Blunt : Les treize derniers jours

Le deuxième cerveau, est celui de la mémoire : seuls les mammifères en ont un suffisamment développé. Il permet le stockage de l’information. Autrement dit : les souvenirs, l’apprentissage, les sentiments.

Ce qui est inutile est nuisible… Une attaque directe d’une position forte a souvent pour seul effet de la renforcer… Un coup qui a plusieurs objectifs est toujours préférable… Un excès de concentration dans un secteur abandonne le reste du goban à l’adversaire…

Personnellement, il n’avait jamais rencontré le Maître. Presque personne, d’ailleurs, ne l’avait rencontré. Aucune photo ne circulait de lui. Le Maître refusait le culte de la personnalité. Le seul idéal acceptable, à ses yeux, était la libération du corps humain. De tous les corps humains. Quelles que soient leurs formes. Aussi, c’était la photo d’un corps qui avait servi de symbole au groupe. Un corps obèse, dont le visage était caché et dont la photo révélait toute la majestueuse profusion. Certains prétendaient qu’il s’agissait du corps du Maître. Mais ce n’étaient que des rumeurs.

La mauvaise conscience croissait de façon géométrique par rapport à l’embonpoint.

Provoquer un affrontement direct rapide est presque toujours nuisible ; une attaque précipitée ne sert qu’à consolider le territoire adverse.

La beauté. Le désirable. Tout ce à quoi les gens accordent un prix. C’est votre premier objet fondamental.

Il est quand même particulier. Il parle beaucoup, mais on ne sait presque rien de lui. Il a comme une façon de rester étranger… As-tu remarqué, il vient assez souvent ici, mais on ne va presque jamais chez lui ...

Quand on se concentre sur la bêtise au détail, on arrive parfois à oublier celle en gros.

Il semblait avoir un appétit sans fin pour les informations les plus bizarres ou les plus sordides. Quand elle apprenait quelque chose susceptible de l’intéresser, elle le lui refilait. Réciproquement, chaque fois qu’il pouvait l’aider dans une enquête – une information insolite lue des années auparavant ou une confidence recueillie la veille dans un bar – il lui renvoyait l’ascenseur.

Dans l’univers de détachement et de simulation où il vivait, elles avaient apporté une bouffée de vie à laquelle il n’avait pu résister. Leur gaieté turbulente était contagieuse. Elles lui procuraient un point d’ancrage dans la réalité, l’aidaient à se sentir vivant.