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Je trouve que Laurent Pépin a un don véritable pour raconter des histoires qui sortent de l'ordinaire. J'aime son écriture aux confins de la poésie et de l'absurde.
Ici, le narrateur, psychologue clinicien ou plutôt patient-salarié (si cela peut exister) et Lucy, la thanatopractrice pratiquant la sorcellerie s'aiment passionnément et se le disent (cf. p. 45). La nuit Lucy devient une ogresse alors que le jour elle se meurt. Elle souffre, en effet, d'une anorexie sévère depuis qu'elle a perdu un bébé. Les « traits unaires » sont son domaine, tandis que le narrateur lui aussi malade, a été hospitalisé d'office. Je n'en dirai pas plus sur ce texte âpre mais lumineux à la fois. Voici ce que déclare (et cela résume beaucoup) le narrateur : « J'ai des… Monstres, dans ma tête, depuis mon enfance. On les a sortis de là pour les mettre en bocaux, avec Lucy, et puis on a fait l'inventaire. » (p. 61)
Comment fait-on pour « rentrer chez soi quand le monde du dehors est méconnaissable » ? Il y a dans ce texte sur le terreur d'être dans le monde un peu de la cruauté et de la candeur des anciens contes pour enfants. En filigrane se décèle aussi une pensée critique sur cette psychiatrie qui n'offre plus l'asile, mais qui « filtre » outrageusement la pensée.
Vers la fin j'ai bien ressenti moi aussi « l'impression de douceur » féérique, « malgré le froid mordant » (p. 93). Tout comme je crois avoir compris ce titre oxymore. Un angélus est une « prière à Marie qui se dit le matin, à midi et le soir ». Les ogres que nous sommes, nous ces cerveaux malades, nécessitent des prières quotidiennes, ne serait-ce que par le truchement de la littérature salvatrice.
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Laurent Pépin nous livre la suite de Monstrueuse féérie avec l'Angelus des ogres.
Une suite plus sombre, mais toujours poétique. Elle est elle aussi dérangeante.

L'auteur pousse plus profondément l'immersion dans la folie.
Toujours en jouant entre réalité et folie.
Néanmoins j'ai trouvé l'auteur plus efficace, plus direct dans la "critique" de la normalité. Enfin direct est un bien grand mot puisque le récit est très imagé.

Je ne suis toujours pas très a l'aise avec ce type de récit, mais j'aime la construction et l'écriture.
Un roman qui questionne puisque aujourd'hui la norme est de rentrer dans des cases, déjà au niveau scolaire la moindre déviance est considérée anormale... et tout est fait pour que l'on rentre dans le moule. Alors quand on est résident en hôpital psychiatrique......

Une nouvelle atypique, plaisante, intéressante, poétique et dérangeante.
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Dans la directe lignée de monstrueuse féérie, on retrouve l'univers poétique de l'auteur. Au coeur d'un milieu qui pourtant voudrait se libérer de l'ambiguïté des relations entre folie et création, en cadrant les méthodes, qui excluraient la subjectivité du langage. Tuer les mots pour éteindre la pensée.
Lucie hante les pages, elle va très mal et porte en elle un fardeau qui la détruit. Près d'elle, le psy, soigné ou soignant, lui-même l'ignore parfois, lutte et l'assiste dans sa descente aux enfers.

Le pouvoir des mots, la magie du langage sont ici érigés au rang de panacée. Et pourtant, leur force se heurte parfois à une limite infranchissable, lorsque le drame originel a envahi un univers fragile.

On retrouve les personnages déjà croisés dans Monstrueuse féérie et la même ambiance onirique qui transfigure le décor du monde psychiatrique.

C'est avec un plaisir réitéré que j'ai parcouru ses lignes et découvert qu'un troisième opus suivra
Merci à Laurent pour sa confiance.

102 pages Flatland 29 septembre 2021
Lien : https://kittylamouette.blogs..
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Voici la suite de Monstrueuse Féérie, un bouquin déjanté dans lequel on entrait dans l'univers de l'auteur. Angélus des ogres nous raconte la vision du narrateur qui, de médecin dans un centre d'aliénés, en devient cette fois le patient-salarié. Il tombe amoureux de Lucie, la thanatopractrice, qui a cette faculté à se transformer en sorcière la nuit et plus particulièrement en ogresse…

On ne quitte pas cet univers de dingues ! Mais après tout, comme je le mentionnais déjà pour le premier opus, ne retrouve-t-on pas ces personnages dans les contes ? Je trouve cet univers à la fois intéressant et complexe. En effet, la folie revêtant une multitude de formes, il est difficile d'en comprendre les rouages. C'est aussi pour cela qu'on préfère souvent donner des traitements chimiques plutôt que de soigner le mal à la racine… Mais encore faut-il la trouver cette racine !

