit surf sur l'ordinateur, je découvre que « Matin brun » figure dans les romans jeunesse.

Après une recherche vaine dans les romans adolescents, je décide contraint et forcé de demander à la bibliothécaire où se trouve le « Matin brun ».

Elle se dirige vers les livres cartonnés pour tous petits et me sort le fascicule marron barré d'une grosse croix noire. A mon avis, dans un reflexe pavlovien, la bibliothécaire, à peine réveillée le matin, a rangé machinalement « Matin brun » à coté du petit « Ours brun » !

J'imagine l'adaptation de l'ouvrage pour les tous petits. Dans l'état brun, il était interdit de lire des albums où figurent des ours polaires, lunaires ou bien encore colorés. Seuls les livres du petit ours brun ou encore les albums de Winnie l'ourson sont autorisés. Tout parent lisant alors à ses enfants un ouvrage interdit est automatiquement arrêté et jeté en prison par les milices brunes. Ouf je suis sauvé, mon fils adorait les petits ours bruns et j'en ai un paquet en stock !

Non, non ! Bien que toute cette histoire soit vraie (hormis l'adaptation sur les ours), Franck Pavloff a retenu les chats et les chiens pour illustrer son propos.

En effet, l'état brun a désormais interdit aux propriétaires d'animaux domestiques de posséder des chats ou des chiens d'une autre couleur que le brun. Charlie et son ami se résignent donc à piquer le chien pour l'un, un labrador noir et un chat pour l'autre, un chat de gouttière blanc tacheté de noir.

Malheureusement, la répression une fois en marche, l'interdiction ne va s'arrêter à ce seul stade et va s'étendre inexorablement à d'autres champs d'application beaucoup plus problématiques…

Si Pavloff avait été anglais, j'aurais compris qu'il cherche à diminuer drastiquement la population des chats et des chiens afin qu'il ne pleuve plus des cordes sur la Grande-Bretagne (1). Mais en France, B.B. a dû être toute retournée…

Pour ma part, je suis tranquille, je n'ai ni chats, ni chiens à la main. On pourrait juste me reprocher d'avoir hébergé un hamster dont je ne me souviens pas la couleur. Heureusement, il est mort quelques jours seulement après… Ouf, ouf…

Matin pour agir ou attendre la chance, j'ai préféré utiliser l'humour en bousculant peut-être les évidences pour vous dépeindre cette nouvelle d'une dizaine de pages seulement. Dix pages pour vous rappeler qu'il est toujours plus facile de laisser faire que de se battre pour des droits qui nous paraissent pas si importants que ça au premier abord.

Ensuite, il est trop tard pour s'attaquer aux tentacules de la pieuvre totalitaire devenue de plus en plus violente. La lecture de Persepolis, pleine d'absurdités pour nous autres occidentaux, s'apparente parfaitement à la nouvelle de Pavloff.

Je ne peux que vous conseiller de découvrir, quels que soient les obstacles à franchir, ce petit texte d'une absurdité et d'une puissance intemporelle ! Indispensable pour les jeunes et, plus encore, pour les moins jeunes !

Pour conclure, comme le chantait l'idole des français dans ma jeunesse, chaque jour il vous revient de choisir :

♫ « Matin pour donner ou bien matin pour prendre,
Pour oublier ou pour apprendre,
Matin pour aimer, maudire ou mépriser
Laisser tomber ou résister. » ♪ ♫

(1) It rains cats and dogs en anglais
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Il y a peu de temps j'ai eu l'occasion d'assister à une adaptation théâtrale de Matin Brun. C'était du théâtre de rue et les spectateurs étaient malheureusement peu nombreux.
Le décor faisait froid dans le dos. Une centaine de livres éparpillés au sol, les pages battant au vent, abandonnés, souillés....Agonisaient là, parmi tant d'autres, des romans de Zola, Victor Hugo, Flaubert, un dictionnaire des synonymes, des beaux livres documentaires, des albums pour la jeunesse..
Au milieu de tout cela, un brasero.
Et c'est là que le texte de Pavloff a pris toute sa force, porté à bout de bras par deux comédiens bourrés de talent.
Je ne connaissais pas cet écrit de Pavloff avant d'en voir cette adaptation bouleversante. Je suis bien heureuse de l'avoir découvert.
C'est un texte très court mais d'une densité incroyable. En quelques pages, Pavloff dénonce le totalitarisme, la pensée unique et les dangers d'une population frileuse qui a la frousse et pas le courage de se révolter.
" Résister davantage, mais comment ! ça va si vite, il y a le boulot, les soucis de tous les jours. Les autres aussi baissent les bras pour être un peu tranquille, non ? "
Inutile d'en rajouter. Cette phrase est tellement criante de vérité que je me cacherai bien sous mon bureau, honteuse. Là, où au contraire, il faudrait se relever !

Il convient de savoir que l'écriture de ce texte n'a rien d'anodin. Frank Pavloff a rédigé cette nouvelle au moment des élections régionales de 1998 quand des élus de droite ont annoncé des alliances avec le Front national. C'est en 2002, lors des élections présidentielles, lorsque la France sidérée constate l'ampleur des dégâts, que Matin Brun connaîtra le succès.

