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Critique de Floyd2408


Lorsque une flânerie bienheureuse vous berce les émotions avec une incertitude de plaisir dans cette galaxie constellés de livres posés sur des étals avec une forme de nonchalance, ce paysage littéraire statique du regard des clients, engourdi de leur mots inconnus, s'impatiente d'un lecteur, comme ce livre habillé par un bordereau rouge pour un trompe l'oeil publicitaire, avec ces mots gravés en blancs comme une évidence, « Un Kafka aventureux » Jorge Luis Borges, éclaire ma curiosité d'humeur hédoniste, le titre dans un triangle surmonté de l'auteur, le Maitre du Jugement dernier, Léo Perutz, tout est obscur, je ne connais pas cet auteur, ni son origine, alors je le prends en main pour découvrir sa quatrième de couverture, Roman traduit de l'allemand par Jean-Claude Capèle, une voix tinte mon âme, un auteur de langue allemande comme beaucoup à cette époque, Stefan Zweig, cet autrichien à la mélodie perdue dans les abysses de mes lectures passées, cette Lettre d'une inconnue résonne dans mes souvenirs, le loups des steppes de Hermann Hesse n'oublie pas cette lecture trouble, Kafka dans la rumeur incroyable de l'ombre de Léo Perutz, ses auteurs de langue germanophile ont chacun de leurs romans, frissonnés des moments de plaisirs de leurs mots , de leurs intrigues, mon esprit vagabondant, mon regard continue sa rêverie, les mots jeu diabolique, un roman qui hante, absorbe mon énergie de joie pour la rendre plus incandescence, me voilà imprégné de ce roman se diffusant en moi, je suis en main de ce livre pour une de mes prochaines lectures, le Maitre du Jugement dernier.
Ce petit préambule long, exprime avec beaucoup de justesse l'approche de ce roman lors de ma lecture, sans pour autant me renseigner sur l'auteur, juste s'infuser de l'écriture et de son intrigue, sans artifice, une naturalité juvénile à cette prose s'introduisant au plus lointain de votre humeur, une maladie infectieuse circule au coeur de votre chair, frisonne l'incertitude de mes émotions, une cristallisation intrusive tel un Alien tissant sa toile lentement au fil de la lecture où les personnages s'invitent dans le tumulte de mon cerveau en effervescence, du votre, vous les prochains lecteurs, dans cette dualité que nous sommes. Il y a une confusion entre les lecteurs, et, le lecteur que je suis, une forme d'excroissance se forme, le récit est la narration d'un musicien que l'on découvrira plus tard, relatant une chose étrange, une peur indescriptible survenu lors d'un événement précis, une indécision se créer mais dans la mémoire du maitre, des précision sont fidèles, comme un tatouage au fer rouge, gravé à la vie à la mort, une date précise s'inscrit dans la fièvre tumultueuse de cet homme, l'article d'un journal lui reste en mémoire, les protagonistes de l'histoire sont petit à petit présenté, et cette date du 26 septembre 1909 attire en nous une curiosité croissante, la prose étire notre impatience, l'intrigue s'installe comme une fleur qui au petit matin s'épanouit à la rosée d'un soleil levant, réchauffant les pétales endormies.
Il y a une préface en guise de postface, le narrateur expose les événements de l'automne 1909, sa mémoire est précise, avec une belle vivacité, toute l'intrigue est son arrivé à la villa Bischoff par le Docteur Gorski, le 26 septembre 1909, pour jouer un récital privé. Pour lui cette journée est celle
« D'une journée sans nuages, agitée seulement par un vent chaud. »
Il n'a pas oublié les articles du journal ceux parlant des Balkans, et des jeunes-Turcs, de la vie de Chekket Pacha et de Niazi Bey, des noms oubliés, de l'art, comme la représentation du Danton de Büchner, à l'opéra le crépuscule des dieux, on expose des toiles de Jan Toorop et de Lovis Corinth, grèves des ouvriers à Saint-Pétersbourg et aussi plus important pour cette histoire la faillite de la banque Bergstein, celle ou Eugen Bischoff avait toute sa fortune, ce cauchemar tragique comme le dit ce narrateur encore inconnu se déroula pas plus de cinq jours, du 26 septembre au 30 septembre.
Ce récit au style direct, où le Baron exprime les faits, ses émotions, ses humeurs, ses interprétations, tout se déroule par son seul point de vue.Ce narrateur, le Baron von Yosh, violoniste, lors d'un récital chez un acteur connu, remplaçant un des musiciens, jalouse sans le vouloir un invité, un jeune ingénieur, Waldemar Solgrub, de la complicité naissante avec Dina, la pianiste, celle qui fut sa fiancée maintenant marié avec le maitre de maison Eugen Bischoff, Félix le frère de Dina est présent, et le Docteur Goshi, le violoncelliste complète ce tableau mouvant, ce petit concert privé ondule ce deuxième mouvement du trio en si majeur, bouleversant notre narrateur, épris de ces notes l'emprisonnant dans une forme d'amour passionné.
