1987 « La mère a touché les fils, elle a fondu les plombs », (p.94) cette expression revient plusieurs fois dans la bouche du narrateur, un ado qui voit sa vie exploser une seconde fois. Après le décès du père, le voilà confronté à un second drame, la folie de sa mère, qui simule un accouchement sur un parking de supermarché, celui de son frère aîné, Jean, décédé bien des années plus tôt d'une mort subite du nourrisson.
Passé ce terrible épisode, ce sont ses fils (ses enfants) qui sont fondus dans l'esprit de la mère pour ne plus faire qu'un, le problème étant que sa mémoire a rayé de la carte son fils bien vivant pour ressusciter celui décédé.
2007 L'ado n'en est plus un, il est maintenant, marié, père de jumeaux, d'ailleurs il n'aime pas ce mot, utilisé par sa femme pour s'adresser à leurs enfants, qui fond le frère et la soeur en une unique entité indistincte tel un monstre hybride.
Sur un coup de tête, il décide d'écourter ses vacances avec femme, enfants et beaux-parents, il part sans rien dire, en expédition, revoir sa mère après toutes ces années écoulées.
La mère, non contente de continuer à prendre son fils pour l'enfant Jean, a développé le syndrome de Diogène, et stocke objets et ordures ramassés dans les poubelles dans toutes les pièces de la maison.
J'ai regretté que cette maladie n'occupe pas une place plus centrale dans le roman, car ce thème m'interpellait et m'avait fait placer ce livre en haut de ma pile.
Le récit est tout en émotions, c'est parfois très fort, surtout lorsque le fils tente maladroitement de se rapprocher de sa mère, de s'occuper d'elle, sans avoir le mode d'emploi d'une vieille femme démente. Toutefois, je suis restée parfois un peu trop à la surface de ces émotions.
J'ai aimé être dans la tête de la mère et du fils, et j'ai trouvé que c'était un vrai tour de force de
Christophe Perruchas de rendre si crédibles les pensées de la mère, de retranscrire la logique de sa folie. Cependant, la voix de l'ado a résonné moins juste à mes oreilles, les expressions m'ont semblées moins fluides.
La fin du roman m'a dérangée, explosion de haine, de folie, de ressentiment, le narrateur veut-il également fondre ses fils ? … un petit gout d'inachevé pour moi …