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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Je referme ce livre bien pensive, en me disant qu'on n'imagine pas les situations des familles, parfois.

Ce roman raconte l'histoire poignante d'un adolescent pratiquement abandonné à lui-même à un âge où l'on a tant besoin de l'épaule de l'adulte, de la communication et du dialogue, même si on ne le montre pas. L'histoire d'un adolescent contraint au deuil, deuil du père qui le laisse seul, deuil d'une mère qui elle-même, n'a pu faire le celui d'un enfants mort en bas âge et qui a fait de la chambre du bébé, un sanctuaire, une mère qui à sa façon a fui la réalité en se réfugiant au milieu des objets qu'elle récolte et conserve. Un adolescent contraint à tourner le dos à sa vie d'adolescent, à quitter ses amis, son activité de théâtre qui lui permettait de s'exprimer, sa petite amie, son collège...

Puis on retrouvera le fils devenu adulte et père de famille, un fils qui des années après, ressent le besoin de faire ces deuils, et qui cherchera à se libérer de ce passé qui l'emprisonne.

Ecrit dans un style qui colle parfaitement aux personnages, le fils d'abord ado, s'exprime comme le ferait un jeune homme de 15 ans, ce qui n'est pas sans rappeler l'attrape-coeur et ses réflexions pouvant faire sourire, puis devenu homme, se livre en adulte.

La mère, sortie d'elle-même, emploie pour parler d'elle, le « on » impersonnel, ne nomme pratiquement personne et emploie comme dénominatif, l'homme pour parler de son mari, le fils, pour parler de son enfant vivant.

Un beau roman magnifiquement écrit et traduisant parfaitement le ressenti du personnage principal, son errance et son cheminement.

Je remercie Babélio et les éditions du Rouergue pour ce partenariat
Lien : https://1001ptitgateau.blogs..
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Il aurait pu être un ado comme des millions d'autres, à la fois ordinaire et unique.
Sa vie aurait dû être banale se partageant entre sa passion pour le théâtre, ses potes Marc et Abdel, sans oublier Isabelle avec « les montagnes sous son pull » qui le font fantasmer.
Oui, tout ça aurait dû lui permettre de se construire, sauf que la vie prend parfois des chemins que l'on n'a pas forcément envie de suivre.
Pour le garçon, il y eu le petit frère Jean qui oublia de respirer et devint tellement plus présent que lui dans le coeur et la tête de sa mère qui s'enfonce peu à peu dans la folie :

« Pour l'instant, je sais juste que ma mère m'a orpheliné de son vivant, le reste n'a pas beaucoup d'importance. »

« Orpheliné », il l'était ce jeune garçon qui n'a pas de nom. Son père mort dans un accident de voiture, la solitude devient son quotidien.
Bientôt l'espace commence à manquer lorsque la mère atteinte du syndrome de Diogène envahit le moindre recoin avec une accumulation d'objets inutiles, le garçon se réfugie dans une vieille caravane.

La deuxième partie du livre m'a particulièrement émue. L'auteur trouve les mots justes pour expliquer le retour du fils. Devenu père à son tour, il revient sur les lieux de son enfance auprès de sa mère.

Roman à deux voix, celle du garçon et celle de la mère qui parle d'elle avec des « on », comme si à travers sa folie, le « je » n'existait plus.

« Revenir fils » construit en alternance entre le présent et l'enfance avec des images saisissantes de réalisme est un roman poignant, parfaitement maîtrisé, parfois violent dans lequel Christophe Perruchas nous parle de la mort, de la solitude, de la difficulté de se construire pour un ado qui ne trouve pas sa place lorsqu'un bébé mort devient vivant à sa place dans la tête de sa mère.

Je remercie très vivement Babelio et les Editions du Rouergue.
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***,*

A quatorze ans, pas facile d'affronter le décès brutal de son père. Pas plus simple d'ailleurs que de voir sa mère sombrer dans un deuil impossible, ravivant atrocement la mort d'un premier enfant. Alors, cet adolescent perdu s'enferme dans sa caravane, s'entoure de ses amis et se fond dans les premiers amours. Vingt ans plus tard, il est devenu père et sait qu'il doit affronter son passé… Revenir fils et enfin avancer…

J'ai lu le premier roman de Christophe Perruchas, Sept gingembres, grâce aux 68 premières fois. Un roman dérangeant qui signait nettement une écriture travaillée et un talent certain. Parce que croyez-moi, il en faut du travail et du talent pour emporter son lecteur dans la tête d'un prédateur sexuel !

