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EAN : 9791091601399
440 pages
Cent Mille Milliards (01/10/2015)
4.3/5   5 notes
Résumé :
Un essai de sociologie et d'anthropologie qui porte également sur la philosophie, la religion, l'histoire, la littérature, l'art, qui traite aussi de l'information, de la photographie, du cinéma, de la télévision et, puisque nous y sommes, d'internet, des nouvelles technologies de l'information et du divertissement - c'est-à-dire, en fin de compte, de l'intime... Le spectacle est un sujet à la fois universel, existentiel, intemporel, global, qui nous touche tous, co... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Dernièrement, j'ai participé à l'opération Masse Critique et reçu un livre que j'avais coché pensant qu'il émanait de l'écrivain Daniel Pennac dont j'apprécie la plume. En fait il est écrit par la mère de la fille de Daniel Pennac qui en a fait un excellent résumé dans sa lettre à un ami. Je cite : « Pas une page qui ne m'arrête par l'alacrité du ton, la justesse de l'analyse, l'originalité du point de vue (essai+roman+récit+autobio, etc.), la densité du propos (c'est du pain complet), la qualité de l'écriture (cette fille est un magnifique écrivain) et l'éblouissant éclairage porté sur notre temps par le va-et-vient entre le spectateur antique, celui de la modernité post-révolutionnaire et les nouzôtres d'aujourd'hui. »
Ce livre d'un abord austère est une compilation très exhaustive sur le divertissement depuis son origine jusqu'à nos jours. Puisque tout un chacun est spectateur, l'auteure a cherché à retrouver l'origine de cette attirance vers tout ce qui peut nous distraire de notre humaine condition. « Avec les Grecs, nous entrons dans le monde de l'épopée, des mythes, des théogonies. » « La tragédie est la première grande machinerie mimétique au service de la fable, du récit, de la légende, de l'épopée, du mythe. C'est le spectacle où tout un prodige d'artifices, de dispositifs mécaniques, de décors illusionnistes ont été mis en oeuvre pour que brille un autre soleil. » Malgré ses termes un peu compliqués mais à chaque fois explicités, et ses abondantes citations d'auteurs plus ou moins connus, et la lourdeur de certaines phrases, l'auteure arrive à passionner par son évocation multiforme de la mimésis. J'ai beaucoup aimé les pages consacrée au dix-neuvième siècle, ce qu'elle nous explique de la modernité en citant Benjamin Constant : « La variété, c'est la vie : l'uniformité, c'est la mort. ».Aussi, quand elle évoque la suggestion de l'hypnose, les égarements du cerveau, le surnaturel, la superstition, les fantômes comme en ont témoigné Balzac, Maupassant (La Peur 1884), Flaubert (la tentation de Saint Antoine), Hugo et ses visions, Edgar Poe (L'homme des foules), Villiers De l'Isle-Adam, Théophile Gautier qui croyait à la jettature (la croyance au mauvais oeil et au jeteur de sort), l'une des plus vieilles croyances du monde. J'ai appris sur le vingtième siècle pas mal de choses dont le terme Sheeple (le peuple en troupeau) créé en 1996 par le Wall Street Journal. Elle fait de la sociologie des médias et évoque l'influence, les modèles de comportement que cette nouvelle culture médiatique produisait sur les ados. Elle souligne le crétinisme violent des BD, la sauvagerie cacophonique de ces nouvelles musiques. « La question de modèles esthétiques de violence proposée par la mimésis cinématographique ou des comics reste entière. » L'adolescence des fifties (Elvis, Chuck Berry, James Dean, Marlon Brando), le gauchisme hippie, le psychédélisme évangélico-libertaire, les punk trash métal gothic du moment. L'auteure évoque aussi les années 1950 et son enfance assez protégée. Tout ce dont elle parle que ce soit les feuilletons radiophoniques, les films, les polars, les chanteurs, les airs de la publicité m'est très familier. Et bien sûr, elle termine par notre siècle débutant : le spectateur est maintenant sur le Net, le monde virtuel, les jeux vidéo, les échanges sociaux. Nous sommes désormais des dataholics : à nous le cyberspace. Nous sommes à l'ère du numérique. A nous l'infinité des possibles.
