[...] on peut commettre des actes monstrueux sous couvert d’agir pour son pays. C’est une excuse si facile.
Certaines personnes ne savent pas être concises. Elles s’imaginent que, plus elles emploient de mots, plus on croira leurs affaires importantes.
L’opium, sous une forme ou une autre, est le seul moyen qu’ont la plupart des gens de traiter la douleur. C’est une évidence.
Monk s’avança et sentit un nœud se former dans son estomac. Ce qu’il avait pris pour une toile déchirée était en réalité la jupe détrempée d’une femme si affreusement mutilée qu’il lui fallut un instant pour reconnaître un être humain. Inutile de se demander si elle était morte. Son corps disloqué gisait à moitié sur le dos, son visage grisâtre et ses yeux sans vie tournés vers le ciel. Elle avait les cheveux poisseux, les vêtements ensanglantés, mais ce ne fut pas cela qui fit monter la bile dans la gorge de Monk et lui coupa le souffle. Elle avait été éventrée, et ses entrailles arrachées ressemblaient à de pâles serpents dépecés en travers de son bas-ventre.
L’amour ne se résume pas à la foi ou à des éloges constants. Parfois, c’est aussi ne pas écraser son conjoint sous le poids de ses espoirs, accepter ses défaites sans cesser de l’aimer.
Comme nombre de scientifiques, il s’amusait des absurdités des gens, avec une sorte d’affection pour leurs lubies.
Un homme ne choisit une prostituée de son âge que s’il n’a pas les moyens de s’en payer une plus jeune.
Le spectacle d’un homme luttant avec une femme pourrait faire penser à une étreinte. Les bateliers se seraient amusés de voir qu’il avait l’audace de le faire en plein air. Ils auraient pensé qu’il prenait son plaisir, et non qu’il la tuait.
Le recours à l’opium pouvait déboucher sur une accoutumance, qui ne devenait cependant sérieuse que lorsqu’on le consommait à la chinoise – non par ingestion, mais en le fumant dans des pipes en argile.
L’opium rapporte gros. Dès qu’on commence à dire aux gens ce qu’ils peuvent et ne peuvent pas vendre, ils se rebiffent. Et puis, cela signifierait que le gouvernement saurait tout. Ce qui est vendu en douce comme le reste. Les marchands d’opium – et vous seriez surpris de savoir qui ils sont, pour certains – aiment s’entendre dire qu’il améliore la vie des gens, mais pas que des enfants meurent d’avoir pris des doses trop fortes, ou que des patients en deviennent dépendants. Ils voient dans ce projet de loi une condamnation de leur commerce et une tentative pour en prendre le contrôle.