Le jardinier est le spectre de la mort, celle avec sa faucille, sous le regard sombre du Baron sous l'emprise de ses démons et ses humeurs destructrices, face à l'annonce de la mort d'Eugen, prit par une lassitude, il est terrifié, tombant dans un vertige de noirceur, se noyant d'un spleen Baudelairien. La valse bleue rythme la vie et la mort, ce Souvenir de Moscou comme le son d'un harmonica sont le requiem lugubre d'une atmosphère de mort véhiculant le crâne du Baron. Il n'oublie pas de faire jaillir en lui comme une explosion inattendue des scènes de Dina amoureuse, aimante et de son chien mort Zamor. le Baron est en prise avec sa conscience fluctuante, le doute, cet ectoplasme froid habille son âme, la fuite prend source dans la peur, cette sensation indescriptible aspire notre vagabond dans une errance irrationnelle, partir de Vienne, retrouver la Bohême, dans la région de Chrudim, un domaine hérité d'un de ses cousin maternel, sentir la forêt où il chassait le cerf lors de son enfance. Mais l'ingénieur tel un détective, désire dans son étrangeté, trouver le meurtrier du suicide d'Eugen, le mari de Dina, tout laisse à croire sans ambiguïté à un suicide, l'effroi domine, tous sont dans l'expectative.
Léo Perutz avec beaucoup d'ingénuité sème le trouble, avec l'amalgame d'un suicide, d'un meurtre et des forces surnaturelles noires, cette trinité thématique entourant la mort de cet acteur Eugen. Félix, jeune frère de Dina accuse sans légèreté le Baron de ce meurtre de sa jalousie maladive de son amour pour Dina. L'ingénieur pour sa part, pense qu'il y a une similitude avec la petite histoire racontée par le défunt Eugen, le suicide des deux juments, une intrigue dans l'intrigue, comme un écho à cette mort, une force du mal assène son poison, cet ingénieur pense à un meurtrier tapis dans l'ombre, élabore toute une théorie aux confins du fantastique, et le suicide tout naturellement.
Le trio, le Docteur Goshi, l'ingénieur et le Baron enquête sur la mort de l'acteur Eugen pour suivre l'idée le Maitre du Jugement dernier, dernière phrase prononcée par Eugen. Ce titre le Maitre du Jugement dernier est une énigme épineuse d'un récit fantastique au précipice du surnaturel, avec un soupçon de réalité glacial comme les souvenirs de guerre de chacun, l'ingénieur et la guerre russo-japonaise à Munho, ce cauchemar vivant, d'avoir tué plus de cinq cents soldats électrifiés par une de ses armes, de garnison à Prijepolje avec un officier dans immeuble.
Petit à petit ce récit entre dans une forme d'enquête surnaturelle, le Baron semble perdre petit à petit la notion de la réalité, basculant dans les dédales du surnaturelle. Toute cette petite histoire s'évapore dans le cercle fermé des humeurs du Baron, recevant une lettre de menace, se met en quête de faire une enquête, va demander de l'aide au commissaire Hufnagl sur le petit incident survenu par Eugen avec le taxi , l'endroit , ce lieu, pour découvrir un officier dans l'immeuble ou s'est rendu Eugen, parle de guerre, garnison à Prijepolje, recherche un homme d'origine Italienne, théorie de l'ingénieur, rend visite à un usurier juif Albachary, rencontre l'ingénieur qui lui aussi fait son enquête dans les mêmes endroits, rencontre le cousin, le jeune Karasek de mademoiselle Poldi, et ce cousin raconte un peu , comment sa cousine à reçu par un inconnu un livre « Vitolo-Mangold »une encyclopédie de la langue italienne, en enquêtant, il découvre qui est le Maitre du Jugement dernier, Giovanssimone Chigi, un maitre célèbre élève de Piero di Cosimo. L'ingénieur est mort d'une crise cardiaque en décidant de poursuivre ses recherches et ses expériences sur le Maitre du Jugement dernier, le docteur prévient le Baron et Félix, puis s'en suit l'histoire de Giovanssimone , cette fable entre messire Salimbeni et ce Maire surnommé « la Méchanceté » et selon un rituel maléfique d'un boisson , le maitre fut saisit par les démons de l'enfer, la folie s'empara de lui pour le rendre solitaire et enragé par le fantôme du Maitre du Jugement dernier dans ses toiles , le manuscrit s'arrête sans donner la formule prise par la Maitre devenu fou. Mais celle-ci fut découpée avec un presse-papier par l'ingénieur. Ce trio, le docteur, Félix et le Baron auraient aimé tester cette drogue pour comprendre, le Baron pris conscience comme un éclair de lucidité de pouvoir trouver de la drogue celle utilisé par Eugen, dans la pipe posé sur la table. le baron fuit puis teste la drogue restée dans la pipe, et part dans un délire indescriptible pour finir par vouloir finir à ses jours, sauvé par le Docteur, puis rencontre Dina pour sentir sa main lui échapper dans l'obscurité de la nuit. Cette fabuleuse intrigue échappe au lecteur comme aime le faire l'auteur, Léo Perutz par la note de l'éditeur déstabilise encore plus la fin psychologique de ce roman, une pépite incroyable cette prose si enivrante et reposante.
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