Dans son second roman, Christophe Perruchas confirme qu'il est un conteur à part entière. Son univers, décalé et particulier, ne peut pas laisser indifférent.
Ici, l'histoire tourne autour d'un narrateur et de sa mère. Déjà, il y a comme une barrière, un mur, un espace froid : on ne connaîtra jamais le prénom de ce garçon et sa mère parle d'elle avec ce « on » dépersonnalisé et distant. L'auteur ne joue pas sur les émotions. Mais c'est là toute la force de son écriture ! Encore une fois, il nous entraîne dans son monde sans qu'on ne s'attache à rien. On est happé par la détresse de ses deux personnages, par l'abîme qui se creuse entre eux, sans pour autant être ému aux larmes. Nous sommes les spectateurs invisibles d'un univers qui s'écroule…

Et puis on ferme le roman, on tourne la dernière page. Et alors qu'on pensait être éloigné de ses personnages, qu'on s'estimait touché mais pas bouleversé, qu'on croyait avoir lu de simples mots, on est frappé par cet homme qui cherche sa place, qui la devine, qui la regarde bien en face et qui la gagne. Cette victoire est à lui seul, il ne peut la partager. La fera-t-il avancer ? Sombrer ? Se relever ?

Merci aux 68 premières fois pour cette lecture toute aussi déroutante que poignante…
Lien : https://lire-et-vous.fr/2022..
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1987 « La mère a touché les fils, elle a fondu les plombs », (p.94) cette expression revient plusieurs fois dans la bouche du narrateur, un ado qui voit sa vie exploser une seconde fois. Après le décès du père, le voilà confronté à un second drame, la folie de sa mère, qui simule un accouchement sur un parking de supermarché, celui de son frère aîné, Jean, décédé bien des années plus tôt d'une mort subite du nourrisson.
Passé ce terrible épisode, ce sont ses fils (ses enfants) qui sont fondus dans l'esprit de la mère pour ne plus faire qu'un, le problème étant que sa mémoire a rayé de la carte son fils bien vivant pour ressusciter celui décédé.
2007 L'ado n'en est plus un, il est maintenant, marié, père de jumeaux, d'ailleurs il n'aime pas ce mot, utilisé par sa femme pour s'adresser à leurs enfants, qui fond le frère et la soeur en une unique entité indistincte tel un monstre hybride.
Sur un coup de tête, il décide d'écourter ses vacances avec femme, enfants et beaux-parents, il part sans rien dire, en expédition, revoir sa mère après toutes ces années écoulées.
La mère, non contente de continuer à prendre son fils pour l'enfant Jean, a développé le syndrome de Diogène, et stocke objets et ordures ramassés dans les poubelles dans toutes les pièces de la maison.
J'ai regretté que cette maladie n'occupe pas une place plus centrale dans le roman, car ce thème m'interpellait et m'avait fait placer ce livre en haut de ma pile.
Le récit est tout en émotions, c'est parfois très fort, surtout lorsque le fils tente maladroitement de se rapprocher de sa mère, de s'occuper d'elle, sans avoir le mode d'emploi d'une vieille femme démente. Toutefois, je suis restée parfois un peu trop à la surface de ces émotions.
J'ai aimé être dans la tête de la mère et du fils, et j'ai trouvé que c'était un vrai tour de force de Christophe Perruchas de rendre si crédibles les pensées de la mère, de retranscrire la logique de sa folie. Cependant, la voix de l'ado a résonné moins juste à mes oreilles, les expressions m'ont semblées moins fluides.
La fin du roman m'a dérangée, explosion de haine, de folie, de ressentiment, le narrateur veut-il également fondre ses fils ? … un petit gout d'inachevé pour moi …
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Un roman construit en deux époques distantes d'une vingtaine d'années, en 1987 puis en 2007.
1987 : Nantes, le fils, adolescent, découvre la vie, le besoin de s'affirmer avec les copains, les premiers émois amoureux et un besoin d'isolement de la maison parentale en faisant de la caravane des vacances un cocon plus indépendant. le père meure accidentellement et la mère, déjà très perturbée par la perte ancienne de jean, nourrisson a beaucoup de mal à surmonter ce nouveau deuil. Elle développe une manie obsessionnelle de conservation de tous les objets qu'elle rencontre, et devient malade au point d'être internée en psychiatrie. le fils est alors pris en charge par l'oncle Robert et va vivre à Rennes.
2007 : le fils, marié, deux enfants revient voir sa mère vieillissante, toujours malade, qui ne le reconnaît pas et le prend pour l'aîné Jean, qui n'a pourtant vécu que quelques mois et il y a bien longtemps.
Christophe Perruchas excelle dans la qualité des deux narrations successives, les déambulations de l'ado sont d'une grande sensibilité et d'un grand réalisme et sa confrontation avec l'univers encombré de vie maternelle avec des descriptions cliniques des lieux et de la déchéance physique de sa mère sont décrites de façon précise et douloureuse.
Très beau roman, prenant, saisissant avec un style qui se frotte au plus près des gens et des choses.
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Ce roman m'a plongée dans mes années de travail en psychiatrie, avec tous ces patients qui « collectionnaient » et entassaient jusqu'à ne plus avoir de place.
La narration est originale pour la première partie. Deux voix : celle du fils avec « je » et celle de la mère avec « on ».
Pour la seconde partie, 20 ans après, elle m'a parue plus longue, moins rythmée.
La fin nous offre une conclusion en forme de question.
J'ai passé un bon moment
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1987. le fils a quinze ans, ses belles années sont devant lui quand survient le deuil qui va tout changer. L'accident du père au volant de sa 504 entraîne peu à peu la folie de la mère. Elle sombre dans une mélancolie que rien ne pourra arrêter. le choc est si intense que même la vie de son fils va s'estomper de sa mémoire. Remplacé bien étrangement par un autre fils, disparu lui aussi. Il faudra confier le fils à la famille, oncle et tante feront ce qu'ils peuvent pour l'élever.

