Citations sur L'Homme de l'année, tome 1 : 1917 - Le Soldat inconnu (10)
La pluie ne cessa pas durant une semaine, nous montions au front remplacer d’autres morts-vivants, et comme des morts-vivants nous devions nous enterrer dans les tranchées…
- Dis aux hommes qu'ils peuvent se reposer, ceux qui veulent prier à la mosquée peuvent le faire, ils n'en reverront pas avant longtemps.
- Alors, nous partons en France ?
- Nous partons pour l'enfer, Bouba, nous passerons peut-être par la France...
Il n'y a rien de plus terrible pour un soldat déjà anonyme que de mourir inconnu.
Dans son discours au banquet qui suivit, de Forest parla de la valeur du courage et de l'abnégation de la France éternelle, mais ne dit pas un mot sur les milliers d'indigènes qui traversèrent les océans pour défendre une patrie qu'ils ne connaissaient pas et qui les oubliait déjà.
- Les gaz, tu ne les sens donc pas, singe stupide ? Ils vont tous nous tuer !
- Y a pas de gaz, c'est la barbaque qui remonte à la surface, ça refoule du goulot mais c'est pas mortel !
Durant les 3 années suivantes, nous parcourûmes , maître Joseph et moi, toute l'Afrique-Occidentale française. Nous apportions la civilisation à nos frères noirs, mais pour commencer nous devions en tier une partie.
Du 6 avril 1917 à 6 heures du matin au 21 avril, la bataille du Chemin des dames fit 350 000 morts ou blessés, français ou allemands... Le général Nivelle avait annoncé que l'offensive durerait 48 heures au maximum, elle se poursuivit pendant trois semaines pour des gains de terrain minimes ...
Objectif : prendre position au sommet de la côte 117 dans la petite chapelle et y tenir un poste d’observation des lignes ennemies afin de guider notre infanterie et guider nos artilleurs.
J’ai sous les yeux plusieurs rapports qui disent que les hommes sont montés à l’assaut « transis et malheureux » et semblaient « dépaysés et tristes ». En un mot, ils n’ont plus aucun nerfs, on me rapporte des cas de morts subites, la victime ne porte aucune trace de blessure, elle s’assoit et meurt, simplement, comme si elle en avait assez de tout ça...
Dans le train, on nous avait dit que la Champagne était un pays de vignes avec des petits villages un peu partout...
Mais c’est du sang qui coulait des grappes de raisin et les villages n’étaient plus que des tas de pierres retournées cent fois...