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Critique de fanfan50


Dernièrement, j'ai participé à l'opération Masse Critique et reçu un livre que j'avais coché pensant qu'il émanait de l'écrivain Daniel Pennac dont j'apprécie la plume. En fait il est écrit par la mère de la fille de Daniel Pennac qui en a fait un excellent résumé dans sa lettre à un ami. Je cite : « Pas une page qui ne m'arrête par l'alacrité du ton, la justesse de l'analyse, l'originalité du point de vue (essai+roman+récit+autobio, etc.), la densité du propos (c'est du pain complet), la qualité de l'écriture (cette fille est un magnifique écrivain) et l'éblouissant éclairage porté sur notre temps par le va-et-vient entre le spectateur antique, celui de la modernité post-révolutionnaire et les nouzôtres d'aujourd'hui. »
Ce livre d'un abord austère est une compilation très exhaustive sur le divertissement depuis son origine jusqu'à nos jours. Puisque tout un chacun est spectateur, l'auteure a cherché à retrouver l'origine de cette attirance vers tout ce qui peut nous distraire de notre humaine condition. « Avec les Grecs, nous entrons dans le monde de l'épopée, des mythes, des théogonies. » « La tragédie est la première grande machinerie mimétique au service de la fable, du récit, de la légende, de l'épopée, du mythe. C'est le spectacle où tout un prodige d'artifices, de dispositifs mécaniques, de décors illusionnistes ont été mis en oeuvre pour que brille un autre soleil. » Malgré ses termes un peu compliqués mais à chaque fois explicités, et ses abondantes citations d'auteurs plus ou moins connus, et la lourdeur de certaines phrases, l'auteure arrive à passionner par son évocation multiforme de la mimésis. J'ai beaucoup aimé les pages consacrée au dix-neuvième siècle, ce qu'elle nous explique de la modernité en citant Benjamin Constant : « La variété, c'est la vie : l'uniformité, c'est la mort. ».Aussi, quand elle évoque la suggestion de l'hypnose, les égarements du cerveau, le surnaturel, la superstition, les fantômes comme en ont témoigné Balzac, Maupassant (La Peur 1884), Flaubert (la tentation de Saint Antoine), Hugo et ses visions, Edgar Poe (L'homme des foules), Villiers De l'Isle-Adam, Théophile Gautier qui croyait à la jettature (la croyance au mauvais oeil et au jeteur de sort), l'une des plus vieilles croyances du monde. J'ai appris sur le vingtième siècle pas mal de choses dont le terme Sheeple (le peuple en troupeau) créé en 1996 par le Wall Street Journal. Elle fait de la sociologie des médias et évoque l'influence, les modèles de comportement que cette nouvelle culture médiatique produisait sur les ados. Elle souligne le crétinisme violent des BD, la sauvagerie cacophonique de ces nouvelles musiques. « La question de modèles esthétiques de violence proposée par la mimésis cinématographique ou des comics reste entière. » L'adolescence des fifties (Elvis, Chuck Berry, James Dean, Marlon Brando), le gauchisme hippie, le psychédélisme évangélico-libertaire, les punk trash métal gothic du moment. L'auteure évoque aussi les années 1950 et son enfance assez protégée. Tout ce dont elle parle que ce soit les feuilletons radiophoniques, les films, les polars, les chanteurs, les airs de la publicité m'est très familier. Et bien sûr, elle termine par notre siècle débutant : le spectateur est maintenant sur le Net, le monde virtuel, les jeux vidéo, les échanges sociaux. Nous sommes désormais des dataholics : à nous le cyberspace. Nous sommes à l'ère du numérique. A nous l'infinité des possibles.
Cet essai est très complet et aussi très complexe. Il en rebutera plus d'un car il emploie beaucoup de termes compliqués et aussi beaucoup de mots grecs et latins. La traduction nous est donnée à chaque fois mais cela alourdit le récit parfois. J'ai cependant aimé et je remercie les éditions Cent Mille Milliards de me l'avoir envoyé à la demande de Babelio.
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