2007. le fils devenu père éprouve le besoin de revenir fils. de retrouver cette mère qui l'a effacé de sa vie des années auparavant pour sombrer dans la folie. Atteinte de la maladie de Diogène, elle vit toujours dans la même maison, désormais envahie de toute part par les accumulations de toute sorte qui la rassurent, la confortent, l'aident à survivre. Des boites de Nesquick aux aliments frelatés, des verres inutiles aux revues qui s'amoncellent, sa vie est un équilibre instable fait d'accumulation, de saleté, de solitude.

Peu à peu, alternant ces deux époques, l'auteur nous fait pénétrer dans le monde intérieur d'une mère perdue, d'un fils orphelin, d'un homme qui se cherche et veut donner ce qu'il n'a plus jamais reçu depuis l'accident qui a transformé leurs vies.

L'auteur a su aborder des thèmes difficiles et délicats avec beaucoup de tendresse, d'émotion, de véracité. La maternité, le deuil, la famille, la maladie, celle de Diogène évoquée ici est envahissante et traumatisante autant pour ceux qui la vivent que pour ceux qui la subissent.

Difficile chemin de ce fils devenu homme, mari, père et qui devra tout oublier pour enfin devenir fils. Ce roman est dense, fort, percutant et marquant. L'alternance des époques donne du rythme et du souffle face à la difficulté d'être, de vivre, d'accepter, de comprendre, et enfin d'aimer, en étant le fils de cette mère si singulière. Car il doit en affronter des murailles, au propre comme au figuré, dans cette maison devenue une véritable décharge et le creuset des immondices récoltées avec tant d'énergie par cette mère devenue souillon. Mais aussi des silences, des frustrations, pour tenter de percer la carapace et faire émerger l'amour. Quelle énergie, quel amour, quelle tendresse dans ces gestes, ces mots, ces sentiments du fils orphelin envers celle qui lui a donné la vie.