Cet essai est très complet et aussi très complexe. Il en rebutera plus d'un car il emploie beaucoup de termes compliqués et aussi beaucoup de mots grecs et latins. La traduction nous est donnée à chaque fois mais cela alourdit le récit parfois. J'ai cependant aimé et je remercie les éditions Cent Mille Milliards de me l'avoir envoyé à la demande de Babelio.
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Je remercie Babelio et la Maison d'édition "Cent Mille Milliards" ainsi que l'auteur "Irène Pennacchioni Léothaud" grâce à eux, j'ai pu découvrir une oeuvre remarquable.
J'ai trouvé un mot pour définir cet essai : "L'ekphrasis" qui est une description précise et détaillée. J'emploie ce terme, un clin d'oeil aussi, car nous partons de la mimesis antique, avec des mots grecs, latins qui serviront plus loin afin de comprendre dans sa globalité ce pandémonium médiatique, et ce pourquoi nous spectateurs nous nous complaisons dans cet abîme, ce gouffre, ce capharnaüm de l'entertainment, afin d'avoir sa dose de pharmakeia, catharsis, et se complaire dans ce Mincemeat médiatique. Pour reprendre les mots utilisés par l'auteur, sauf pour ekphrasis celui-ci je l'ai découvert via Fabrice Luchini.
Bien que cet essai sociologique, philosophique, etc. semble de prime abord ardu, il est accessible avec beaucoup de concentration et un endroit calme, et vous verrez dès lors qu'il vaut le détour, de plus je n'ai jamais étudié (seulement CAP) donc preuve que c'est abordable et vous ouvrira vers d'autres horizon livresque, par exemple en pérégrinant dans les rayons d'une librarie je suis tombé sur "Mimésis" d'Erich Auerbach, livre (un classique) que je n'aurais peut-être pas acheté si je n'avais connu l'oeuvre susmentionné..
Je le recommande pour les curieux, étudiants, ceux qui ne souhaitent plus être des moutons, acquérir un outil de plus pour penser "mieux", n'hésitez plus, "yallah" ! comme disait soeur Emmanuelle..
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Le thème de cet essai est ambitieux: décliner le spectacle de l'Antiquité jusqu'à nos jours. Je n'ai pas réussi à m'approprier les termes mimesis et Pandémonium. Trop compliqués pour moi. Je ne suis pas allée au bout du chapitre Ier pourtant j'avais cru saisir où voulait en venir l'auteur. Trop de mots en latin et grec à comprendre pour moi. Je suis passée au chapitre imprimerie, puis presse, ‹‹des terrains connus›› me suis-je dit. Finalement j'ai été achevée par la théogonie, terme que mon entendement s'est refusé à comprendre. Ce livre n'était pas pour moi.