Merci à Laurent Pépin pour m'avoir envoyé si gentiment ce deuxième tome de sa trilogie et bravo à lui pour ce texte qui se laisse lire avec plaisir.
Lien : https://promenadesculturelle..
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Après Monstrueuse féerie voici l'Angélus des ogres avec dès le départ cette dualité dans le titre comme un avertissement de ce qui nous attend.
Quelle joie de retrouver Laurent Pépin repartir pour une nouvelle aventure car il s'agit de s'aventurer dans la tête des autres.
C'est parfois foutraque et j'aime bien. Et c'est toujours aussi poétique. C'est beaucoup plus torturé aussi.
Le narrateur a grandi, ses monstres aussi.
De nouveaux personnages arrivent : les invisibles. Êtres aux pensées filtrées qui s'évaporent, s'évanouissent, disparaissent, une fois dépossédés de leur imaginaire, de leurs contes.
Il y a aussi Lucy, anorexique, piégée dans un univers morbide. Les pages la concernant sont belles et terribles. Au risque d'aggraver mon cas, j'y vois aussi une critique du système qui veut compartimenter, mettre dans des cases, vive le conformisme à tout va. Adieu l'imagination ! Au secours je disparais…
Beaucoup de souffrance, de monstres, d'ogres. Certains doivent rester cacher au plus profond, sinon on risque de perdre l'amour des autres. Dans cet aveu excessivement sombre, demeure une toute petite flamme qui rend conscient, vulnérable et empêche de dévoiler la vérité.
L'angélus est une prière peut-être celles de tout ces êtres qui parviennent à se comprendre et s'entendre. La prière de tous ces êtres qui ont besoin de contes, de poésie, de mots, d'imaginaire, d'autres mondes où se réfugier et vivre.
Merci Laurent pour cette très belle et encore une fois atypique lecture.
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Laurent Pépin pour la 2e fois nous prend par la main et nous plonge, nous enferme devrais-je dire, dans son univers "à l'intérieur des murs sans portes".
Nous sommes dans ce 2e récit entraînés de plus en plus profondément à travers "les Monstres de l'enfance" du 1er tome vers ceux d'aujourd'hui. Aujourd'hui ? Ceux en tout cas qui naissent de nos pulsions ou de nos cauchemars ou plus encore ceux qui naissent de nos lecture ou nos soirées cinéma.
Les spectacles auxquels nous assistons ne finissent-ils pas par devenir nôtres ? À se mêler à nos souvenirs les plus privés, les plus tangibles, "réels", en tout cas les plus "véritablement" vécus ?
Le réel, l'imaginaire, les fantasmes, les mythes, la fiction, le conte, la folie, tout cela, ce sont des mots qui s'alignent sur du papier. Quelle différence cela fait ? Tout cela s'amalgame, se métamorphose en un grand ressenti, que l'on finit par assumer... Voilà notre vécu...
Pris donc par la main, enfermés dans la logique "pépinesque", dans la pépinière d'images et de mots, nous pensons naïvement lire Pépin mais c'est lui qui nous lit... contemple nos fantasmes, nos mythes modernes, nos films de peur, d'horreur, les angoisses qu'ils génèrent, notre inconscient le plus sordide peut-être aussi...
Il nous lit et en fait de la poésie.
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Merci à l'auteur ,Laurent Pépin ,de m'avoir permis la lecture de la suite de « Monstrueuse Féérie »où l'on retrouve le narrateur qui est psychologue dans un centre de psychiatrie .Il devient même un patient salarié pour être au plus prêt de ses patients et rencontre Lucy ,une anorexique sévère ,qui se transforme en ogresse la nuit . Ils vont vite s'aimer et tenter de s'aider mutuellement mais le mal est incurable .Un roman inclassable .
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Livre à lire pour la modique somme de 8 euros 50, un peu moins que la moitié du forfait hospitalier en psychiatrie. Belle couverture. Laurent Pépin nous fait part de ses expériences en milieu psychiatrique avec beaucoup de lyrisme et de poésie. Vivement Clapotille qui concluera la trilogie, après Monstrueuse Féerie !!! ( Flatland éditeur).
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Voici un court roman qui fait suite à "Monstrueuse féérie".
Nous retrouvons le narrateur rencontré dans "Monstrueuse féérie", mais les choses ont changé pour lui. Alors que dans le premier opus, il travaillait dans une clinique psychiatrique et était rattaché au service spécialisé pour malades volubiles, il est aujourd'hui résident dans ce même service, depuis sa "décompensation poétique" (il appelle ainsi ses poussées délirantes).
Son nouveau statut est différent, il a bien une chambre, il y retrouve tous ses "Monuments" entendez, ses patients préférés, perdus dans leurs rêves, mais il est aujourd'hui, interné lui-aussi, ce que le lecteur ne tarde pas à découvrir...même si le narrateur a tendance à l'oublier et à croire le contraire, car il pense qu'il est "patient-salarié".
Les Monuments sont d'une grande aide pour lui, car ils le réconfortent et les Voix dans sa tête se taisent peu à peu, tandis que les Monstres ne demandent qu'à ressortir au moindre problème. Ils sont aussi d'une grande aide pour les enfants malades quand le soir venu, ils réveillent leurs imaginations en leur faisant le récit de vies extraordinaires, ou autre récits proches des contes de notre enfance...
Le lecteur retrouve donc dans le service, Blanche-Colombe, Henri, Didier, Brigitte,. ..et les autres, qui sont toujours là eux-aussi. Mais actuellement de nouvelles méthodes sont testées, un système de filtration de la pensée des patients a été mis en place, ne permettant plus de rêver comme avant car ce système veut normaliser ce qui ne peut pas l'être.
Le narrateur raconte sa rencontre avec Lucy, une jeune femme anorexique, qui se transforme la nuit en ogresse, et leur relation compliquée, tumultueuse et très toxique pour l'un comme pour l'autre. Pourtant, elle arrive à parler de ses problèmes, ce qu'elle n'a jamais fait avec personne, elle parle de son enfant mort, de son métier de thanatopractrice qui lui permet de réparer les corps brisés.
Elle a décidé de l'aider pour que, lui aussi, se délivre de ses traumatismes d'enfance, et elle tente donc de s'emparer de ses Monstres. Elle les enferme dans des bocaux...comme elle le fait des "traits unaires" qu'elle prélève et enferme pour garder un souvenir, quelque chose de vivant des personnes disparues qu'elle croise dans son métier.
Mais l'enfance du narrateur a été terrible et quand elle s'attaque au souvenir le plus violent de son passé, à son Monstre le plus angoissant, elle tombe gravement malade...

