Notre guerre civile

Ne me plaignez pas, je suis plus libre que beaucoup de ceux qui se promènent à ciel découvert. Ceux-là sont prisonniers par la pensée. Ils sont enchaînés par leurs propriétés, par leur intérêt d'argent, leurs tristes nécessités de vie.

Soixante-douze jours, c'est très court. Ils n'ont pas pu faire le quart de ce qu'ils espéraient faire ; Ils ont voté la séparation de l'Eglise et de l'Etat, l'école laïque, l'abolition de la peine de mort, les coopératives ouvrières, la journée de travail à dix heures, la réglementation du travail de nuit, la légalisation du divorce.

parce que la République française aime décorer mutins et révoltés lorsqu'ils sont six pieds sous terre. Ceux dont le cœur bas sont toujours suspects.

Les utopies c'est le berceau du socialisme.

Elles sont donc nombreuses les putains de Paris à avoir leur nom quelque part ici, au gré d'un vieux procès-verbal, d'un mandat de dépôt ou d'une levée d'écrou. Étrangement l'appareil répressif offre une forme d'éternité à ceux et celles qu'il veut étouffer.

La république bourgeoise avait fini par se méfier davantage de ces bataillons d'ouvriers organisés que des Prussiens avec lesquels on pourrait trouver un accord. Car ici, au recommencement de la République, resurgissait immédiatement ce vieux dilemme du monde à changer, cette lancinante question de la radicalité, de la modération, de l'émancipation et de l'ordre.

La littérature, c'est la répétition avant la bataille.

Aujourd'hui encore, Théophile Ferré, jeune militant blanquiste, qui mena avec elle le comité de vigilance de Montmartre et devint un dirigeant de la Commune, reste au fil des biographies le grand amour de Louise Michel, avec Hugo toujours. Comme s'il y avait dans la vie de toute femme, des cases et des hommes à cocher.

On me reproche de ne pas parler beaucoup d'amour, écrira-t-elle en tête d'un chapitre des se Mémoires. Elle avait mieux pour la fin de son siècle, une autre forme d'embrasement.

C'est surtout la poésie qui a poussé cette fille illégitime vers la révolution. C'est peau de chagrin aujourd'hui la poésie, mais en ce temps-là, elle enflammait lettrés et analphabètes, elle se substituait doucement à la prière sous le règne de Victor Hugo, "elle était un langage naturel des classes populaires, le rêve des menuisiers parqueteurs c'était ça, écrire des poèmes !" nous dit l'historienne Michelle Perrot.