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Citations et extraits (25) Voir plus Ajouter une citation
La croyance généralement n’aime pas trop réfléchir sur elle-même, car la certitude et la confiance qui entrent majoritairement dans sa composition ne souffrent- pas – et c’est d’ailleurs curieux – la moindre question, le plus infime soupçon, la plus imperceptible fêlure. Ces deux qualités, la certitude donnée par la confiance, sont les deux colonnes principales du temple mental de nos croyances : n’y touchez pas, ou tout s’effondrera. Le drame humain est que ces deux colonnes porteuses de nos constructions psychiques les plus précieuses, comme l’amour, l’amitié, l’engagement politique, la foi religieuse, sont fragiles en ce qu’elles ne supportent pas le moindre effleurement. Et justement, l’autre ennemi de ces deux vertus si fortes et si fragiles est le puissant levier dramatique et romanesque du déclic. L’incident, la circonstance, ou plutôt ce mélange destinal du hasard et de l’événement que les Grecs appellent kairos, cette chose redoutable, a donc effleuré les colonnes du temple qui s’effondre. C’est pourquoi, en terre de confiance et de certitude où se dressent nos édifices religieux et nos palaces amoureux, la tragédie de la fêlure imperceptible est beaucoup plus intrigante que les bruyantes destructions d’idoles, ou la lente érosion des traits des dieux. Le vase brisé de Sully Prudhomme contient cette profonde vérité anthropologique sur la croyance en général, amoureuse et religieuse. Pour cet amour-là, il a suffi de la fêlure d’un coup d’éventail sur le vase en cristal de l’amour, « Le coup dut l’effleurer à peine (…) N’y touchez pas, il est brisé. En matière de foi, celle de l’amoureux comme celle du religieux, fêlure vaut brisure. (p. 111-112)
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Le passage semble bien être le sens de l’aventure humaine, individuelle et collective, encore plus malaisé et périlleux qu’on ne pourrait le croire. Chaque événement, chaque transformation de statut, d’âge, chaque rencontre, signifie des chemins découverts, des allées et venues, des départs et des retours, des départs sans retour. Les rites de passage sont là justement pour liquider prosaïquement et symboliquement la menace de ce qui nous attend de l’autre côté, mais aussi des gouffres que nous entrevoyons à chaque pas. La menace de l’inconnu et des puissances invisibles et sacrées n’est donc pas seulement au bout de la traversée, elle accompagne la destinée humaine à tout moment. (p. 304-305)
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Havas a compris que l’information était une marchandise qui pour avoir plusieurs noms, n’a au fond que deux sens: le renseignement ou la propagande, le secret ou le public. Le volet renseignement est la partie secrète stratégique, évidemment la plus précieuse et donc la plus chère. Le volet renseignement est la partie secrète stratégique, évidemment la plus précieuse et donc la plus chère. Libéral et conservateur, fidèle au gouvernement en place plutôt qu’homme d’opinion, Havas monnaye ses informations auprès de l’exécutif ce qui, du coup, le transforme en obligé du ministère de l’Intérieur et partant, de tous les rouages de l’appareil d’Etat, services publics, préfectures et sous-préfectures. L’autre portion de l’information qu’il vend à la presse nationale et régionale pourrait aussi bien s’appeler propagande ; elle est l’information arrangée et recadrée en fonction de la couleur politique du journal. L’agence partage donc les nouvelles en deux, les faits (les data dirait-on maintenant), les sensibles qui doivent rester confidentiels et aller directement par courrier au chef de l’exécutif, et le reste qui peut être rendu public pour alimenter les journaux d’opinion.
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La stupeur grecque touche donc le regard, crève les yeux, frappe la vue humaine jusqu'au plus profond de son sommeil, de ses terreurs, de ses croyances et de ses désirs amoureux. Avec les Grecs, nous entrons dans le monde de l'épopée, des mythes des théogonies, des images de toutes sortes, de tous les genres et de tous les staututs, dédale dont nous ne sommes jamais sortis car les images se mêlent aux surfaces qui les réfléchissent, pupilles des yeux, miroirs des gynécées, boucliers polis du guerrier, et reflets des flots chatoyants.
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« On raconte que Balzac (qui n’écouterait avec respect toutes les anecdotes, si petites qu’elles soient, qui se rapportent à ce grand génie ?), se trouvant un jour en face d’un beau tableau, un tableau d’hiver, tout mélancolique et chargé de frimas, clairsemé de cabanes et de paysans chétifs, après avoir contemplé une maisonnette d’où montait une maigre fumée, s’écria : « Que c’est beau ! mais que font-ils dans cette cabane ? à quoi pensent-ils ? Quels sont leurs chagrins ? les récoltes ont-elles été bonnes ? Ils ont sans doute des échéances à payer ? »
Rira qui voudra de M. de Balzac. J’ignore quel est le peintre, qui a eu l’honneur de faire vibrer, conjecturer et s’inquiéter l’âme du grand romancier, mais je pense qu’il nous a donné ainsi, avec son adorable naïveté, une excellent leçon de critique. ».
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