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Critique de nilebeh


Un accident de voiture, l'immobilisation forcée dans une ville qui fait revenir de lointains souvenirs d'enfance, une ville en bord de mer, avec sa cathédrale aux tours jumelles, sa Place aux Herbes et son lycée. Et un homme sans nom, quadragénaire sans doute, replonge dans sa vie d'élève, dans ces images qu'on croyait oubliées et qui remontent, nimbées de rêve, d'émotion et d'angoisse.

Le voyage du souvenir est facilité par la rencontre d'un jeune étudiant en Arts prénommé Simon, troublante rencontre faite de similitudes étonnantes, de réminiscences, de fils tendus, imperceptibles mais vibrants entre les deux hommes.
Les souvenirs comme les jours s'enfuient et puis reviennent. le bar l'Angélus, lieu de prédilection du narrateur, s'est mué en prêt-à-porter. Une cave existe où les deux nouveaux amis écoutent du jazz tandis qu'une femme « fête » ses 25 ans de mariage en faisant le compte des infidélités de son mari. Un café est tenu par une sorte d'ogre-ours mafflu qui croquerait bien le petit Simon.
La vie d'une ville de province, la nuit.

Au fil de la nuit, les rencontres se multiplient, fantomatiques. Au sortir d'un blockhaus, vestige de la dernière guerre, couvert de graffes, la chouette-chevêche chuchote un message crypté à grand renfort de « Chhhhh.. » auquel répond le narrateur. Chhhh... Chut !...Les silences de la mémoire et puis l'océan mugissant. Les peintures sur le vieux bâtiment face à la mer font penser à Egon Schiele, éclatantes de couleurs, crues et provocantes.

Rimbaud n'est pas loin, promenant sa silhouette frêle, sa blondeur et ses yeux bleus dans les bars de la ville. Baudelaire, Rembrand, Nerval pendu à une grille de la rue de la Vieille-Lanterne, près du Châtelet, peintres et poètes percent la nuit, silhouettes fugitives d'un tableau onirique. Leurs mots, leurs images s'entrecroisent parmi des souvenirs d'enfance ressuscités par la rencontre...

Souvenirs cruels comme la méchanceté des ados, souvenirs délicats d'une baigneuse nue comme issue d'une estampe japonaise, souvenirs troublants comme les premières érections d'un adolescent, rêve inaccessible de l'adolescent Berg qui veut être aussi bon que Baudelaire, son maître en poésie et ne supporte pas de ne pas y parvenir.

Les images se succèdent, évanescentes, dans un flou poétique qui nous amène à une sorte d'état de rêve.

Un joli livre, marqué par le contraste entre réalités difficiles ou trop crues et envol des pensées artistiques et des rêves d'adolescent, .

Un joli moment de lecture pour lequel je remercie les éditions le Réalgar et Masse critique de Babelio.
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