Aucun nom, aucun visage ne lui revint en mémoire, mais l'odeur des gargotes à quatre sous lui parut étrangement familière. D'instinct, il adopta la bonne attitude : se fondre dans le décor tel un caméléon, baisser les épaules, relâcher l'allure, regarder les autres par en dessous.
je viens de terminer la première enquête de William Monk. J'ai aimé cette ambiance de fin de siècle (nous sommes en 1856 dans un Londres que j'apprécie avec ses policiers chevronnés comme notre héros, ses familles endeuillées... Un double travail de recherche de mémoire pour lui-même et pour l'enquête nous emmène dans la société mondaine et aussi dans les bas-fonds.
D’une très grande intelligence, elle faisait preuve d’un esprit d’analyse déroutant pour son entourage… surtout pour les hommes qui n’attendaient pas ni n’appréciaient cette qualité-là chez une femme.
Trop de femmes gâchent leur vie à déplorer ce qu’elles n’ont pas, parce que d’autres ont décidé que c’était ce qu’il leur fallait.
- Mais alors, grands dieux, que fabriquez-vous depuis huit semaines ?
- J'ai passé cinq d'entre elles à me remettre de mes propres blessures. Vous posez trop de questions, madame. Vous êtes arrogante, autoritaire, irascible et suffisante. Et vous portez des jugements hâtifs qui ne reposent sur rien. Mon Dieu ! J'ai horreur des femmes intelligentes.
Elle se figea un instant avant que la réponse ne lui monte aux lèvres.
- Et moi, j'aime les hommes intelligents !
Elle le toisa de la tête aux pieds.
- A l'évidence, la désillusion nous guette, l'un comme l'autre.
Hester resta sans voix. Cette femme se croyait-elle la seule au monde à avoir perdu un proche ? Le chagrin était quelquefois tellement aveugle !
- Absolument, répondit-elle enfin, d'un ton neutre. Mon frère aîné a été tué en Crimée, et mes parents sont décédés il y a quelques mois, à trois semaines d'intervalle.
- Oh...
Le seul avantage de la catastrophe, c'était qu'elle avait balayé tous les désagréments mineurs.
Mon Dieu ! j'ai horreur des femmes intelligentes.
Avait-il toujours été un solitaire ou était-ce le fait d'être privé de mémoire, coupé de tout sentiment de chaleur ou d'affection ? Il avait bien un ami quelque part, un être qui avait partagé ses joies et ses peines, du moins qui avait vécu les mêmes expériences. Il devait bien y avoir une femme -dans le passé, sinon aujourd'hui-, des souvenirs partagés de tendresse, de rires et de larmes. Ou alors il avait un coeur de pierre. Peut-être y avait-il eu un drame dans sa vie ? Ou quelques gros problèmes ?
Chapitre 3
La vie de Grey était opaque que la sienne...une figure fantomatique circonscrite susceptibles d'inspirer l'amour ou la haine. Car haine il y avait chez celui qui avait battu Grey à mort et avait continué à frapper longtemps après que ce fut totalement inutile.
Chapitre 3