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Critique de Laureneb


"Que devient, à l'aube du XX ème siècle, l'utopie du XIX ème, forgée dans la poésie, la révolution et les mots des idées naissantes ?".
Judith Perrignon utilise cette phrase pour parler de l'évolution des idées politiques révolutionnaires en cette fin du XIX ème siècle, alors que la République républicaine et bourgeoise s'installe, et que les idées radicale de gauche se divisent sur la forme du combat - passer par les urnes ou par la révolution - et sur l'idéologie - anarchistes, socialistes, marxistes...
Mais cette triade pourrait convenir à Louise Michel telle qu'elle est décrite ici ; je n'ose utiliser le mot Trinité pour l'évoquer, même si, après tout, elle avait bien comme surnom la Vierge Rouge...
La "poésie" et les mots, d'abord. Car Louise Michel est d'abord une écrivaine, une poétesse. Admiratrice du Maître, Victor Hugo, avec qui elle entretient une correspondance, qu'elle imite d'abord dans ses propres oeuvres, qu'elle emmène partout avec elle au point de graver ses strophes sur des rochers kanaks, qu'elle incarne aussi en se rêvant Enjoloras, meneur d'une révolution. Elle écrit donc, des contes pour enfants, des romans, ses mémoires. La prison est ainsi pour elle un moment de calme et de tranquillité pour écrire.
"L'utopie" ensuite, et je pourrais rajouter la fraternité. Louise a des rêves d'avenir radieux, de progrès pour les droits des femmes, de diffusion de l'éducation, d'accès aux droits politiques pour les Kanaks, le recul de la prostitution et de la misère... Elle aime le monde, elle aime tout le monde. C'est un amour universel. En revanche, ses théories ne sont pas abouties, concrètes ; elle rêve et elle aime - et elle aide, ce qui va de pair pour elle, mais elle n'apporte pas de solution précise
La "révolution" enfin. Car, depuis son enfance jusqu'à sa mort, Louise Michel est une révolutionnaire. Il faut combattre l'injustice, sous toutes ses formes, partout où elle se trouve. Elle fait peur parce que c'est une femme, qu'elle vit seule, qu'elle est instruite, qu'elle parle bien et qu'elle séduit. Elle fait peur parce qu'elle est libre et qu'elle est un symbole. Cela se voit par la multitude de rapports de rapports de fonctionnaires de police, des sevices d'ordre, des mouchards, attachés à sa surveillance, même lorsqu'elle est libre, que Judith Perrignon ne reproduit qu'en partie.
C'est donc une biographie de Louise Michel, qui est aussi un portrait de la France de la 2ème moitié du XIX ème siècle où tout se transforme si vite, des idées révolutionnaires aux chemins de fer. Louise Michel nous apparaît par les sources officielles de la police, par ses mémoires qui sont une mise en scène, par les journaux conservateurs de l'époque ou les tracts anarchistes ouvriers. Elle nous apparaît aussi par l'autrice qui nous raconte ses rencontres avec Louise Michel dans les salles d'archive, nous laisse percevoir sa propre émotion.
Toutes ces images successives nous dessinent donc un portrait par petites touches qui se complètent : une poétesse, la fille de sa mère, la bonne Louise, l'institutrice, la combattante, l'anarchiste, la féministe, l'amoureuse... "Louise Michel est de tous les combats. Elle est patrimoine".
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