Citations sur Frère Cadfael, tome 1 : Trafic de reliques (24)
- [...] Il faut faire quelque chose pour avoir aussi nos chances. Il ne faudrait pas qu’on croie au pays de Galles que Jérôme est ce qu’il y a de mieux comme moine à Shrewsbury.
Les métaux stupides que vous entassez et qui vous sont plus chers que l'honneur, ne comptez pas vous en servir pour acheter ma conscience.
Je suis un grand pécheur, ajouta-t-il avec philosophie, mais je ne me sens pas coupable. Je me demande si la fin justifie les moyens?
Cadfael était venu tard à la vie monastique, comme un bateau en péril trouve enfin un port tranquille.
Cadfael, lui, ne trouvait rien de bizarre à cette vie mouvementée ; il n’avait rien oublié et ne regrettait rien. Il ne voyait aucune contradiction entre le plaisir qu’il avait pris aux aventures et aux batailles et celui, très vif aussi, qu’il trouvait maintenant dans sa vie tranquille. Tranquillité qu’il rehaussait, il faut bien le dire, d’un zeste de malice à chaque fois que c’était possible. Il aimait en effet la cuisine relevée, mais il appréciait aussi le calme qu’il avait trouvé là. Les jeunes qui lorgnaient avec tant de curiosité chuchotaient aussi que, dans sa vie passée, il avait dû rencontrer des femmes ; et pas seulement en tant que chevalier. Était-ce là la meilleure façon de rentrer dans les ordres ?
Il connaissait l'argent bien sur, et savait meme à quoi il sert, mais pour lui c'était une aberration dans les relations sociales. Dans les campagnes galloises, c'est à dire la majeure partie du pays, on ne s'en servait quasiment pas et on n'en avait guère besoin.
L’herbarium1, en particulier, était son royaume ; il l’avait constitué petit à petit, depuis quinze ans, en y ajoutant des plantes exotiques qu’il avait fait pousser avec amour, et récoltées au cours d’une jeunesse aventureuse qui l’avait amené jusqu’à Venise, Chypre et en Terre sainte. Cadfael était venu tard à la vie monastique, comme un bateau en péril trouve enfin un port tranquille. Il se rendait bien compte que pendant ses premières années de couvent, novices et frères lais se le montraient du doigt avec des murmures effarés.
— Vous voyez le moine là-bas dans le jardin ? Le type râblé avec sa démarche chaloupée de marin ? A priori, on ne dirait pas qu’il a fait la croisade quand il était jeune, pas vrai ? Il était avec Godefroi de Bouillon à la prise d’Antioche. Il commandait un vaisseau quand le roi de Jérusalem tenait toute la côte de Terre sainte et il a servi contre les pirates barbaresques pendant dix ans. Difficile à croire, hein ?
— Mon ami, affirma Cadfael, très sérieux, il y a autant d’hommes de bien hors des couvents qu’à l’intérieur, à dire vrai, tout comme il y a autant de justes hors de la chrétienté qu’à l’intérieur. En Terre sainte, j’ai connu des Sarrasins à qui j’aurais plus fait confiance qu’à des croisés, et qui étaient gens d’honneur, généreux et courtois.
Chapitre 6
Cette nuit, j’ai eu une vision miraculeuse, et je suis venu vous dire ce que la divine Providence m’a révélé. (...)
Il m’a semblé, père, que le mur de la chambre s’ouvrait et qu’une lumière étincelante apparaissait ; dans cette lumière une jeune vierge, très belle, s’est approchée du lit de notre frère, et elle m’a parlé. Elle m’a dit s’appeler Winifred, et qu’au pays de Galles il y a une source sacrée qui a jailli à l’endroit où elle a été martyrisée. Et elle a dit que si on baignait frère Columbanus dans cette eau, il guérirait sûrement. Puis elle a béni cette maison, et elle a disparu dans une grande lumière. Et je me suis éveillé.
Chapitre 1
Bien, bien ! dit Cadfael, ravi et un peu ridicule. La meilleure façon de bien profiter des enfants est de les avoir par procuration.