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Critique de Domichel


Arrivé à Noël 2013 sous notre sapin, le deuxième recueil de nouvelles de Noël d'Anne Perry intitulé comme de juste “Nouveaux contes de Noël” est un petit bijou de littérature anglaise. À déguster comme une friandise un après-midi d'hiver, au creux d'un fauteuil club ou d'un canapé en velours, à la chaleur d'un feu de bois, on ne saurait manquer un bon thé de Chine avec des scones ou des muffins…
Anne Perry nous régale comme à son habitude de récits variés ayant pour thème la fête de Noël avec des personnages connus de nous seuls, secondaires dans les romans habituels mais néanmoins incontournables. L'inspecteur Runcorn, collègue de Monk ; Emily Radley, soeur et belle-soeur de Charlotte et Thomas Pitt ; Gracie Phipps et Minnie Maud Mudway (toutes jeunes alors), successivement bonnes de la famille Pitt ; et Henry Rathbone, déjà rencontré dans le premier recueil de quatre nouvelles de Noël paru fin 2012.

Le premier récit, “La Promesse de Noël”, nous emmène sur l'île d'Anglesey au nord-ouest du Pays de Galles en compagnie du superintendant Runcorn. Ce dernier en longues vacances, profite de vivifiantes promenades sur l'île, goûtant au grand air et aux espaces sans fin d'une nature sauvage qui lui font, un tant soit peu, oublier les parfums méphitiques de Londres. C'est au cours d'une de ces promenades qu'il va croiser un personnage connu de lui sous le nom de Barclay et frère de la belle Mélisande Ewart qui l'a autrefois aidé à résoudre une enquête. Bientôt on va retrouver le corps sans vie de la soeur du pasteur, assassinée dans le cimetière attenant la petite chapelle. Runcorn n'étant pas dans sa juridiction ne peut enquêter de son propre chef, mais malgré l'arrivée d'un officier de police venu du continent, notre superintendant en congé va cependant devoir reprendre du service. Mensonges, faux-semblants, jalousies et non-dits seront le lot de Runcorn qui va devoir séparer le vrai du faux afin de permettre à chacun ou presque dans le village de goûter aux plaisirs simples de Noël.

Le deuxième conte “La Révélation de Noël”, tel une bal(l)ade irlandaise, va faire voyager Emily Radley au coeur du Conemara, à partir de la ville de Galway jusqu'au bord de la mer déchaînée. Elle va y retrouver Susannah, une soeur de son père décédé, elle-même en fin de vie, ignorée d'une famille qui ne lui a pas vraiment pardonné d'avoir épousé un homme qu'elle aimait, irlandais et catholique de surcroit. À la demande de cette tante qui la réclame à son chevet, et avec le soutien moral de son mari Jack, Emily va faire ce voyage contre son gré, et elle va tenter d'éclaircir un mystère qui pèse depuis de nombreuses années sur le petit village de Roundstone. Une terrible tempête va laisser sur la plage un naufragé à demi-mort, et ce rescapé inopiné réveillera de sombres souvenirs au sein de la petite communauté. Emily n'aura de cesse de percer ce lourd secret afin de soulager les consciences et ramener la paix dans l'esprit des habitants juste avant Noël.

Retour à la capitale britannique pour “Un Noël plein d'espoir”. C'est toute jeune que nous retrouvons Gracie Phipps, alors âgée de treize ans, mais déjà débrouillarde et futée, alors qu'elle va faire la connaissance d'une fillette de huit ans, Minnie Maud Mudway, au coeur de l'hiver Londonien. Cette enfant menue et fragile est toute désemparée, parce que non seulement son oncle Alf est mort et qu'elle l'aimait vraiment beaucoup, mais qu'au delà de ce drame familial, ont disparu : la charrette de son chiffonnier d'oncle et l'âne Charlie qui tirait cette dernière. Persuadées d'une histoire louche derrière ce drame, nos deux fillettes vont arpenter les quartiers les plus pauvres de la capitale afin de retrouver Charlie et mettre à jour le mystère entourant sa disparition.

L'odyssée de Noël” porte bien son nom car c'est un véritable périple auquel va se livrer Henry Rathbone à travers les bas-fonds de Londres. Périple est encore trop “touristique” car c'est davantage d'une descente aux enfers dont il s'agit. L'un de ses amis, Wenworth, lui demande d'essayer de retrouver son fils, pourtant promis à un bel avenir dans la haute société, qui a déserté le domicile familial pour s'adonner à une vie de débauche. Il apparaîtra rapidement que c'est une réelle dépravation dont est victime le jeune Lucien Wenworth. Aidé de deux personnages atypiques, Squeaky et du “presque” médecin Crow, Rathbone va s'enfoncer dans une succession de lieux plus sordides les uns que les autres, croiser une faune dont les comportements relèvent davantage de la licence, de la luxure et du stupre, quand il ne s'agit pas du meurtre. Dans les sous-sols de la capitale où se côtoient drogués à l'opium ou la cocaïne, prostitués des deux sexes, maquereaux, dealers et assassins, nos trois enquêteurs vont naviguer au sein d'une micro-société dont la seule règle de survie est celle du plus fort ou du plus impitoyable. On a peine à imaginer cette histoire comme un conte de Noël, mais c'est sans compter le talent d'Anne Perry qui arrive à nous convaincre de son propos.

En conclusion, le style d'Anne Perry est toujours aussi agréable à lire, (du moins ce que les traductions nous en donnent), et on prend toujours autant de plaisir à se plonger dans ces récits d'une autre époque (Victorienne j'entends). Ces textes de Noël portent moins sur l'aspect “policier” que les enquêtes de Charlotte et Thomas Pitt - je ne connais pas les autres séries - et c'est bien ainsi, car l'auteur explore davantage la conscience de ses personnages et leurs tourments, et Dieu sait qu'elle leur en fait voir ! le contexte de Noël prête davantage à la réflexion sur soi-même et on peut se retrouver à travers les états d'âme de certains acteurs de papier. La rédemption et la recherche de la paix spirituelle prend le pas sur la violence des crimes commis et lorsqu'arrive la fin de l'histoire, on ressent davantage de chaleur à la lumière de l'affaire résolue. Les récits sont plus courts que ceux habituellement écrits par Anne Perry, mais ils n'ont rien à envier aux autres quand il s'agit de décrire les paysages, les décors des maisons, la froideur de la pluie mêlée de neige, les costumes des personnages, leurs habitudes gastronomiques et l'ambiance si particulière de l'époque Victorienne. À lire sans modération.
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