Citations sur Charlotte Ellison et Thomas Pitt, tome 5 : Rutland pl.. (12)
[...] Un meurtre est toujours une double tragédie, d’abord pour la victime et ses proches, mais aussi pour l’assassin et ceux qui l’aimaient et prenaient en pitié son âme tourmentée.[...]
L'expérience lui avait appris que les fous criminels n'utilisent pas le poison- surtout pour se débarrasser d'une femme seule dans son boudoir.
Les gens de la bonne société étaient hostiles à l'intrusion de la police dans leur univers, intrusion qu'ils jugeaient vulgaire et déplacée.
Il était curieux de voir à quel point cet homme avait l'air à la fois inquiet, prétentieux, suffisant et terriblement embarrassé- comme un coq qui se serait surpris à chanter en plein midi !
Même un déséquilibré a des raisons de tuer : sa folie couve lentement, comme la chaleur du printemps dégèle les neiges de l'hiver, qui s'en vont grossir les cours d'eau. Et brutalement, le barrage cède sous l'effet d'une force sauvage et destructrice.
Pitt le comprenait parfaitement. Ecouter poliment de telles platitudes exigeait une discipline que seule la rigidité de la bienséance apprise dès la petite enfance - à la nursery, au contact des précepteurs et dans les collèges privés- permettait de supporter avec une grâce apparente.
Je ne vois rien d’extravagant là-dedans, fit Charlotte, déçue, en se disant que sa mère et elle ne partageaient pas la même conception de l’excentricité. — Ambrosine adore chanter, poursuivit Caroline. Des chansons des plus étranges. J’ignore où elle les a apprises. Et elle oublie tout ! Une dame de la bonne société doit se souvenir du nom d’une personne venue lui rendre visite la semaine précédente, ou des liens de parenté de ses différentes relations, non ? Ambrosine commet parfois de terribles gaffes. Charlotte ressentit aussitôt une vive sympathie pour cette Mrs. Charrington. — Tant mieux. Cela doit mettre de l’animation dans les soirées, remarqua-t-elle
Les doigts croisés sur ses genoux, elle tripotait avec nervosité son mouchoir de dentelle. À la voir si malheureuse, Charlotte comprit enfin son dilemme. Mener une enquête officielle, ou même révéler le vol, sèmerait le doute parmi tous les habitants de Rutland Place, qui s’imagineraient que Mrs. Ellison les soupçonnait personnellement. De vieilles amitiés seraient ruinées, des domestiques innocents perdraient leur emploi ou leur réputation. Des désagréments en chaîne rebondiraient comme des ricochets à la surface d’un lac, troublant l’existence paisible des familles du quartier.
Oh, je suis certaine qu’Emily a été ravie de vous rencontrer, répondit Charlotte. Elle connaissait assez sa sœur pour savoir que celle-ci avait dû s’ennuyer à mourir cet après-midi-là ; cela dit, Emily savait à merveille dissimuler ses sentiments. En fait, comme tous les membres de la famille Ellison, à l’exception de Charlotte, elle possédait un grand savoir-vivre.
Mais Grand-Maman a dû elle-même égarer des choses ! Parlez-lui de la perte du médaillon avant qu’elle ne s’en aperçoive. Elle vous fera sans doute la morale, mais ce n’est pas si terrible. Depuis le temps, vous devez y être habituée. Et pour une fois, cela lui donnera une bonne excuse, conclut-elle en souriant