L'auteur, psychologue clinicien dans la vie quotidienne nous offre là une suite toujours aussi déjantée et originale. On y retrouve la tendresse et la poésie qui était déjà présentes dans le premier roman. Son style est clair et la lecture est fluide.
C'est encore une fois un roman (sur)prenant, qui nous parle de la folie des êtres humains et du lien ténu qui existe entre elle et ce que l'on appelle la "normalité" (=la "pensée filtrée"). Il nous invite à nous questionner sur les conséquences pour notre société d'une pareille uniformisation de nos pensées.
Le lecteur entre dans la vie des personnages et se retrouve immergé dans un monde étonnant, où le narrateur nous livre des visions délirantes et souvent effrayantes, parfois proches de nos propres angoisses. Les Monstres, "simples vues de l'esprit" nous apparaissent souvent bien trop réels...
Il en est ainsi en particulier quand le narrateur repart en pensées dans ses souvenirs d'enfance, ou nous raconte les événements traumatisants vécus plus récemment...et qui ont mené à son internement.
J'ai attendu d'avoir un peu de calme autour de moi pour me plonger dans cette lecture, car pour suivre l'imaginaire du narrateur, il faut tout de même un peu de concentration tant ses propos sont imagés, singuliers et fascinants à la fois. Un texte à lire absolument au second degré !
Merci à l'auteur de m'avoir permis de découvrir ce second tome et d'avoir patienté pour la parution de ma chronique.
Lien : https://www.bulledemanou.com..
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Hors normes

Voilà un conte cruel et noir, se cachant sous la poésie pour nous mettre dans la tête d'un ... D'un quoi au fait ? Nous savons juste qu'il est le narrateur est qu'il travaille dans un centre psychiatrique comme psychologue. Enfin, c'est ce qu'il dit, car il est très peu fiable ce narrateur.

Comment vivre avec le traumatisme, avec ses monstres intérieurs ? Comment vivre avec les autres alors que vivre avec soi est impossible ? Laurent Pépin nous met dans la tête de son personnage pour tenter de nous faire vivre une pensée singulière, très singulière. Cela pourrait être malaisant au possible, mais son écriture poétique permet de jeter des ponts entre le malaise et la beauté, son narrateur devenant plus humain au fil des pages malgré la monstruosité qui se déchaîne.

J'ai beaucoup aimé me plonger dans cette altérité radicale et ouvrir les portes du placard, jeter un oeil sous le lit pour voir quelles sortes de monstres aller surgir. L'auteur réussit à rendre humain son narrateur malgré sa folie destructrice. Et j'espérais qu'il puisse s'en sortir. Mais comment aider ? Toute la question est là...

Second tome de la trilogie, le narrateur nous paraît moins allégorique, nous dévoile un peu de son passé et présent. Parue initialement aux éditions Flatland, cette réédition s'est accompagnée d'une réécriture. La noirceur y est beaucoup plus présente, le drame plus prégnant. Un conte sortant de l'ordinaire, la découverte d'une plume atypique dans l'imaginaire.

Reste à attendre la suite et fin. J'ai hâte. Et toi pauvre lecteur, sauras-tu affronter ces mystères alors que les cloches sonnent l'angélus ?
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