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Critique de mesrives


« Je suis moi par habitude, comme une salle d'auberge vide qui se souvient de ses hôtes absents, comme un carrefour abandonné. La pluie va venir. » note Gustave Roud (1897-1976) sur un des nombreux bouts de papier que l'on retrouve dans le recueil Air de la solitude.

Dans Là-bas, août est un mois d'automne, Bruno Pellegrino entrouve avec délicatesse et poésie la porte de l' univers de Gustave Roud : une maison familiale et son histoire, une maison massive, « en équilibre entre la cour, à l'est, et le verger à l'ouest, elle semble surgir du jardin » . C'est dans ce cadre champêtre, dans la ferme de Carrouge où Gustave Roud emménage avec sa famille à l'âge de 11 ans que l'auteur pose son récit et invite le lecteur à partager le quotidien du duo formé par deux êtres à part, Gustave, le poète et photographe et sa soeur ainée, Madeleine Roud (1893-1971), passionnée par la conquête spatiale. Cinquante ans de cohabitation où Madeleine maîtresse de maison accomplie semble déployer ses ailes pour protéger Gustave de ses obsessions, ses désirs, et pulsions et l'encourager à écrire.

Bruno Pellegrino compose un texte dans lequel il capte les âmes de ses protagonistes : deux vies qui se déroulent au gré des saisons, des givres et des moissons, et de va- et-vient incessants entre souvenirs d'enfances et moments présents. Des gestes pérennes qui s'inscrivent dans la grande course du temps.

Les parfums, les couleurs des fleurs inondent le jardin, la cuisine répand ses arômes, alors que lumière et ombre saisissent la beauté des paysages et de leurs hommes.
Une expérience sensible dont le lecteur sort étonné et reposé.

Bruno Pellegrino restitue à merveille une époque, un pays, une atmosphère, une campagne vivante et agricole si chère à Gustave Roud , un tableau où le lecteur coule sans appréhension grâce à une prégnante lenteur aux côtés de ses protagoniste  Madeleine et Gustave Roud. Une histoire de deux solitudes aux mystères bien enfuis.

Mais le temps des adieux est venu et je crois que ce n'est qu'un au revoir. Je quitte la ferme de Carrouge, auberge animée à l'occasion d'amis, de fidèles, d'écrivains mais toujours habitée par les fantômes des défunts aïeux, pour au détour d'un chemin croiser une silhouette dont le visage éclairé d'un rayon lunaire déborde de sueur.

Bernard Pellegrino dont je ne connaissais pas la plume m'a transportée dans un séjour chaleureux et touchant où un éloge de la lenteur se dessine peu à peu. Un hommage pudique à Gustave Roud et sa soeur Madeleine Roud .


Pour finir quelques mots encore pour dire qu'après de nombreuses incursions dans Air de la solitude alors que je lisais Là-bàs, aôut est un mois d'automne je n'ai pu m'empêcher de butiner sur la toile pour enfin cueillir des photographies de Gustave Roud. J'ai été subjuguée, oui je peux le dire, par l'intensité, la modernité et la tension de certaines d'entre elles qui permettent de mieux comprendre les non-dits et les tourments de Gustave.

Une lecture plaisir.
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