chronique en ligne sur le blog Domi C Lire https://domiclire.wordpress.com/2022/03/28/revenir-fils-christophe-perruchas/
Lien : https://domiclire.wordpress...
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Revenir fils, quel drôle de titre ? Fils on l'est et on le reste tant que survivent les parents et on perd ce statut à leur départ, de façon irrémédiable. Sauf si, comme le narrateur, on est « orpheliné de son vivant » par sa mère, effacé du disque dur de sa mémoire de façon irréversible par un traumatisme de trop.
Lorsqu'il perd son père a l'âge de quatorze, il assiste impuissant, et un peu négligemment au lent glissement de sa mère dans une douce démence. Peu à peu elle se met à accumuler maintes choses inutiles, comme pour combler le vide béant laissé par les décès d'un premier fils et d'un époux.
Trop occupé à survivre lui aussi il laisse faire,jusqu'au jour où elle défaille.
C'est un roman bien inclassable que nous livre @christophe_perruchas. Roman à deux voix, il nous entraîne dans deux monologues, l'un venant de cet esprit qui déraille et l'autre de celui d'un adolescent bouillonnant, débordant de vie. Roman en deux temps aussi, quand, vingt ans plus tard, l'adolescent devenu père à son tour, essaie de renouer le fil brisé, tel un archéologue à la recherche de son passé dans la maison familiale qui a englouti toute trace de son existence.
C'est à la fois ironique et savoureux, avec des saillies mordantes, des passages absurdes et drôles, mais c'est aussi tendre et terriblement bouleversant. Triste et nostalgique, mais empreint de sensibilité et jamais plombant. Un voyage entre rire et larmes, puissant et vibrant.
Merci aux @68premieresfois pour cette belle découverte.
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Je remercie mes 68 premieres fois pour m'avoir permis de lire ce livre.
J'ai particulierement aime la 1ere partie ou cet adolescent, qui se cherche et qui explore les relations amoureuses, affronte le deuil et la folie de sa mere.
L'ecriture est poignante et j'ai ete bouleversee par cet enfant qui se rend compte que sa mere l'a oublié et doit vivre avec son oncle et sa tante.
La seconde partie qui se deroule 20 ans plus tard explore d'autres sentiments comme la reconquête de sa mére, l'envie de tirer un trait sur ce passe douleureux et d'avancer dans sa vie d'homme et de pére.

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1987. Il a quinze ans, vit sa vie d'ado quand survient le drame. La 504 du père emboutit un arbre. À cet instant, c'est toute une famille qui bascule dans l'horreur.
2007. 20 ans ont passé et la folie s'est emparée de la mère, contraignant ce fils à Revenir fils. Mais peut-il se confronter à celle qui l'a « orpheliné » il y a tant d'années ?
Une alternance d'époque. Celle d'une enfance brisée par un deuil. Une mère errant comme une âme en peine. Un fils orphelin vivant dans l'ombre de ses morts. Et puis, maintenant, ce fils devenu homme, mari, devant revenir vivre au milieu de la maladie de sa mère. Un fossé les sépare et pour ce fils il est temps de se libérer d'un passé trop lourd à porter.
« Elle fouille, déménage, range, ordonne, façon de parler, sa maison est son projet, son chantier, perpétuellement retardé, une grotte qui la protège mais qui l'ensevelit, un labyrinthe qui la perd mais qui la structure. »

Deux époques + deux narrations = une montée en puissance.
Les sentiments explosent au fil des pages. Certains diront que c'est beau. L'amour que l'on donne à une mère qui malgré sa folie reste celle qui met au monde et donc mérite toute attention. D'autres, diront que donner de l'importance à celle qui a abandonné son fils n'est pas concevable. Et c'est là que le bât blesse !
Revenir fils aborde l'amour, la famille, le deuil, la maladie. Difficile de rester insensible à ce texte. Il m'a bousculée, tiré quelques larmes par moment. Les mots de Christophe Perruchas débordent de sensibilité et d'amour. Ce fils qui donne tout ce qu'il a pour enfin aimer cette mère. Ce fils qui comprend et accepte la folie. Ce fils qui remonte la pente d'un passé douloureux. Ce fils qui maladroitement veut juste être à sa place. En clair, ça frappe fort et je n'en suis pas sortie indemne!

http://www.mesecritsdunjour.com/archives/2022/03/31/39413984.html

Lien : http://www.mesecritsdunjour...
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