Cette nouvelle est évidemment toujours et encore bien plus d'actualité. Alors si, comme moi, vous étiez passé au travers, remédiez-vite à cela !
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Deux amis sont bien tristes. Ils ont respectivement dû se séparer de leur chien et de leur chat, au motif qu'ils n'étaient pas bruns, seule couleur désormais acceptée par l'état. Mais puisque c'est la règle, pas question de tricher, même si ces animaux étaient bien affectueux. Après tout, ce n'était que des animaux « La nation n'a rien à y gagner à accepter qu'on détourne la loi, et à jouer au chat et à la souris. Brune, il avait rajouté, en regardant autour de lui, souris brune, au cas où on aurait surpris notre conversation. » (p. 5 & 6) le temps passe et les deux amis décident de reprendre un animal : ce sera donc un chien brun et un chat brun, comme le veut la loi. « Comme si de faire tout simplement ce qui allait dans le bon sens dans la cité nous rassurait et nous simplifiait la vie. La sécurité brune, ça pouvait avoir du bon. » (p. 8) Mais à force de laisser faire, de dire que ce n'est rien, que ce n'est pas grave, les hommes sont dépassés par le pouvoir qui devient autoritaire et répressif au-delà de toute mesure et de toute raison. « Ce n'est pas parce qu'on aurait acheté récemment un animal brun qu'on aurait changé de mentalité, ils ont dit. » (p. 10)

En simplement onze pages, la terreur atteint des sommets vertigineux. La montée de la xénophobie et du totalitarisme, d'abord banalisée, devient irrépressible : le système est bien huilé et la machine à broyer fonctionne à la perfection. Onze pages, seulement onze pages et une claque qui réveille, qui rappelle les passés tragiques et les écoeurantes défaites de la démocratie et de la liberté. Voilà un texte qui, selon moi, est bien plus efficace que la navrante logorrhée de Stéphane Hessel qui nous clamait Indignez-vous !
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J'ai coutume de dire à mes élèves qu'il faut privilégier la qualité à la quantité. En voilà un qui a compris la leçon ! Toute l'efficacité de ce texte tient à sa brièveté. C'est percutant et fulgurant : on assiste, en 11 pages seulement, à la transformation d'une société et à l'instauration d'un état totalitaire. Tandis que les libertés sont de plus en plus restreintes, étouffées par des règles absurdes (tout ce qui n'est pas brun doit disparaître), l'inaction semble légion. le narrateur ne semble pas comprendre, ne veut pas comprendre. La peur, le manque de discernement, la tendance au conformisme expliquent l'absence de réactions. La prise de conscience est bien trop tardive.
Le style est limpide, les allusions claires, la leçon efficace. À mettre entre toutes les mains.

Lien : http://aperto-libro.over-blo..
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Un tout petit, petit livre, onze pages seulement et pourtant un texte puissant. Ça commence brutalement, par une question, le chien de Charlie était-il si malade que ce dernier ait dû le faire piquer ? Non, pas du tout, Charlie a dû se séparer de son chien parce qu'il n'était pas brun. Après les chats, le narrateur s'est lui-même débarrassé de son matou blanc le mois précédent. Les deux hommes acceptent les raisons qu'on leur donne même s'ils ne sont pas à l'aise. Est-ce que cela suffira pour qu'ils protestent ?
Compte tenu du peu de longueur du texte, je ne vais pas vous en dire plus, mais je vous en recommande vivement la lecture.
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Onze pages.
Onze pages et mille réflexions.
Onze pages et la vision éclair de la lente chute d'un état dans le totalitarisme.
Onze pages où la métaphore fait froid dans le dos.
Onze pages et une question : que ferai-je, qu'aurais-je fait à leur place ?
Onze pages simples, mais jamais naïves, quoi qu'on en dise.
Onze pages dont le succès a éclaté après le triste 21 avril 2002.
Onze pages qui m'ont rappelé :

« Quand ils sont venus chercher les communistes,
je n'ai rien dit, je n'étais pas communiste.
Quand ils sont venus chercher les syndicalistes,
je n'ai rien dit, je n'étais pas syndicaliste.
Quand ils sont venus chercher les juifs,
je n'ai rien dit, je n'étais pas juif.
Quand ils sont venus chercher les catholiques,
je n'ai rien dit, je n'étais pas catholique.
Puis ils sont venus me chercher.
Et il ne restait personne pour protester... »
Pasteur Martin Niemoller (1892-1984), Dachau 1942

terminé le 20 avril 2006.
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La quatrième de couverture annonce déjà tout ce qu'il y a à savoir : « Sait-on assez où risquent de nous mener collectivement les petites lâchetés de chacun d'entre nous ? »
Publié en 1998 en réaction aux alliances avec l'extrême droite, l'auteur tire à boulet brun sur les régimes totalitaires. Il dénonce la pensée unique et rappelle de facto l'importance du libre arbitre.
Personnellement, j'ai trouvé que les choix des deux amis dont il est question dans ce texte étaient bien plus que de petites lâchetés mais qu'importe, la démonstration est simple, claire, efficace et met au pilori les bombes à retardement que sont les compromissions et le renoncement.
Du ultra court (10 pages !) qui va droit au but. Et plus actuel que jamais…
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Un livre , oui un vrai livre de onze pages.Au delà de l'apparence simple, une concision géniale pour dénoncer la barbarie qui prend souvent quand elle s'installe subrepticement l'apparence de petits détails de la vie ordinaire.Aussi talentueux et corrosif que certaines fablesDe La Fontaine. L'art de dire l'essentiel en peu de mots.Un texte simple et subtil, que je conseille sans modération à tous tous mes amis et à tous les amoureux de la littérature
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