AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de beatriceferon


Stockholm, 1945. Au ministère des affaires étrangères, un employé reçoit le docteur Félix Kersten avec ces mots, pour le moins peu encourageants : « Je suis au regret de vous annoncer que votre demande de permis de travail a été rejetée. (…) Par ailleurs, je vous informe que votre demande de naturalisation a également été rejetée. »
Un nouveau ministre est entré en fonction. Il n'a pas de termes assez durs envers ce médecin qu'il méprise. Il l'accuse de collaboration, parle de peine de mort et enjoint à son secrétaire de faire disparaître cet encombrant dossier. Pourquoi tant de haine ?
Quelques années plus tôt, à Berlin, en 1939, Kersten est mandé auprès du Reichsfürer Himmler. Taraudé par d'insupportables maux d'estomac, le chef des SS fait appel à ce praticien dont on lui a vanté les mérites. En acceptant de pénétrer dans l'antre du diable, Kersten aura l'occasion de rendre de grands services à son pays.
Dès l'adolescence, je me suis passionnée pour Joseph Kessel, dont j'ai lu l'oeuvre intégralement et auquel j'ai consacré mon mémoire universitaire. J'avais donc découvert avec intérêt Félix Kersten dans « Les mains du miracle ». Mais, à ma grande surprise, quand j'en parlais autour de moi, personne n'avait eu vent des actes héroïques de cet homme étonnant. J'ai lu, il y a peu, « La cuisinière d'Himmler » de Franz-Olivier Giesbert. Dans ce roman, l'auteur évoque brièvement la figure du praticien. Et voilà qu'une bande dessinée lui est consacrée . Il va donc sortir de l'ombre injuste dans laquelle on l'avait relégué.
Il s'agit du premier tome d'une histoire en deux volets. Inévitablement, on est donc frustré à la fin du volume, car le récit n'est pas terminé.
Patrice Perna situe cette biographie à deux époques : à la fin des conflits, des ronds-de-cuir incompétents se laissent abuser par les apparences et ne se donnent pas la peine de chercher la vérité. Pendant la guerre, Kersten est pris entre deux feux. D'une part, comment désobéir à l'homme le plus puissant de l'époque ? Mais, tout omnipotent qu'il soit, il a un talon d'Achille. Les souffrances atroces qui le minent le mettent à la merci de la seule personne à même de les soulager. Kersten n'hésite pas : ses honoraires, ce seront des vies humaines qu'il demandera au bourreau d'épargner. D'un autre côté, l'ascendant qu'il a pris sur le Reichsfürer ne plaît pas à l'entourage de celui-ci. Kersten est surveillé, suivi, épié par Heydrich et ses sbires. Il avance sur un fil, des deux côtés, un précipice le guette.
La majeure partie du récit se déroule à huis clos : ici, on et enfermé dans le bureau d'Himmler, là, on roule dans le train qui le convoie avec son état-major à travers l'Europe en flammes. La plupart des cases présentent des gros plans ou des plans américains. Peu de décors, peu de vues extérieures. Presque toujours, le dessin se focalise sur des visages, des regards, ou même, de temps en temps, des jambes, des bottes. Ici et là, des images en noir et blanc donnent l'impression de photos d'archives. Quant à la palette, elle est très sombre, cantonnée aux gris, bruns, vert-de-gris, avec, de temps en temps, la tache rouge d'un drapeau à croix gammée.
Je n'ai pas trop aimé le dessin, mais j'ai trouvé le récit intéressant et fidèle à la vérité historique. J'attends avec impatience la parution du deuxième volet, parce que, rester debout sur un pied, c'est toujours une position inconfortable !
Commenter  J’apprécie          30



Ont apprécié cette critique (2)voir plus




{* *}